La lutte au Qc, prête pour la grande ligue?
Lutte vendredi, 10 févr. 2012. 07:19 vendredi, 13 déc. 2024. 21:12
La chronique « Pat Laprade Live » est sans l'ombre d'un doute la chronique que j'ai écrite et qui a suscité le plus de réactions, tant positives que négatives. Deux constats en sont sortis: certains ne veulent tout simplement pas s'améliorer et la lutte québécoise n'est pas prête à se faire critiquer, même le plus constructivement possible.
De janvier 2011 à décembre 2011, j'ai assisté à une moyenne de plus d'un show de lutte par semaine, la majorité d'entre eux au Québec. Je me suis fait un devoir en 2011 de couvrir le territoire et d'aller voir ce qui se fait un peu partout dans nos salles de lutte. Bien que mon objectif premier était de voir toutes les promotions au moins une autre fois, la réalité en a été autre, mais j'étais quand même satisfait à la fin de l'année du nombre que j'avais vu. Mis à part les promotions que j'allais déjà voir, comme la NCW, NSPW, C*4 et CRW, j'ai assisté pour la première fois à un gala de la PCW, de la PWL, je suis retourné à la JCW pour la première fois en 5 ans, à la ICW pour la première fois en 2 ans et combien d'autres. J'ai vu du bon comme du mauvais. J'ai découvert des lutteurs qui auraient avantage à prendre ça au sérieux car ils ont un certain potentiel et j'en ai vu d'autres qui devraient plutôt penser à faire autre chose. J'ai vu des promoteurs qui savaient ce qu'ils faisaient et d'autres qui auraient de la difficulté à gérer un groupe de 3 personnes. Mais malgré cela, j'avais maintenant une meilleure connaissance de ce qui se faisait un peu partout en province, car depuis que j'avais arrêté de vendre mes Almanachs, j'avais moins prit le temps de faire le tour des promotions.
Ma chronique en est une qui est assez inhabituelle dans la lutte québécoise. On était habitué de lire sur les différents forums de discussions des critiques malhabiles, gratuites, « chialer pour chialer », qui ne rendait aucune des critiques crédibles et qui plus souvent qu'autrement, tournait au « bashage » inutile. À l'inverse, ceux qui auraient pu mieux verbaliser les reproches faits à l'un ou à l'autre s'abstenaient d'écrire sur ces forums ou n'y écrivaient que des commentaires positifs lorsque la situation s'y prêtait. Or, je tenais à faire quelque chose de différent, faire de la critique constructive, une critique basée sur des points, sur des bases, sur des principes, certes toujours basée sur mon opinion de la chose, mais non pas gratuite sans arguments. Une critique non biaisée, peu importe les amis que j'ai dans ce milieu ou les personnes qui sans être des amis, sont des connaissances de près de 10 ans. Bref, je voulais donner à la lutte québécoise l'ombre de ce que l'industrie pourrait avoir comme critiques si elle arrivait à se sortir de son état comateux des 20 dernières années. J'emploie le mot « ombre » car je ne suis ni Réjean Tremblay, ni Bertrand Raymond, ni Guy Émond, ni Jacques Beauchamps, ni Dave Meltzer et ni Phil Mushnick. Je n'ai ni le lectorat, ni l'influence que ces gens là ont ou ont eu sur leur discipline respective. Mais j'étais assez confiant en ce que je faisais et surtout curieux de voir et d'entendre les réactions des gens.
Et je dois dire que je fus servi. L'être humain étant ainsi fait, on amplifie toujours les mauvais commentaires pour laisser les bons de côtés. Lorsque quelqu'un revient de voyage, il va passer une heure à raconter ce qui a mal été, au point que tu penses que son voyage s'est mal déroulé, mais en bout de ligne, il finit toujours par dire qu'il a connu de superbes vacances. Alors sans tomber dans le même piège, je dirais que généralement, les réactions étaient bien plus positives que négatives. Pour la première fois, les fans m'arrêtaient dans des shows pour me demander si je faisais un « Pat Laprade Live » ce soir. Certains lutteurs venaient me voir en me posant la même question.
Est-ce que la lutte au Québec apprécie la critique?
Mais de ces 12 mois, j'en ai retenu deux choses : ceux qui désirent s'améliorer, ceux qui désirent avancer, vont apprendre de ces critiques et vont y réagir positivement. Pour avoir parlé à plusieurs lutteurs et lutteuses, mon opinion et mes critiques constructives étaient relativement bien reçues, on me donnait souvent raison et encore aujourd'hui, certains lutteurs vont me parler après un show ou m'envoyer un message texte après leur match pour savoir ce que j'en ai pensé. Je n'ai pas la prétention de penser que j'ai eu raison à chaque chronique que j'ai écrite, mais ma moyenne au bâton est plus que respectable et si j'ai réussi à travers ceci à faire en sorte qu'un seul lutteur s'améliore suite à l'une de mes analyses, bien je pourrai dire mission accomplie. Évidemment, comme il est souvent plus difficile de se faire critiquer et d'avouer publiquement ou même à l'auteur de la critique que ce dernier a raison, j'avais quand même des échos qui me laissaient savoir que la critique n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd.
L'autre constat, c'est celui que j'appréhendais dès le départ et c'est celui qui définit le mieux la lutte québécoise : la lutte au Québec n'est pas prête à ça. La lutte au Québec n'est pas prête à ça parce que trop de gens mélangent égo et passion, trop de gens pensent qu'ils sont bons quand les faits sont autres. Un booker d'une promotion m'avait dit durant l'année que c'était difficile gérer des lutteurs qui pensent tous être des 11/10 et qui ne veulent rien savoir des conseils des autres. La lutte québécoise n'est pas prête à se faire critiquer, même constructivement, parce qu'elle se voit plus haute qu'elle ne l'est vraiment. Et quand tu penses que tu es bon, que tes amis, ta blonde, ta famille, les gens autour de toi te répètent le même discours teinté de rose depuis des années et que tout à coup quelqu'un arrive et questionne ce talent, c'est dur à accepter pour certains. Mais ce qui m'atterre le plus, ce sont les gars qui ne devraient pas avoir d'égo, qui n'ont jamais rien fait dans cette business et qui s'insurgent devant une critique comme si je venais de leur dire la pire atrocité au monde. J'ai reçu des courriels de lutteurs qui ne le prenaient tellement pas qu'ils m'analysaient dans leur réponse au lieu de s'attarder sur les points que j'essayais de démontrer. Alors imaginez si ces gens là devaient faire face à des vraies crises publiques comme celle de Randy Cunneyworth par exemple. Imaginez si c'était un journaliste du Journal de Montréal qui critiquerait ouvertement un lutteur, un show, une promotion?
Le problème de la lutte au Québec
Le problème de la lutte au Québec n'est pas compliqué. Trop de lutteurs et de promoteurs prennent la lutte comme un loisir et de ce fait, ne jugent pas bon d'améliorer les choses, car de toute façon, ils ne sont pas payés, ne font pas de profits mais ne perdent pas d'argent et se contentent de ce qu'ils font et de ce qu'ils offrent. Mais la lutte professionnelle n'est pas ainsi faite. La lutte n'est pas un loisir comme un autre.
La problématique est que chaque promotion pense toujours en fonction d'elle-même et non pas du territoire. Quelqu'un m'a déjà crié haut et fort qu'il avait une telle passion pour la lutte et sa promotion qu'il prenait ça dur quand il lisait de mauvaises critiques. Et bien moi, ce n'est pas une promotion que je représente, c'est le territoire au complet. Quand j'écris que les DVD d'une promotion ont l'air « cheaps », je me fous de savoir de quelle promotion ils viennent, car ils représentent le territoire du Québec. Et le territoire du Québec n'est malheureusement pas comparable avec les meilleures promotions indys en Amérique du Nord. La seule promotion qui jouie d'une bonne reconnaissance et réputation à l'extérieur de la province c'est NCW Femmes Fatales. Même pas la NCW, mais uniquement son dérivé féminin. La plus belle preuve de ça est la quantité de DVDs vendus par Highspots où les DVD de Femmes Fatales se vendent comme des petits pains chauds, sauf un, Amzones et Titans, qui tire de la patte comparativement à ceux de Femmes Fatales uniquement. Et pour le reste, on est bien loin de ce qui se fait à la ROH, PWG, CHIKARA, Dragon Gate USA, Evolve et même CZW. Le territoire québécois n'a pas mauvaise réputation comme tel aux États-Unis ou dans le reste du Canada, il n'est juste pas connu, il n'a aucune réputation point. Alors quand je vois des produits qui peuvent servir à justement avoir une certaine exposure chez nos voisins du Sud être faite de façon maladroite, oui, ça m'insurge, car j'ai à cœur les intérêts du territoire dans son ensemble.
Quand je vais dans un show de lutte et que je vois un gala mal monté, avec de la mauvaise lutte, un décor affreux, je me demande toujours s'il y a de nouveaux fans dans la foule, qui voient ça et se demandent pourquoi ils ont perdu leur soirée et qui ne reviendront plus. Et je ne m'en insurge pas pour la promotion comme telle, mais bien pur le territoire, qui tente justement d'avoir plus de fans.
J'en entends certains déjà dire que ce n'est pas avec mes chroniques, souvent plus négatives et critiques que positives que je vais contribuer au retour des fans dans les salles de lutte. Mais ce n'est malheureusement pas mon rôle d'amener des nouveaux fans. C'est aux promotions à le faire. Le journaliste n'est pas là pour faire de la promotion, il est là pour rendre les faits, émettre une opinion ou faire un peu des deux. Mais il n'a pas à encenser une promotion ou un show qui ne mérite pas de l'être. Je ne me considère aucunement un journaliste, même si j'ai eu à occuper un rôle semblable à plusieurs occasions. Mais la fonction derrière est la même. En contrepartie, si mes articles ne sont pas toujours très positifs, je n'hésite pas à envoyer les nouvelles importantes aux journalistes américains. Ça ne donne pas plus de fans payants, mais ça permet au territoire de ne pas vivre dans un oubli planétaire total. Alors quand on regarde ça froidement, je finis par faire de la promotion quand même. Pour ce qui est de mettre des arrière-trains sur les chaises, c'est le rôle des promoteurs, pas le mien.
Parce qu'il ne faut pas prendre les gens pour dupes. Je pourrais bien écrire que la lutte au Québec va bien et que le show que je suis allé voir était extraordinaire, mais le fan qui va lire ça et qui va se présenter au show la semaine suivante (en prenant pour acquis que j'aie ce pouvoir chez les lecteurs, chose que je ne pense pas avoir), il va le voir de ses yeux que ce n'est pas le cas et que ce que j'ai écrit n'était pas la réalité mais plus une info-pub. C'est aux promotions à faire le nécessaire pour améliorer leur foule. Ceci dit, je ne sais pas combien et qui lit mes chroniques sur ce site, mais j'ai l'impression que la vaste majorité sont des gens déjà impliqués dans une promotion comme lutteurs ou autre, ou bien des fans qui suivent déjà une ou plusieurs promotions de lutte au Québec. Alors au lieu de chercher un coupable, les promotions auraient bien plus avantage à se regarder le nombril et a essayé de comprendre pourquoi ils attirent 30 personnes ou encore pire, pourquoi ils ont l'air de se contenter d'avoir toujours une foule de 80 personnes.
Les solutions ou plutôt la solution?
La solution à tout ça? Il n'y en a pas mille. Pour améliorer la qualité des shows, il faut diminuer le nombre de promotions. Trop de personnes luttent alors qu'ils devraient être encore à l'entraînement. Trop de lutteurs font des semi-finales et des finales alors qu'ils devraient être des jobbers de préliminaires. Trop de promotions risquent de donner une mauvaise image à de potentiels nouveaux fans. Car dites-vous bien que dans la mentalité du nouveau fan, s'il voit un mauvais show de lutte d'une promotion X, il ne se donnera pas la peine d'aller voir un show de la promotion Y, il va penser que la lutte au Québec, c'est une gang d'amateurs qui n'a rien à voir avec ce qu'il voit à la WWE ou ce qu'il a connu dans les années 80. Car ils sont là les nouveaux fans. Il faut soit ramener la vieille garde qui était là dans le temps des Rougeau, des Vachon, Leduc, Bravo, Martel et compagnie ou attirer ceux qui n'écoutent que la WWE et de temps en temps la TNA, à Spike ou RDS. Et encore là, ce n'est pas à Blondin et Grenier de faire la promotion de la lutte au Québec et même s'ils sont souvent critiqués pour leurs pitreries en ondes, ils n'influencent en rien le nombre d'amateurs dans les salles. Ils décrivent un produit américain et c'est tout. RDS ne veut tout simplement pas donner plus d'exposure qu'il faut à la lutte québécoise et a ses règles bien précises sur ce que les animateurs, incluant JF Kelly, peuvent et ne peuvent faire. Est-ce que je trouve ça dommage? Absolument. Mais en même c'est un argument de plus pour ceux qui pensent qu'on est bien loin d'un retour de la lutte locale à la télé.
Il y a trop de promotions, donc ça demande un nombre élevé de lutteurs qui ne sont pas nécessairement à leur place. De plus, il y a trop de promotions qui risquent de donner mauvaise réputation au territoire. En coupant le nombre de promotions, tu diminues le nombre de lutteurs, tu diminues les risques d'offrir un mauvais show et tu augmentes le potentiel d'avoir et surtout de retenir des nouveaux fans.
Le territoire divisé en 4
Le territoire devrait être divisé en quatre régions. Le grand Montréal, l'est du Québec, l'ouest du Québec et le sud du Québec. Quatre régions, quatre promotions. Quatre promotions avec au total 100-120 lutteurs maximum. Les 400 autres? À l'entraînement, car chaque région pourrait avoir son centre de formation, qui à l'instar des Loisirs St-Jean-Baptiste par exemple, pourrait produire des shows de temps à autre pour donner de l'expérience aux apprentis. Ces shows seraient vendus pour ce qu'ils sont et ne viendraient pas ternir l'image de la lutte.
Si on y va région par région, le grand Montréal est celui qui subirait les plus importantes coupures, car il faudrait amalgamer les promotions suivantes : NCW, ICW, CRW, CTW, PWL, NWC, FCW. L'est du Québec serait composé de la NSPW, PCW, FCL. Le sud aurait l'ALE, GEW, les promotions à Drummondville, St-Hyacinthe et Sorel. Finalement, l'ouest aurait C*4 et la MWF.
Et on ne parle pas de tournées, en tout cas pas pour débuter. On choisi un quartier ou une ville et on s'y installe. En temps et lieu, on pourra se promener, mais il faut stabiliser une clientèle fidèle avant tout chose, tout en faisait de la publicité dans les autres villes quand même. Il faut que le show de lutte devienne un happening. Quand Sherbrooke va revenir dans la LHJMQ l'an prochain, je suis persuadé que des fans de Granby vont se déplacer. Et pourtant l'équipe ne jouera pas à Granby pour autant. C'est un peu le même principe ici.
Quatre promotions, ça demande aussi quatre promoteurs, quatre bookers, 12-15 arbitres, quatre annonceurs, ce serait un réaménagement énorme, comme peu d'industries du divertissement ont subi dans leur carrière, mais il s'agit d'un mal nécessaire pour permettre aux gens de reconstruire sur des bases solides et nouvelles.
De l'utopie?
Avouez que ça a l'air d'un beau projet? Et c'est un projet auquel je croirais fortement. Mais malheureusement, c'est un projet irréalisable. Ce projet demande à 20 promotions de lutte de fermer boutique, sans avoir aucune compensation financière. Ce projet demande à 400 lutteurs ou personnes jouant un rôle de lutteur d'arrêter de performer sans avoir une garantie de retour et surtout, sans pouvoir s'ouvrir leur propre promotion de lutte. Ce projet en fait, demande un organisme qui chapeauterait tout ça, qui s'assurerait que le tout se déroule selon les règles, une genre de police de la lutte. Mais pour qu'il y a des règles et surtout pour que ces règles ne puissent pas être dérogées, il faut plus qu'un organisme, il faut une loi qui protège les droits et pouvoirs de cet organisme. Pour qu'il y ait une loi, il faut que le gouvernement en fasse voter une, sous la forme d'une commission, d'une association, d'un comité paritaire peut-être. Mais est-ce que c'est une priorité pour le gouvernement, qui verrait ça comme une autre dépense? La réponse est aussi évidente que négative. Alors pourquoi ne pas revenir au sein de la Régie des Sports, avec des règles propres à la lutte professionnelle et non pas les règles de la boxe ou du MMA adaptées à la lutte professionnelle? Parce que c'est maintenant connu, la lutte professionnelle n'est pas un sport, mais bien un spectacle. L'Union des Artistes alors? Peut-être. Il faudrait voir si un comité de surveillance peut être mis en place. Mais tout ceci nécessite du temps et de l'argent et le problème il est aussi à ce niveau.
Il faut se regarder dans le miroir
Tant et aussi longtemps que le territoire sera divisé ainsi, tant et aussi longtemps qu'aucun richissime ne voudra investir des centaines de milliers de dollars et ainsi forcer la note à certains promoteurs ou certains lutteurs, tant que les réseaux de télévision verront la lutte au Québec comme une activité produite par des amateurs, la lutte au Québec gardera son statut quo. Contrairement à certaines personnes, je ne pense pas qu'elle va mourir, mais elle n'avancera pas non plus.
Mais le plus triste là-dedans, c'est de penser que pour beaucoup de gens impliqués dans la lutte au Québec, lutteurs, staff, promoteurs, etc, le problème se résume dans le paragraphe précédent. Alors pour toutes ces personnes, voici un paragraphe mieux adapté à la réalité de la lutte québécoise d'aujourd'hui.
Tant et aussi longtemps que le territoire sera divisé ainsi, tant et aussi longtemps qu'aucun richissime ne voudra investir des centaines de milliers de dollars et ainsi forcer la note à certains promoteurs ou certains lutteurs, tant que les réseaux de télévision verront la lutte au Québec comme une activité produite par des amateurs, tant que les promoteurs croiront tous qu'ils produisent le meilleur show en ville, tant que les promoteurs continueront de voir leur produit avec des lunettes teintées roses, tant que les promoteurs se contenteront de ce qu'ils ont, tant que les promoteurs mettront dans le ring des gars pas encore prêt, tant que les promoteurs croiront être prêts pour la télévision, tant que les lutteurs continueront à penser qu'ils sont tous des superstars parce que 80 personnes les applaudissent, tant que les lutteurs penseront qu'ils n'ont rien à apprendre de collègues qui ont voyagé à travers le monde, tant que les lutteurs continueront à être mal entraîné, tant que les lutteurs penseront que ce qu'ils font, ils le font toujours correctement, tant que les lutteurs vont penser qu'il est plus important d'avoir un pop quand leur toune part au détriment de savoir vraiment lutter, tant que les lutteurs et les promoteurs vont continuer à voir ça comme un loisir, une activité à but non lucrative ou un jeu, la lutte au Québec gardera son statut quo.
Est-ce que je vise tout le monde? Absolument pas. Si le chapeau vous fait, mettez-le. Encore plus important, si vous connaissez des gens à qui le chapeau fait, dites-leur.
L'autre option? Des gens qui ne vivent, mangent et respirent que par la doctrine de Mark Twain, « ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait ».
La lutte au Québec a réussi dans les 10 dernières années à sortir de son milieu des personnes qui avaient une bonne tête sur les épaules, un talent indéniable pour y faire partie, une connaissance de la lutte hors pair et qui avaient, à un moment donné dans leur vie, une passion, le cœur nécessaire pour y connaître du succès et réussir l'impossible. Des personnes qui avaient chacun à leur façon un talent leur permettant d'avoir leur place. Les Patrick Lono, Bertrand Hébert, Steve Charette, Philippe Leclair, Hugo Roy, François Poirier, Manny Eleftheriou, Michael Ryan, Nicolas Brouillette, Fred Lauzon ont tous fini par être écœuré de la lutte, au point de quitter, de diminuer ou d'avoir une attitude plus détachée envers l'industrie. À cette liste, combien d'anciens lutteurs s'en sont approchés et sont aussi vites repartis? Combien de fans? Combien de personnes bien placées pour la relancer?
Messieurs, mesdames, la prochaine étape n'est pas la télévision. La prochaine étape n'est pas de penser à un réaménagement massif. La prochaine étape est de tous et chacun vous regarder dans un miroir, pas le genre qui embellit l'image qui y est reflétée, mais le genre qui te permet de voir toutes tes rides le matin quand tu te lèves, et de faire en sorte que votre industrie se relève de son coma. Il n'y a personne d'impliqué là-dedans qui n'aimerait pas produire des shows devant 1000 personnes, qui n'aimerait pas produire des shows dans des arénas, qui n'aimerait pas avoir une couverture médiatique plus importante. Mais en l'absence de tout ça, le sort de ce divertissement-sportif vous appartient. Libre à vous d'en faire ce que vous voulez. Libre à moi de noter et d'écrire ce que vous devriez faire!
Un changement pour 2012
Les chroniques « Pat Laprade Live » laisseront leur place en 2012 aux « Manchettes Lutte.Com ». Les manchettes couvriront ce qui se passe avec les Québécois dans la lutte professionnelle. Que ce soit Ronnie Garvin qui participe à un show de légendes, Kevin Steen ou El Generico aux États-Unis ou LuFisto au Mexique, j'en parlerai. Bien entendu je vais continuer de couvrir la lutte au Québec, mais mes analyses seront plus concises et différentes également. C'est d'ailleurs la raison que je n'ai rien écrit depuis le début de l'année, j'en étais à travailler sur ce concept et sur les prix de l'année que je vous invite à consulter le site www.lutte.com pour les prix de l'année dans le monde de la lutte au Québec et les nouveaux intronisés au Temple de la Renommée.
Si vous avez des questions ou commentaires, n'hésitez pas à communiquer avec moi au patric_laprade@videotron.ca, via les réseaux sociaux au http://www.facebook.com/patlaprade et http://www.twitter.com/patlaprade.
De janvier 2011 à décembre 2011, j'ai assisté à une moyenne de plus d'un show de lutte par semaine, la majorité d'entre eux au Québec. Je me suis fait un devoir en 2011 de couvrir le territoire et d'aller voir ce qui se fait un peu partout dans nos salles de lutte. Bien que mon objectif premier était de voir toutes les promotions au moins une autre fois, la réalité en a été autre, mais j'étais quand même satisfait à la fin de l'année du nombre que j'avais vu. Mis à part les promotions que j'allais déjà voir, comme la NCW, NSPW, C*4 et CRW, j'ai assisté pour la première fois à un gala de la PCW, de la PWL, je suis retourné à la JCW pour la première fois en 5 ans, à la ICW pour la première fois en 2 ans et combien d'autres. J'ai vu du bon comme du mauvais. J'ai découvert des lutteurs qui auraient avantage à prendre ça au sérieux car ils ont un certain potentiel et j'en ai vu d'autres qui devraient plutôt penser à faire autre chose. J'ai vu des promoteurs qui savaient ce qu'ils faisaient et d'autres qui auraient de la difficulté à gérer un groupe de 3 personnes. Mais malgré cela, j'avais maintenant une meilleure connaissance de ce qui se faisait un peu partout en province, car depuis que j'avais arrêté de vendre mes Almanachs, j'avais moins prit le temps de faire le tour des promotions.
Ma chronique en est une qui est assez inhabituelle dans la lutte québécoise. On était habitué de lire sur les différents forums de discussions des critiques malhabiles, gratuites, « chialer pour chialer », qui ne rendait aucune des critiques crédibles et qui plus souvent qu'autrement, tournait au « bashage » inutile. À l'inverse, ceux qui auraient pu mieux verbaliser les reproches faits à l'un ou à l'autre s'abstenaient d'écrire sur ces forums ou n'y écrivaient que des commentaires positifs lorsque la situation s'y prêtait. Or, je tenais à faire quelque chose de différent, faire de la critique constructive, une critique basée sur des points, sur des bases, sur des principes, certes toujours basée sur mon opinion de la chose, mais non pas gratuite sans arguments. Une critique non biaisée, peu importe les amis que j'ai dans ce milieu ou les personnes qui sans être des amis, sont des connaissances de près de 10 ans. Bref, je voulais donner à la lutte québécoise l'ombre de ce que l'industrie pourrait avoir comme critiques si elle arrivait à se sortir de son état comateux des 20 dernières années. J'emploie le mot « ombre » car je ne suis ni Réjean Tremblay, ni Bertrand Raymond, ni Guy Émond, ni Jacques Beauchamps, ni Dave Meltzer et ni Phil Mushnick. Je n'ai ni le lectorat, ni l'influence que ces gens là ont ou ont eu sur leur discipline respective. Mais j'étais assez confiant en ce que je faisais et surtout curieux de voir et d'entendre les réactions des gens.
Et je dois dire que je fus servi. L'être humain étant ainsi fait, on amplifie toujours les mauvais commentaires pour laisser les bons de côtés. Lorsque quelqu'un revient de voyage, il va passer une heure à raconter ce qui a mal été, au point que tu penses que son voyage s'est mal déroulé, mais en bout de ligne, il finit toujours par dire qu'il a connu de superbes vacances. Alors sans tomber dans le même piège, je dirais que généralement, les réactions étaient bien plus positives que négatives. Pour la première fois, les fans m'arrêtaient dans des shows pour me demander si je faisais un « Pat Laprade Live » ce soir. Certains lutteurs venaient me voir en me posant la même question.
Est-ce que la lutte au Québec apprécie la critique?
Mais de ces 12 mois, j'en ai retenu deux choses : ceux qui désirent s'améliorer, ceux qui désirent avancer, vont apprendre de ces critiques et vont y réagir positivement. Pour avoir parlé à plusieurs lutteurs et lutteuses, mon opinion et mes critiques constructives étaient relativement bien reçues, on me donnait souvent raison et encore aujourd'hui, certains lutteurs vont me parler après un show ou m'envoyer un message texte après leur match pour savoir ce que j'en ai pensé. Je n'ai pas la prétention de penser que j'ai eu raison à chaque chronique que j'ai écrite, mais ma moyenne au bâton est plus que respectable et si j'ai réussi à travers ceci à faire en sorte qu'un seul lutteur s'améliore suite à l'une de mes analyses, bien je pourrai dire mission accomplie. Évidemment, comme il est souvent plus difficile de se faire critiquer et d'avouer publiquement ou même à l'auteur de la critique que ce dernier a raison, j'avais quand même des échos qui me laissaient savoir que la critique n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd.
L'autre constat, c'est celui que j'appréhendais dès le départ et c'est celui qui définit le mieux la lutte québécoise : la lutte au Québec n'est pas prête à ça. La lutte au Québec n'est pas prête à ça parce que trop de gens mélangent égo et passion, trop de gens pensent qu'ils sont bons quand les faits sont autres. Un booker d'une promotion m'avait dit durant l'année que c'était difficile gérer des lutteurs qui pensent tous être des 11/10 et qui ne veulent rien savoir des conseils des autres. La lutte québécoise n'est pas prête à se faire critiquer, même constructivement, parce qu'elle se voit plus haute qu'elle ne l'est vraiment. Et quand tu penses que tu es bon, que tes amis, ta blonde, ta famille, les gens autour de toi te répètent le même discours teinté de rose depuis des années et que tout à coup quelqu'un arrive et questionne ce talent, c'est dur à accepter pour certains. Mais ce qui m'atterre le plus, ce sont les gars qui ne devraient pas avoir d'égo, qui n'ont jamais rien fait dans cette business et qui s'insurgent devant une critique comme si je venais de leur dire la pire atrocité au monde. J'ai reçu des courriels de lutteurs qui ne le prenaient tellement pas qu'ils m'analysaient dans leur réponse au lieu de s'attarder sur les points que j'essayais de démontrer. Alors imaginez si ces gens là devaient faire face à des vraies crises publiques comme celle de Randy Cunneyworth par exemple. Imaginez si c'était un journaliste du Journal de Montréal qui critiquerait ouvertement un lutteur, un show, une promotion?
Le problème de la lutte au Québec
Le problème de la lutte au Québec n'est pas compliqué. Trop de lutteurs et de promoteurs prennent la lutte comme un loisir et de ce fait, ne jugent pas bon d'améliorer les choses, car de toute façon, ils ne sont pas payés, ne font pas de profits mais ne perdent pas d'argent et se contentent de ce qu'ils font et de ce qu'ils offrent. Mais la lutte professionnelle n'est pas ainsi faite. La lutte n'est pas un loisir comme un autre.
La problématique est que chaque promotion pense toujours en fonction d'elle-même et non pas du territoire. Quelqu'un m'a déjà crié haut et fort qu'il avait une telle passion pour la lutte et sa promotion qu'il prenait ça dur quand il lisait de mauvaises critiques. Et bien moi, ce n'est pas une promotion que je représente, c'est le territoire au complet. Quand j'écris que les DVD d'une promotion ont l'air « cheaps », je me fous de savoir de quelle promotion ils viennent, car ils représentent le territoire du Québec. Et le territoire du Québec n'est malheureusement pas comparable avec les meilleures promotions indys en Amérique du Nord. La seule promotion qui jouie d'une bonne reconnaissance et réputation à l'extérieur de la province c'est NCW Femmes Fatales. Même pas la NCW, mais uniquement son dérivé féminin. La plus belle preuve de ça est la quantité de DVDs vendus par Highspots où les DVD de Femmes Fatales se vendent comme des petits pains chauds, sauf un, Amzones et Titans, qui tire de la patte comparativement à ceux de Femmes Fatales uniquement. Et pour le reste, on est bien loin de ce qui se fait à la ROH, PWG, CHIKARA, Dragon Gate USA, Evolve et même CZW. Le territoire québécois n'a pas mauvaise réputation comme tel aux États-Unis ou dans le reste du Canada, il n'est juste pas connu, il n'a aucune réputation point. Alors quand je vois des produits qui peuvent servir à justement avoir une certaine exposure chez nos voisins du Sud être faite de façon maladroite, oui, ça m'insurge, car j'ai à cœur les intérêts du territoire dans son ensemble.
Quand je vais dans un show de lutte et que je vois un gala mal monté, avec de la mauvaise lutte, un décor affreux, je me demande toujours s'il y a de nouveaux fans dans la foule, qui voient ça et se demandent pourquoi ils ont perdu leur soirée et qui ne reviendront plus. Et je ne m'en insurge pas pour la promotion comme telle, mais bien pur le territoire, qui tente justement d'avoir plus de fans.
J'en entends certains déjà dire que ce n'est pas avec mes chroniques, souvent plus négatives et critiques que positives que je vais contribuer au retour des fans dans les salles de lutte. Mais ce n'est malheureusement pas mon rôle d'amener des nouveaux fans. C'est aux promotions à le faire. Le journaliste n'est pas là pour faire de la promotion, il est là pour rendre les faits, émettre une opinion ou faire un peu des deux. Mais il n'a pas à encenser une promotion ou un show qui ne mérite pas de l'être. Je ne me considère aucunement un journaliste, même si j'ai eu à occuper un rôle semblable à plusieurs occasions. Mais la fonction derrière est la même. En contrepartie, si mes articles ne sont pas toujours très positifs, je n'hésite pas à envoyer les nouvelles importantes aux journalistes américains. Ça ne donne pas plus de fans payants, mais ça permet au territoire de ne pas vivre dans un oubli planétaire total. Alors quand on regarde ça froidement, je finis par faire de la promotion quand même. Pour ce qui est de mettre des arrière-trains sur les chaises, c'est le rôle des promoteurs, pas le mien.
Parce qu'il ne faut pas prendre les gens pour dupes. Je pourrais bien écrire que la lutte au Québec va bien et que le show que je suis allé voir était extraordinaire, mais le fan qui va lire ça et qui va se présenter au show la semaine suivante (en prenant pour acquis que j'aie ce pouvoir chez les lecteurs, chose que je ne pense pas avoir), il va le voir de ses yeux que ce n'est pas le cas et que ce que j'ai écrit n'était pas la réalité mais plus une info-pub. C'est aux promotions à faire le nécessaire pour améliorer leur foule. Ceci dit, je ne sais pas combien et qui lit mes chroniques sur ce site, mais j'ai l'impression que la vaste majorité sont des gens déjà impliqués dans une promotion comme lutteurs ou autre, ou bien des fans qui suivent déjà une ou plusieurs promotions de lutte au Québec. Alors au lieu de chercher un coupable, les promotions auraient bien plus avantage à se regarder le nombril et a essayé de comprendre pourquoi ils attirent 30 personnes ou encore pire, pourquoi ils ont l'air de se contenter d'avoir toujours une foule de 80 personnes.
Les solutions ou plutôt la solution?
La solution à tout ça? Il n'y en a pas mille. Pour améliorer la qualité des shows, il faut diminuer le nombre de promotions. Trop de personnes luttent alors qu'ils devraient être encore à l'entraînement. Trop de lutteurs font des semi-finales et des finales alors qu'ils devraient être des jobbers de préliminaires. Trop de promotions risquent de donner une mauvaise image à de potentiels nouveaux fans. Car dites-vous bien que dans la mentalité du nouveau fan, s'il voit un mauvais show de lutte d'une promotion X, il ne se donnera pas la peine d'aller voir un show de la promotion Y, il va penser que la lutte au Québec, c'est une gang d'amateurs qui n'a rien à voir avec ce qu'il voit à la WWE ou ce qu'il a connu dans les années 80. Car ils sont là les nouveaux fans. Il faut soit ramener la vieille garde qui était là dans le temps des Rougeau, des Vachon, Leduc, Bravo, Martel et compagnie ou attirer ceux qui n'écoutent que la WWE et de temps en temps la TNA, à Spike ou RDS. Et encore là, ce n'est pas à Blondin et Grenier de faire la promotion de la lutte au Québec et même s'ils sont souvent critiqués pour leurs pitreries en ondes, ils n'influencent en rien le nombre d'amateurs dans les salles. Ils décrivent un produit américain et c'est tout. RDS ne veut tout simplement pas donner plus d'exposure qu'il faut à la lutte québécoise et a ses règles bien précises sur ce que les animateurs, incluant JF Kelly, peuvent et ne peuvent faire. Est-ce que je trouve ça dommage? Absolument. Mais en même c'est un argument de plus pour ceux qui pensent qu'on est bien loin d'un retour de la lutte locale à la télé.
Il y a trop de promotions, donc ça demande un nombre élevé de lutteurs qui ne sont pas nécessairement à leur place. De plus, il y a trop de promotions qui risquent de donner mauvaise réputation au territoire. En coupant le nombre de promotions, tu diminues le nombre de lutteurs, tu diminues les risques d'offrir un mauvais show et tu augmentes le potentiel d'avoir et surtout de retenir des nouveaux fans.
Le territoire divisé en 4
Le territoire devrait être divisé en quatre régions. Le grand Montréal, l'est du Québec, l'ouest du Québec et le sud du Québec. Quatre régions, quatre promotions. Quatre promotions avec au total 100-120 lutteurs maximum. Les 400 autres? À l'entraînement, car chaque région pourrait avoir son centre de formation, qui à l'instar des Loisirs St-Jean-Baptiste par exemple, pourrait produire des shows de temps à autre pour donner de l'expérience aux apprentis. Ces shows seraient vendus pour ce qu'ils sont et ne viendraient pas ternir l'image de la lutte.
Si on y va région par région, le grand Montréal est celui qui subirait les plus importantes coupures, car il faudrait amalgamer les promotions suivantes : NCW, ICW, CRW, CTW, PWL, NWC, FCW. L'est du Québec serait composé de la NSPW, PCW, FCL. Le sud aurait l'ALE, GEW, les promotions à Drummondville, St-Hyacinthe et Sorel. Finalement, l'ouest aurait C*4 et la MWF.
Et on ne parle pas de tournées, en tout cas pas pour débuter. On choisi un quartier ou une ville et on s'y installe. En temps et lieu, on pourra se promener, mais il faut stabiliser une clientèle fidèle avant tout chose, tout en faisait de la publicité dans les autres villes quand même. Il faut que le show de lutte devienne un happening. Quand Sherbrooke va revenir dans la LHJMQ l'an prochain, je suis persuadé que des fans de Granby vont se déplacer. Et pourtant l'équipe ne jouera pas à Granby pour autant. C'est un peu le même principe ici.
Quatre promotions, ça demande aussi quatre promoteurs, quatre bookers, 12-15 arbitres, quatre annonceurs, ce serait un réaménagement énorme, comme peu d'industries du divertissement ont subi dans leur carrière, mais il s'agit d'un mal nécessaire pour permettre aux gens de reconstruire sur des bases solides et nouvelles.
De l'utopie?
Avouez que ça a l'air d'un beau projet? Et c'est un projet auquel je croirais fortement. Mais malheureusement, c'est un projet irréalisable. Ce projet demande à 20 promotions de lutte de fermer boutique, sans avoir aucune compensation financière. Ce projet demande à 400 lutteurs ou personnes jouant un rôle de lutteur d'arrêter de performer sans avoir une garantie de retour et surtout, sans pouvoir s'ouvrir leur propre promotion de lutte. Ce projet en fait, demande un organisme qui chapeauterait tout ça, qui s'assurerait que le tout se déroule selon les règles, une genre de police de la lutte. Mais pour qu'il y a des règles et surtout pour que ces règles ne puissent pas être dérogées, il faut plus qu'un organisme, il faut une loi qui protège les droits et pouvoirs de cet organisme. Pour qu'il y ait une loi, il faut que le gouvernement en fasse voter une, sous la forme d'une commission, d'une association, d'un comité paritaire peut-être. Mais est-ce que c'est une priorité pour le gouvernement, qui verrait ça comme une autre dépense? La réponse est aussi évidente que négative. Alors pourquoi ne pas revenir au sein de la Régie des Sports, avec des règles propres à la lutte professionnelle et non pas les règles de la boxe ou du MMA adaptées à la lutte professionnelle? Parce que c'est maintenant connu, la lutte professionnelle n'est pas un sport, mais bien un spectacle. L'Union des Artistes alors? Peut-être. Il faudrait voir si un comité de surveillance peut être mis en place. Mais tout ceci nécessite du temps et de l'argent et le problème il est aussi à ce niveau.
Il faut se regarder dans le miroir
Tant et aussi longtemps que le territoire sera divisé ainsi, tant et aussi longtemps qu'aucun richissime ne voudra investir des centaines de milliers de dollars et ainsi forcer la note à certains promoteurs ou certains lutteurs, tant que les réseaux de télévision verront la lutte au Québec comme une activité produite par des amateurs, la lutte au Québec gardera son statut quo. Contrairement à certaines personnes, je ne pense pas qu'elle va mourir, mais elle n'avancera pas non plus.
Mais le plus triste là-dedans, c'est de penser que pour beaucoup de gens impliqués dans la lutte au Québec, lutteurs, staff, promoteurs, etc, le problème se résume dans le paragraphe précédent. Alors pour toutes ces personnes, voici un paragraphe mieux adapté à la réalité de la lutte québécoise d'aujourd'hui.
Tant et aussi longtemps que le territoire sera divisé ainsi, tant et aussi longtemps qu'aucun richissime ne voudra investir des centaines de milliers de dollars et ainsi forcer la note à certains promoteurs ou certains lutteurs, tant que les réseaux de télévision verront la lutte au Québec comme une activité produite par des amateurs, tant que les promoteurs croiront tous qu'ils produisent le meilleur show en ville, tant que les promoteurs continueront de voir leur produit avec des lunettes teintées roses, tant que les promoteurs se contenteront de ce qu'ils ont, tant que les promoteurs mettront dans le ring des gars pas encore prêt, tant que les promoteurs croiront être prêts pour la télévision, tant que les lutteurs continueront à penser qu'ils sont tous des superstars parce que 80 personnes les applaudissent, tant que les lutteurs penseront qu'ils n'ont rien à apprendre de collègues qui ont voyagé à travers le monde, tant que les lutteurs continueront à être mal entraîné, tant que les lutteurs penseront que ce qu'ils font, ils le font toujours correctement, tant que les lutteurs vont penser qu'il est plus important d'avoir un pop quand leur toune part au détriment de savoir vraiment lutter, tant que les lutteurs et les promoteurs vont continuer à voir ça comme un loisir, une activité à but non lucrative ou un jeu, la lutte au Québec gardera son statut quo.
Est-ce que je vise tout le monde? Absolument pas. Si le chapeau vous fait, mettez-le. Encore plus important, si vous connaissez des gens à qui le chapeau fait, dites-leur.
L'autre option? Des gens qui ne vivent, mangent et respirent que par la doctrine de Mark Twain, « ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait ».
La lutte au Québec a réussi dans les 10 dernières années à sortir de son milieu des personnes qui avaient une bonne tête sur les épaules, un talent indéniable pour y faire partie, une connaissance de la lutte hors pair et qui avaient, à un moment donné dans leur vie, une passion, le cœur nécessaire pour y connaître du succès et réussir l'impossible. Des personnes qui avaient chacun à leur façon un talent leur permettant d'avoir leur place. Les Patrick Lono, Bertrand Hébert, Steve Charette, Philippe Leclair, Hugo Roy, François Poirier, Manny Eleftheriou, Michael Ryan, Nicolas Brouillette, Fred Lauzon ont tous fini par être écœuré de la lutte, au point de quitter, de diminuer ou d'avoir une attitude plus détachée envers l'industrie. À cette liste, combien d'anciens lutteurs s'en sont approchés et sont aussi vites repartis? Combien de fans? Combien de personnes bien placées pour la relancer?
Messieurs, mesdames, la prochaine étape n'est pas la télévision. La prochaine étape n'est pas de penser à un réaménagement massif. La prochaine étape est de tous et chacun vous regarder dans un miroir, pas le genre qui embellit l'image qui y est reflétée, mais le genre qui te permet de voir toutes tes rides le matin quand tu te lèves, et de faire en sorte que votre industrie se relève de son coma. Il n'y a personne d'impliqué là-dedans qui n'aimerait pas produire des shows devant 1000 personnes, qui n'aimerait pas produire des shows dans des arénas, qui n'aimerait pas avoir une couverture médiatique plus importante. Mais en l'absence de tout ça, le sort de ce divertissement-sportif vous appartient. Libre à vous d'en faire ce que vous voulez. Libre à moi de noter et d'écrire ce que vous devriez faire!
Un changement pour 2012
Les chroniques « Pat Laprade Live » laisseront leur place en 2012 aux « Manchettes Lutte.Com ». Les manchettes couvriront ce qui se passe avec les Québécois dans la lutte professionnelle. Que ce soit Ronnie Garvin qui participe à un show de légendes, Kevin Steen ou El Generico aux États-Unis ou LuFisto au Mexique, j'en parlerai. Bien entendu je vais continuer de couvrir la lutte au Québec, mais mes analyses seront plus concises et différentes également. C'est d'ailleurs la raison que je n'ai rien écrit depuis le début de l'année, j'en étais à travailler sur ce concept et sur les prix de l'année que je vous invite à consulter le site www.lutte.com pour les prix de l'année dans le monde de la lutte au Québec et les nouveaux intronisés au Temple de la Renommée.
Si vous avez des questions ou commentaires, n'hésitez pas à communiquer avec moi au patric_laprade@videotron.ca, via les réseaux sociaux au http://www.facebook.com/patlaprade et http://www.twitter.com/patlaprade.