PARIS (AFP) - La descente de la brigade anti-stupéfiants (NAS) sur le Tour d'Italie cycliste, mercredi, remet brusquement en lumière le problème de l'application lors des prochains Jeux d'hiver de Turin de la loi italienne, beaucoup plus contraignante que la réglementation antidopage olympique.

La loi italienne autorise par exemple l'incarcération d'athlètes convaincus de dopage avant même tout jugement. Le Comité international olympique (CIO) est pour sa part partisan de mesures disciplinaires contre les athlètes fautifs mais souhaite que les mesures judiciaires visent en priorité les "dealers", qui sont responsables, et non les athlètes qui sont "victimes".

Mercredi, la NAS a saisi sur le Giro du matériel interdit en Italie auprès de l'équipe belge Davitamon, et mis sous séquestre un matériel permettant de recréer l'atmosphère en altitude (type tente hypobare) qui contrevient aux dispositions en vigueur en Italie mais qui n'est pas interdit par la réglementation internationale.

La police a également saisi du matériel de perfusion auprès du médecin de l'équipe espagnole Saunier Duval, qui participe elle aussi au Giro.

Divergences

"Ce type d'appareil n'est pas interdit par la réglementation internationale mais la loi italienne sur le dopage (sous réserve de décret d'application) exclut son utilisation", a tenu à préciser Angelo Zomegnan, le directeur du Giro.

L'appareil en question permet de s'entraîner dans des conditions simulées d'altitude. Il augmente considérablement les performances et est utilisé par l'équipe nationale suisse de ski, des cyclistes professionnels, des équipes de rameurs, des coureurs à pied, des joueurs de tennis, selon son distributeur.

Cette affaire permet de s'interroger sur ce qui se passera lors des JO de Turin (10-26 février 2006).

En février dernier, Jacques Rogge, président du CIO, affirmait lors d'une Commission exécutive du CIO à Turin, que la législation italienne sur le dopage serait adaptée pour les JO. "J'ai discuté avec le vice-président du Conseil italien Gianfranco Fini", disait Rogge à l'époque. "La législation italienne sera adaptée pour les JO pour respecter les normes olympiques".

A la question de savoir si le CIO accepterait la présence de la police dans le Village olympique, M. Rogge précisait: "Si une enquête nécessite la présence de la police sur les lieux, cela s'est déjà produit à Nagano, pourquoi pas? Simplement, le CIO ne veut pas que des athlètes soient emprisonnés, pour les dealers c'est une autre question".

Aujourd'hui tout semble remis en question. La législation italienne n'a pas été adaptée.

Vers un moratoire?

Mario Pescante, sous-secrétaire d'Etat italien chargé du Sport et "superviseur" des JO de Turin, a proposé jeudi la tenue d'un congrès international réunissant les organisations sportives et les autorités nationales pour harmoniser les règles sur le dopage.

"Moi, en tant que représentant du gouvernement italien, je dois faire respecter nos lois, mais en tant que personne du monde du sport je ne peux pas ne pas tenir compte du fait que pour l'Agence mondiale antidopage (AMA) les choses sont différentes", a-t-il dit dans une interview au quotidien Gazzetta dello Sport.

"J'ai dit à M. Rogge au cours de sa récente visite en Italie qu'il était impossible de modifier la loi italienne en vue des JO. Les entretiens que j'ai eus avec les autres forces politiques concernant la modification de la loi ont été négatifs. Maintenant, je me bats pour voir s'il est possible de parvenir à une sorte d'extra-territorialité ou un moratoire pour Turin", a assuré Mario Pescante, sans préciser davantage ses propos