Pat Laprade Live - CRW et Lutte Qc vs MMA Qc
Lutte mercredi, 13 avr. 2011. 13:34 jeudi, 12 déc. 2024. 12:41
Qui est le mieux nanti localement en 2011 ? La lutte ou le MMA ? Je me suis lancé dans une analyse comparative des deux produits qui nous sont offerts par des promotions québécoises et les résultats sont forts intéressants. De plus, vous pourrez lire mon analyse de ma dernière visite à la CRW.
CRW - 10 avril 2011 - Montréal, Qc
Ça faisait un moment que je n'avais été voir un gala de la CRW, ayant manqué leur plus gros gala à vie avec la présence de Colt Cabana, Kevin Steen Sylvain Grenier, El Generico, Darkko et Dru Onyx. La CRW fait d'ailleurs beaucoup d'efforts pour présenter des lutteurs de qualité. Avec des réguliers comme Sexxxy Eddy, Mathieu St-Jacques, Thomas Dubois, Chris Cruze, Darkko et avec la présence semi-régulière des Steen, Grenier, Generico, Onyx et autres, ils ont l'un des bons alignements au Québec. Selon mes sources, on devrait même être en mesure de voir un certain lutteur mexicain plus souvent à la CRW, ce qui est une très bonne nouvelle.
Du gala de dimanche, trois éléments ont marqué mon attention.
Un pari à la Vince Russo
Avant leur combat, Sexxxy Eddy et Dru Onyx font une longue promo où en bout de ligne, Eddy lance un pari à Onyx : si Onyx parle durant le combat, s'il dit un seul mot, il devra remettre sa paye à Eddy. Eddy a vendu ça en disant que Onyx, un gars comme on le sait qui ne se gêne pas pour verbaliser ses émotions dans un match, était un gars à argent et que ce serait une grosse punition pour lui de donner sa paye. Je n'embarquerai même pas dans la notion que Onyx n'aura pas un gros montant d'argent à donner à Eddy car ça les fans ne le savent peut-être pas. Il s'en trouve sûrement qui pensent que Onyx gagne 500$ par match! Par contre, je me questionne sur la pertinence d'un tel pari pour ces mêmes fans. Je comprends l'idée que Dru est « all about money », mais en même temps, tu as deux Juifs (Paul Rosenberg et Pat Skillz) sur le show qui justement par leur nationalité sont reconnus pour être des gars à argent, alors pourquoi en ajouter avec Onyx? De plus, ça donne l'idée saugrenue que les gars sont juste là pour l'argent et non pas pour gagner un titre ou battre leur adversaire. Car il ne faut pas se leurrer, l'enjeu du match n'était plus la victoire ou l'ascension vers le sommet, mais bien la paye de Onyx.
Mais ce que j'aimerais comprendre, c'est que dans cet angle là, où les fans sont-ils gagnants? Parce que vous vous en doutez sûrement, Onyx a fini par parler et il a fini par gagner quand même! Alors qu'est-ce que les fans ont eu de tout ça. Ce genre de pari, car ce n'était pas une stipulation (parler ne faisait pas perdre le match à Onyx et je me demande encore pourquoi l'arbitre du combat a réagit quand celui-ci a parlé), est complètement inutile. Si tu paris des parts dans la compagnie et que suite à ça le heel ou le babyface contrôle le show, ça c'est palpable, les fans vont être concernés. Si tu paris que le perdant va s'habiller en femme et qu'évidemment le heel perd, là les fans vont être content. Mais dans ce cas ci, non seulement gagner ou perdre n'avait rien à voir avec le pari, donc on enlevait le focus sur le véritable enjeu du match, mais les fans ne verront jamais le « payoff » de ce pari. À la fin du match, Onyx n'a pas donné d'argent à Eddy. Aucune promo ne sera tournée en ce sens non plus. Et même si c'était le cas, pourquoi les fans seraient intéressés et surtout pourquoi ils réagiraient de voir Onyx donner de l'argent ou une enveloppe à Eddy? Si au moins, à cause qu'il s'est mit à parler, Onyx aurait gagné son combat, à tout le moins les fans auraient eu un bonbon, mais non, Onyx a perdu un pari que les fans ne verront jamais le résultat final et a gagné le match. Je me suis demandé après ce segment si Vince Russo n'était pas backstage dimanche à la CRW!!
Chris Cruze & Johnny Jack Spade, une équipe avec du potentiel
J'ai bien aimé voir Cruze et JJS travailler en équipe. Ce sont deux gars qui se connaissent depuis longtemps (les deux ont commencé avec Rougeau) et ça paraissait car ils avaient une belle complicité. Je ne me souviens plus s'ils avaient fait équipe ou non à leurs débuts avec la MWF, alors qu'il y avait un clan appelé « Rougeau's Revolution », mais quand même, les deux sont plus connus pour leur match en simple qu'en équipe. Ils ont tous les deux un look qui se ressemblent (ils ne se ressemblent pas physiquement, mais au niveau de leur costume de lutte), à peu près la même grandeur, la même stature et sensiblement le même style de lutte. Je pense sincèrement qu'ils auraient un bel avenir s'ils décidaient de se concentrer à lutter en équipe. Regarder le résultat que ça a donné pour Steen et Generico. Les deux luttent régulièrement, les deux prennent ça au sérieux (en allant entre autres aux séminaires de Steen), ils parlent anglais et français et je crois que le potentiel est énorme. Ils pourraient facilement devenir l'une des meilleures équipes au Québec, dans la lignée des Super Smash Bros, Adrenaline Rush et Reality Check. J'aimerais bien les voir travaillé justement contre SSB, 2.0, Highlight Reel ou Pure Talent. Ça pourrait aussi être leur billet d'entrée pour une promotion comme la NCW, C*4 et ça pourrait leur permettre de lutter régulier à la NSPW. Pas que je pense qu'ils ne sont pas de bons lutteurs en simple, je vois simplement plus d'argent en eux en équipe. Avec un peu plus d'expérience et des manœuvres communes, j'aimerais bien les voir contre les Briscoes ou Cole & O'Brien, des équipes avec le même gabarit.
Thomas Dubois, un babyface finalement?
Je ne veux pas que vous pensiez que je m'acharne sur Dubois, car je sais que j'en ai parlé souvent dans mes chroniques, mais au contraire, je crois que le gars a un beau potentiel et je me « casse » le cerveau à essayer d'augmenter ce potentiel en lui! Et ce qui me trouble dans mon énoncé, est que pour une fois je trouvais que Dubois avait vraiment l'air d'un heel méchant, avec une chemise à manches coupées noire, pas de tuque et avec un regard de tueur. Mais une fois son entrée passée, j'ai remarqué tellement de point qui me font dire qu'il serait tellement plus over en babyface. Premièrement ses « catchphrases ». Il en a beaucoup, mais aucune ne colle vraiment à la peau d'un heel. La journée qu'il va être un méga babyface, qu'il va regarder la foule et qu'il va leur dire « C'est l'heure du shake! », la foule va faire sauter le plafond de la salle. Même chose avec son « En chair et en shake (ou shape, me semble avoir entendu les deux) ». Les shakes de Dubois pourraient devenir les bières de Austin.
Aussi, durant le combat, il a fait une série de 3 supplexes. Elles étaient très bien exécutées, encore plus quand tu sais que son adversaire était Darkko. Mais il est là le problème. Malgré l'exploit de faire un triple supplex à un gars du gabarit de Darkko, la foule ne savait pas comment réagir, parce que c'est un move de babyface. Elle aurait voulu l'applaudir, mais il est heel. Alors elle ne l'a ni hué, ni applaudit. Mais entre vous et moi, un babyface qui fait 3 supplexes à un géant qui serait heel comme Darkko, la foule aurait applaudit à tout rompre son héro.
Finalement, pour revenir au shake, j'aime beaucoup le fait qu'en fin de match, il prenne une gorgée de shake pour lui donner une énergie supplémentaire, mais j'aime ça si pour un babyface. Le shake pour Dubois est comme les épinards pour Popeye. Par contre, comme la phrase le dit, c'était Popeye qui prenait des épinards, pas Brutus. Vous comprenez? Même qu'en babyface, ça pourrait devenir son talon d'achille, alors qu'un heel pourrait lui « voler » son shake et Dubois se mettrait à perdre ses combats jusqu'au moment où il retrouve le shake en question. Imaginez la réaction de la foule face à une telle situation. Je ne sauterais pas d'étape par contre. Dubois doit finir l'année heel, pour ainsi être encore plus over la journée qu'il va tourner. Mais il devra faire attention de ne pas travailler trop babyface entre temps.
Commentaires en rafales
-J'adore le vidéo d'entrée de Hanzel. C'est le genre de personnage qu'on n'a pas vu souvent au Québec.
-J'ai vu une très belle amélioration dans le travail d'équipe de Rex et Lex Lerman. Lex a de plus bien travaillé sa foule. J'aurais aimé qu'il continue à vendre sa jambe à la toute fin juste avant de retourner dans les vestiaires par contre, lui qui l'avait si bien fait jusque là.
-J'ai beaucoup apprécié le fait que Leon Saver et Alextrême, deux heels, alors que la foule leur demandait de refaire un move, demandent à celle-ci si elle le veut vraiment et qu'ils l'envoient paître tout simplement au lieu de répéter la manœuvre en question. J'ai toujours reproché aux heels de juste vouloir aller chercher une réaction de la foule, même quand c'était la mauvaise réaction, comme lorsque le Prof. Adib-Mansour et Sultan Sidi Mansour faisaient leur danse qui se terminait en descente du coude. On voit que les séminaires de Steen portent encore fruit. Psychologie mes amis, psychologie!
-Je comprends pourquoi on annonce Big Bryan Kevin à 300 livres, à cause du « Big », j'ai pas de problèmes avec ça. Par contre là où j'ai un problème, c'est lorsqu'il lutte comme un gars de 170 livres quand il fait face à un gars qui ressemble à un lutteur de 300 livres « legit » (Mike Gibson). Si tu veux jouer la gimmick du gars de 300 livres, joue là jusqu'au bout. Sinon, ça ne sert absolument à rien, encore moins quand tu es babyface.
-Un show de tout près de 3 heures, c'est long, surtout à chaque semaine. Avec l'été qui s'en vient, je suggèrerais à la CRW de couper ça à maximum 2 heures. Ça va permettre à ceux qui ont des soupers l'été de pouvoir y assister.
-Finalement, il y a quelque chose que certaines personnes vont devoir m'expliquer. Au gala de la CRW de dimanche, la 5e meilleure lutteuse au Québec Mary Lee Rose sonnait la cloche; la 9e meilleure lutteuse au Québec Angie Skye prenait des photos autour de l'arène et la 2e meilleure lutteuse au Québec, celle que bien des connaisseurs incluant moi-même voient comme une lutteuse qui pourrait se rendre loin, Kalamity, assistait la « sonneuse » de cloche. « Il y avait 40-50 personnes au show, alors pourquoi tu t'attardes là-dessus? » certains auraient envie de me dire. Je vais vous dire pourquoi.
Les filles au Québec doivent bûcher encore plus fort pour atteindre une certaine crédibilité. Demandez à LuFisto. La foule de la CRW est généralement une foule qui se promène et qui va voir d'autres galas. Ils connaissent tous très bien les 3 filles en question et vont sûrement voir les galas de la NCW Femmes Fatales. Alors quel genre de crédibilité ça peut apporter à ces 3 filles là de sonner la cloche et de prendre des photos? On essaye de les vendre comme l'élite de la lutte féminine au Québec. Et bien l'élite de la lutte masculine ne sonne pas la cloche dans une autre promotion, l'élite de prend pas de photos dans une autre promotion. Je sais, il y a des lutteurs de la NCW qui font des rôles semblables (caméraman entre autres) aux galas de Femmes Fatales et je n'en ai jamais fait de cas, mais là encore, c'est une question qu'il est plus difficile pour une fille de se faire reconnaître à sa juste valeur. Un gars, je ne sais pas pourquoi vraiment, ça passe mieux. C'est pas du sexisme (en fait c'est en plein ça), mais c'est une réalité qu'il faut vivre avec. Que la même fille qui a attaqué une lutteuse de renommée mondiale comme Cheerleader Melissa sonne la cloche dans une autre promotion, c'est un non sens. Que ces filles là soient présentes dans les vestiaires, pas de problèmes. Que ces filles là annoncent le gala, comme Mary Lee Rose l'a déjà fait, pas de problèmes, car tu joues ton rôle en même temps. Que ces filles là soient dans la foule, je n'ai pas de problèmes. Parce qu'à ce moment là, ce n'est plus Mary Lee Rose, Angie Sky et Kalamity, ce sont Cynthia Cournoyer, Myriam Desgagné et Maggy Goyette qui s'y retrouvent. Mais à partir du moment que tu es « dans le show », tu deviens ton personnage. Et lorsque Kalamity éclate de rire à la table des annonceurs, lorsqu'elle a l'air sociable et le fun, son personnage d'une fille tough, « dark », méchante et « bitch » en prend un coup.
Vous n'êtes pas encore convaincus? Avez-vous déjà vu LuFisto sonner la cloche dans une promotion? Non. Avez-vous déjà vu Gen Goulet dans une foule? Oui. Avez-vous déjà vu Gen Goulet avec un « headset » sur la tête en train d'être au Gorilla position? Oui. Je ne veux pas que personne devienne une 2e LuFisto, mais en même temps, il faut s'en inspirer, et ce, pas juste avec ce qu'elle fait dans un ring. Pensez-y.
Lutte Québécoise vs MMA Québécois
On dit souvent que la MMA est la nouvelle lutte, que les fans de lutte des années 80 et 90 sont maintenant des amateurs de ce sport qu'est le MMA. Mais si le UFC et la WWE peuvent être comparés par le fait qu'ils sont tous les deux les leaders dans leur domaine et ce, sur une échelle planétaire, qu'en est-il de la comparaison entre la lutte québécoise et le MMA québécois? Y a-t-il des comparaisons à faire? Est-ce que la vague de popularité qu'obtient le UFC à Montréal vient donner un appui important au MMA du Québec?
La fin de semaine dernière, j'ai assisté au premier gala au Centre Bell de la promotion Ringside MMA, qui pour son 10e gala, a décidé de délaisser les plus petites salles comme le Centre Pierre-Charbonneau et de faire du Centre Bell l'hôte de son événement. Même si j'ai aussi assisté à un gala de lutte québécoise le lendemain, mon but n'est pas de comparer Ringside MMA avec une promotion de lutte en particulier, mais bien de comparer les deux produits offerts de façon générale.
Je comparerai les deux produits sur 5 niveaux : les promotions, les foules, les galas, les combattants et la visibilité, tout ceci au moment où l'on se parle. Je ne veux pas comparer les deux produits à leur « peak », je désires les comparer maintenant, circa 2011.
Les promotions
Si on reproche à la lutte professionnelle au Québec d'avoir trop de promotions, ce n'est vraiment pas le problème du MMA. Un bref historique du MMA au Québec nous ramène en 2000 avec la promotion qui a connu le plus de succès au Québec et celle qui a sortie le MMA des réserves amérindiennes, TKO et son grand manitou Stéphane Patry. TKO, UCC comme elle était appelé jusqu'en septembre 2003, est la promotion où les Georges St-Pierre, Patrick Côté, David Loiseau, Jonathan Goulet, Steve Claveau, Stéphane Dubé et combien d'autres ont commencé, ou à tout le moins, se sont faits connaître. De plus, TKO a amené des combattants de l'extérieur tel que Mark Hominick (qui va se battre dans un match de championnat au UFC présenté à Toronto), Rich Franklin (qui fut champion Middleweight du UFC), Chris Horodecki et Sam Stout, qui se sont tous battus pour UFC ou des promotions affiliées à celle-ci. TKO fut aussi la première promotion à présenter des shows au Centre Bell. Lorsque la promotion a fermé ses portes, certaines autres ont pris le relais, alors que XMMA a été un genre de spin-off de TKO et Ringside MMA(qui était à la base un magazine, le premier au Québec portant entre autres sur le MMA), fut en quelque sorte elle aussi un spin-off de tout ça. Par spin-off, je veux dire que plusieurs combattants ont suivi, de même que certains commanditaires. Ce qui fait qu'aujourd'hui, Ringside MMA est la principale promotion de MMA au Québec, suivi de Warrior-1 qui fait surtout des shows à Gatineau et de la UGC de Ali Nestor, qui combine MMA et boxe.
La lutte professionnelle au Québec, qui a une très riche histoire remontant à cent ans en arrière, couvre plus de terrain. De Baie St-Paul à Hull-Ottawa, de Jonquière à Sherbrooke, on retrouve environ une vingtaine de promotions de lutte. La NCW est la chef de file dans les promotions régulières, ToW et les Spectacles Familiaux Jacques Rougeau sont dans une ligue à part en matière de promotions non régulières. La NCW Femmes Fatales est la seule à présenter un produit aussi unique. La NSPW domine l'est du Québec et il y a les autres promotions, qui produisent des galas aux mois, aux deux semaines ou à chaque semaine, qui finissent par toutes se ressembler quelque peu.
Les foules
Ringside MMA au Centre Pierre-Charbonneau attirait entre 1000 et 2000 personnes, tout dépendamment des galas. Leur show au Centre Bell a attiré une foule estimée à 4000 personnes. Mis à part Jacques Rougeau, personne au Québec n'arrive proche de ce chiffre. Au contraire, on voit des shows avec non seulement 10 fois moins de monde, mais 100 fois moins de monde. Ali Nestor et attirent moins, alors que le plancher de l'un est le plafond de l'autre. Mais on peut dire qu'avec Ringside MMA, qui a quand même présenté 7 galas au cours de la dernière année, la moyenne des galas de MMA au Québec doit tourner autours des 1500 personnes.
Je serais curieux de connaître exactement la moyenne d'assistance pour la lutte au Québec, mais c'est un exercice beaucoup trop fastidieux à faire. La CRW attire certaines semaines 40 personnes, la NCW attire une moyenne de 150-175 personnes peut-être, NCW Femmes Fatales obtiennent plus de succès avec 250 personnes, mais seulement 3 fois par année, même chose avec la ToW et Jacques Rougeau qui attirent au-dessus de 1000 personnes, mais étant donné le faible nombre de galas qu'ils produisent, cela ne devient plus représentatif à la fin du compte. Si on exclut les shows non réguliers, comme ToW, NCW Femmes Fatales, Jacques Rougeau et les différents spots shows (qui sont de moins en moins nombreux), j'estime une moyenne de 120 personnes par gala. En ajoutant les shows non réguliers un calcule rapide me donne une moyenne vacillant entre 200 et 250 personnes.
Les galas
La grande différence est l'endroit où ces galas ont lieu. Le MMA a droit aux arénas, aux gros complexes sportifs et même au Centre Bell. La lutte elle a de la difficulté à arriver lors qu'elle en produit de façon régulière dans un centre comme Pierre-Charbonneau. L'audio, la production, les décors, tout ces aspects ont un look professionnel quand tu vas voir un show comme Ringside. Les moyens sont au rendez-vous. La lutte de son côté a des moyens beaucoup plus restreints et doit donc sacrifier plus souvent qu'autrement un meilleur décor, une meilleur production pas nécessairement pour investir dans les lutteurs, mais plutôt pour ne pas arriver dans le rouge à la fin. Ringside a prit un risque en présentent un gala au Centre Bell, mais elle a parié sur le fait qu'un événement au Centre Bell en devient un d'importance. L'équation a toujours été la suivante. Si tu attires 2000 personnes au Centre Pierre-Charbonneau, tu vas attirer près du double au Centre Bell. Soudainement dans la tête des gens, ça devient un gala à ne pas manquer. La plus belle preuve? Je n'avais jamais assisté à un de leurs shows avant celui-ci. Et ils ont attiré 4000 personnes alors c'est une réalité. Est-ce qu'ils rentrent dans leurs frais, ça je ne le sais pas par contre, tout dépend de l'arrangement avec le Centre Bell. Le prix des billets est également différent alors que les billets les moins chers se vendaient 37,50$ pour Ringside MMA. Au Québec, même si c'est moins pire que par les années passées, un show à 20$ ou à 30$ est un maximum. On retrouve plusieurs promotions qui chargent 8 ou 10$ à l'entrée. Encore là, Jacques et la ToW font exception à la règle. Finalement, une promotion comme Ringside MMA utilise des caméras professionnelles tandis que la lutte québécoise, quand les shows sont filmés, ce sont des petites caméras HD qui ne donnent pas du tout le même look.
Les combattants
Il y a trois façons d'évaluer les combattants. La notoriété des combattants locaux, la venue de combattants étranger et la qualité de tous les combattants. Qui sont les trois combattants locaux les plus connus en MMA? Patrick Côté, David Loiseau (qui ne s'est jamais battu pour Ringside, mais pour XMMA), Alex Garcia/Steve Bossé. (Samuel Guillet et Martin Désilets non loin derrière) Du côté de la lutte? Jacques Rougeau, Sylvain Grenier, Kevin Steen/El Generico. (PCO est présentement retiré).
Jacques Rougeau est probablement le plus connu de tous. Côté arrive 2e, Loiseau et Grenier sont près l'un de l'autre, je donnerais un avantage à Grenier à cause de RDS, mais Garcia et Bossé sont beaucoup plus connus localement que Steen et Generico. Un fait cocasse est que Steen et Generico sont peut-être mieux connu dans d'autres pays qu'ici au Canada.
Les combattants étrangers maintenant. Les seuls combattants étrangers ayant une certaine réputation que Ringside MMA a amené dans la dernière année sont Kalib Starnes et Seth Baczynski, deux anciens du UFC. Du côté de la lutte, il est fréquent de voir des anciens de la WWE ou de la TNA. Les Shelton Benjamin, Shane Helms, Demolition, Jim Duggan, Beer Money Inc, Paul London, Awesome Kong, sont tous venus dans les derniers 12 mois. Les plus connus de ceux-là sont les anciennes vedettes comme Duggan. Monsieur madame tout le monde ne connaît pas plus Benjamin que Starnes.
La qualité de tous les combattants maintenant. Ce que je trouve triste, c'est que le lutteur québécois le plus connu et le lutteur étranger le plus connu sont deux gars qui ont commencé leur carrière dans les années 70 et qui sont tous les deux près d'une retraite, ne performant plus au même niveau que jadis. Côté et Loiseau ont tous les deux fait des finales de UFC, Côté à deux reprises même. Grenier n'a jamais eu le même traitement malgré son statut de champion en équipe. Un gars comme Garcia est vu comme le prochain GSP, mais a quand même perdu son combat samedi dernier, dans un sport où les victoires/défaites sont très importantes. Je pense que Generico et Steen font partie de l'élite mondiale tandis que Garcia et Bossé ne sont pas encore rendus là. Par contre, fait cocasse, j'ai vu autant de combattants de MMA se promener dans la foule que de lutteurs québécois lors d'un show de lutte! Comme quoi rien n'est parfait et pas toujours professionnel.
La visibilité
Le MMA au Québec a la couverture que la lutte jouissait dans les années 80. On en parle dans les journaux, on en parle à la télé, à la radio, on présente des galas à la télé, le show de samedi était diffusé à la télé à la carte, sur l'Internet également. Pour sa part, si ce n'était pas des forums de discussions, des sites Internet des promotions et des lutteurs et de Facebook, on n'entendrait pas parler de lutte québécoise. J'oubliais RDS avec TNA Impact, qui reste la plus grosse visibilité mais qui demeure très minime, une minute par semaine. De tous les comparatifs que j'ai pu faire, la visibilité est le critère où il y a le plus d'écart entre les deux.
En résumé
Si on regarde ce survol, voici ce qu'on peut en tirer.
Promotions : Avantage MMA. On l'a toujours dit, il y a trop de promotions de lutte au Québec. Le MMA, pour l'instant, a compris.
Foules : Avantage MMA. Si Jacques, la ToW et certains spots shows peuvent compétitionner avec le MMA, leur nombre de galas est trop minime pour faire une différence dans la moyenne globale.
Galas : Avantage MMA. Les seules fois que la ToW a eu une production semblable, elle utilisait justement l'équipement de Ringside MMA. Même avec W-1 et UGC, les chances de voir un show de lutte avec une production déficiente sont beaucoup plus élevées.
Combattants : Avantage Lutte. La lutte a le plus gros nom avec Jacques Rougeau et a le plus de profondeur surtout en considérant les combattants étrangers.
Visibilité : Avantage MMA et de loin. Pas besoin d'expliquer davantage.
Le MMA québécois jouit présentement de l'éclosion de ce sport. Le Canada est le pays où le MMA et surtout le UFC sont les plus populaires. Les plus grosses foules du UFC ont eu lieu à Montréal (3 galas) et cette marque se fera battre le 30 avril prochain alors que plus de 50 000 personnes verront GSP face à Jake Shields au Rogers Center de Toronto. La dernière fois qu'une promotion québécoise de lutte a mis plus de 10 000 personnes au Centre Bell (ou Molson) c'est Jacques Rougeau. (12 000 fans exactement) Personne n'a approché ce chiffre depuis et le 30 décembre prochain marquera le 10e anniversaire de ce gala. Est-ce que Ringside MMA est près de réaliser le même exploit? Il sera surprenant, car personne encore ne jouit de la réputation d'un Jacques Rougeau et Patrick Côté, leur vedette, devrait retourner avec Zuffa éventuellement.
Par contre, l'avantage du MMA sur la lutte présentement est qu'ils ont tous les outils nécessaires pour créer des vedettes. La télévision, le Centre Bell, les journaux, la visibilité, la publicité, des foules de plusieurs milliers de personnes, les commanditaires, en fait, tout ce que la lutte recherche depuis plusieurs années. Le fait d'avoir au UFC celui qui est considéré comme le meilleur combattant livre pour livre, Georges St-Pierre, a aidé à la popularité du MMA. On y retrouve aussi des Québécois d'adoption comme Ivan Menjivar et Yves Jabouin. Maryse Ouellet est la seule Québécoise (hommes inclus) à faire partie de l'univers de la WWE présentement et est loin d'avoir le même statut que les 3 autres. L'envers de la médaille pour le MMA, est que l'argent est avec UFC. Contrairement à Lutte Internationale (jusqu'en 1985) ou les As de la Lutte, lorsque les combattants québécois seront rendus assez bons et auront un statut de vedettes, Zuffa (UFC & Strikeforce) va venir les chercher et le tout sera à recommencer.
Le produit du MMA est plus professionnel que la lutte, ils ont tous les atouts que la lutte n'a pas, mais en bout de ligne, le MMA québécois n'atteindra jamais les sommets atteints par la lutte antérieurement. Pendant ce temps, la boxe locale se sauve avec les honneurs des sports de combats grâce à ses deux vedettes, Jean Pascal et Lucian Bute, les deux seuls combattants québécois qui peuvent remplir un Centre Bell ou un Colisée de Québec.
C'est finiiiiii
Voilà, c'est déjà tout pour cette semaine. J'espère que vous avez apprécié. Je vous reviendrai donc la semaine prochaine pour un autre Pat Laprade Live et d'ici là, n'oubliez pas qu'écouter une heure de lutte par jour, éloigne le médecin pour toujours!
Si vous avez des questions ou commentaires, n'hésitez pas à communiquer avec moi au patric_laprade@videotron.ca ou bien vous pouvez visiter mon site Internet au www.quebeclutte.com
CRW - 10 avril 2011 - Montréal, Qc
Ça faisait un moment que je n'avais été voir un gala de la CRW, ayant manqué leur plus gros gala à vie avec la présence de Colt Cabana, Kevin Steen Sylvain Grenier, El Generico, Darkko et Dru Onyx. La CRW fait d'ailleurs beaucoup d'efforts pour présenter des lutteurs de qualité. Avec des réguliers comme Sexxxy Eddy, Mathieu St-Jacques, Thomas Dubois, Chris Cruze, Darkko et avec la présence semi-régulière des Steen, Grenier, Generico, Onyx et autres, ils ont l'un des bons alignements au Québec. Selon mes sources, on devrait même être en mesure de voir un certain lutteur mexicain plus souvent à la CRW, ce qui est une très bonne nouvelle.
Du gala de dimanche, trois éléments ont marqué mon attention.
Un pari à la Vince Russo
Avant leur combat, Sexxxy Eddy et Dru Onyx font une longue promo où en bout de ligne, Eddy lance un pari à Onyx : si Onyx parle durant le combat, s'il dit un seul mot, il devra remettre sa paye à Eddy. Eddy a vendu ça en disant que Onyx, un gars comme on le sait qui ne se gêne pas pour verbaliser ses émotions dans un match, était un gars à argent et que ce serait une grosse punition pour lui de donner sa paye. Je n'embarquerai même pas dans la notion que Onyx n'aura pas un gros montant d'argent à donner à Eddy car ça les fans ne le savent peut-être pas. Il s'en trouve sûrement qui pensent que Onyx gagne 500$ par match! Par contre, je me questionne sur la pertinence d'un tel pari pour ces mêmes fans. Je comprends l'idée que Dru est « all about money », mais en même temps, tu as deux Juifs (Paul Rosenberg et Pat Skillz) sur le show qui justement par leur nationalité sont reconnus pour être des gars à argent, alors pourquoi en ajouter avec Onyx? De plus, ça donne l'idée saugrenue que les gars sont juste là pour l'argent et non pas pour gagner un titre ou battre leur adversaire. Car il ne faut pas se leurrer, l'enjeu du match n'était plus la victoire ou l'ascension vers le sommet, mais bien la paye de Onyx.
Mais ce que j'aimerais comprendre, c'est que dans cet angle là, où les fans sont-ils gagnants? Parce que vous vous en doutez sûrement, Onyx a fini par parler et il a fini par gagner quand même! Alors qu'est-ce que les fans ont eu de tout ça. Ce genre de pari, car ce n'était pas une stipulation (parler ne faisait pas perdre le match à Onyx et je me demande encore pourquoi l'arbitre du combat a réagit quand celui-ci a parlé), est complètement inutile. Si tu paris des parts dans la compagnie et que suite à ça le heel ou le babyface contrôle le show, ça c'est palpable, les fans vont être concernés. Si tu paris que le perdant va s'habiller en femme et qu'évidemment le heel perd, là les fans vont être content. Mais dans ce cas ci, non seulement gagner ou perdre n'avait rien à voir avec le pari, donc on enlevait le focus sur le véritable enjeu du match, mais les fans ne verront jamais le « payoff » de ce pari. À la fin du match, Onyx n'a pas donné d'argent à Eddy. Aucune promo ne sera tournée en ce sens non plus. Et même si c'était le cas, pourquoi les fans seraient intéressés et surtout pourquoi ils réagiraient de voir Onyx donner de l'argent ou une enveloppe à Eddy? Si au moins, à cause qu'il s'est mit à parler, Onyx aurait gagné son combat, à tout le moins les fans auraient eu un bonbon, mais non, Onyx a perdu un pari que les fans ne verront jamais le résultat final et a gagné le match. Je me suis demandé après ce segment si Vince Russo n'était pas backstage dimanche à la CRW!!
Chris Cruze & Johnny Jack Spade, une équipe avec du potentiel
J'ai bien aimé voir Cruze et JJS travailler en équipe. Ce sont deux gars qui se connaissent depuis longtemps (les deux ont commencé avec Rougeau) et ça paraissait car ils avaient une belle complicité. Je ne me souviens plus s'ils avaient fait équipe ou non à leurs débuts avec la MWF, alors qu'il y avait un clan appelé « Rougeau's Revolution », mais quand même, les deux sont plus connus pour leur match en simple qu'en équipe. Ils ont tous les deux un look qui se ressemblent (ils ne se ressemblent pas physiquement, mais au niveau de leur costume de lutte), à peu près la même grandeur, la même stature et sensiblement le même style de lutte. Je pense sincèrement qu'ils auraient un bel avenir s'ils décidaient de se concentrer à lutter en équipe. Regarder le résultat que ça a donné pour Steen et Generico. Les deux luttent régulièrement, les deux prennent ça au sérieux (en allant entre autres aux séminaires de Steen), ils parlent anglais et français et je crois que le potentiel est énorme. Ils pourraient facilement devenir l'une des meilleures équipes au Québec, dans la lignée des Super Smash Bros, Adrenaline Rush et Reality Check. J'aimerais bien les voir travaillé justement contre SSB, 2.0, Highlight Reel ou Pure Talent. Ça pourrait aussi être leur billet d'entrée pour une promotion comme la NCW, C*4 et ça pourrait leur permettre de lutter régulier à la NSPW. Pas que je pense qu'ils ne sont pas de bons lutteurs en simple, je vois simplement plus d'argent en eux en équipe. Avec un peu plus d'expérience et des manœuvres communes, j'aimerais bien les voir contre les Briscoes ou Cole & O'Brien, des équipes avec le même gabarit.
Thomas Dubois, un babyface finalement?
Je ne veux pas que vous pensiez que je m'acharne sur Dubois, car je sais que j'en ai parlé souvent dans mes chroniques, mais au contraire, je crois que le gars a un beau potentiel et je me « casse » le cerveau à essayer d'augmenter ce potentiel en lui! Et ce qui me trouble dans mon énoncé, est que pour une fois je trouvais que Dubois avait vraiment l'air d'un heel méchant, avec une chemise à manches coupées noire, pas de tuque et avec un regard de tueur. Mais une fois son entrée passée, j'ai remarqué tellement de point qui me font dire qu'il serait tellement plus over en babyface. Premièrement ses « catchphrases ». Il en a beaucoup, mais aucune ne colle vraiment à la peau d'un heel. La journée qu'il va être un méga babyface, qu'il va regarder la foule et qu'il va leur dire « C'est l'heure du shake! », la foule va faire sauter le plafond de la salle. Même chose avec son « En chair et en shake (ou shape, me semble avoir entendu les deux) ». Les shakes de Dubois pourraient devenir les bières de Austin.
Aussi, durant le combat, il a fait une série de 3 supplexes. Elles étaient très bien exécutées, encore plus quand tu sais que son adversaire était Darkko. Mais il est là le problème. Malgré l'exploit de faire un triple supplex à un gars du gabarit de Darkko, la foule ne savait pas comment réagir, parce que c'est un move de babyface. Elle aurait voulu l'applaudir, mais il est heel. Alors elle ne l'a ni hué, ni applaudit. Mais entre vous et moi, un babyface qui fait 3 supplexes à un géant qui serait heel comme Darkko, la foule aurait applaudit à tout rompre son héro.
Finalement, pour revenir au shake, j'aime beaucoup le fait qu'en fin de match, il prenne une gorgée de shake pour lui donner une énergie supplémentaire, mais j'aime ça si pour un babyface. Le shake pour Dubois est comme les épinards pour Popeye. Par contre, comme la phrase le dit, c'était Popeye qui prenait des épinards, pas Brutus. Vous comprenez? Même qu'en babyface, ça pourrait devenir son talon d'achille, alors qu'un heel pourrait lui « voler » son shake et Dubois se mettrait à perdre ses combats jusqu'au moment où il retrouve le shake en question. Imaginez la réaction de la foule face à une telle situation. Je ne sauterais pas d'étape par contre. Dubois doit finir l'année heel, pour ainsi être encore plus over la journée qu'il va tourner. Mais il devra faire attention de ne pas travailler trop babyface entre temps.
Commentaires en rafales
-J'adore le vidéo d'entrée de Hanzel. C'est le genre de personnage qu'on n'a pas vu souvent au Québec.
-J'ai vu une très belle amélioration dans le travail d'équipe de Rex et Lex Lerman. Lex a de plus bien travaillé sa foule. J'aurais aimé qu'il continue à vendre sa jambe à la toute fin juste avant de retourner dans les vestiaires par contre, lui qui l'avait si bien fait jusque là.
-J'ai beaucoup apprécié le fait que Leon Saver et Alextrême, deux heels, alors que la foule leur demandait de refaire un move, demandent à celle-ci si elle le veut vraiment et qu'ils l'envoient paître tout simplement au lieu de répéter la manœuvre en question. J'ai toujours reproché aux heels de juste vouloir aller chercher une réaction de la foule, même quand c'était la mauvaise réaction, comme lorsque le Prof. Adib-Mansour et Sultan Sidi Mansour faisaient leur danse qui se terminait en descente du coude. On voit que les séminaires de Steen portent encore fruit. Psychologie mes amis, psychologie!
-Je comprends pourquoi on annonce Big Bryan Kevin à 300 livres, à cause du « Big », j'ai pas de problèmes avec ça. Par contre là où j'ai un problème, c'est lorsqu'il lutte comme un gars de 170 livres quand il fait face à un gars qui ressemble à un lutteur de 300 livres « legit » (Mike Gibson). Si tu veux jouer la gimmick du gars de 300 livres, joue là jusqu'au bout. Sinon, ça ne sert absolument à rien, encore moins quand tu es babyface.
-Un show de tout près de 3 heures, c'est long, surtout à chaque semaine. Avec l'été qui s'en vient, je suggèrerais à la CRW de couper ça à maximum 2 heures. Ça va permettre à ceux qui ont des soupers l'été de pouvoir y assister.
-Finalement, il y a quelque chose que certaines personnes vont devoir m'expliquer. Au gala de la CRW de dimanche, la 5e meilleure lutteuse au Québec Mary Lee Rose sonnait la cloche; la 9e meilleure lutteuse au Québec Angie Skye prenait des photos autour de l'arène et la 2e meilleure lutteuse au Québec, celle que bien des connaisseurs incluant moi-même voient comme une lutteuse qui pourrait se rendre loin, Kalamity, assistait la « sonneuse » de cloche. « Il y avait 40-50 personnes au show, alors pourquoi tu t'attardes là-dessus? » certains auraient envie de me dire. Je vais vous dire pourquoi.
Les filles au Québec doivent bûcher encore plus fort pour atteindre une certaine crédibilité. Demandez à LuFisto. La foule de la CRW est généralement une foule qui se promène et qui va voir d'autres galas. Ils connaissent tous très bien les 3 filles en question et vont sûrement voir les galas de la NCW Femmes Fatales. Alors quel genre de crédibilité ça peut apporter à ces 3 filles là de sonner la cloche et de prendre des photos? On essaye de les vendre comme l'élite de la lutte féminine au Québec. Et bien l'élite de la lutte masculine ne sonne pas la cloche dans une autre promotion, l'élite de prend pas de photos dans une autre promotion. Je sais, il y a des lutteurs de la NCW qui font des rôles semblables (caméraman entre autres) aux galas de Femmes Fatales et je n'en ai jamais fait de cas, mais là encore, c'est une question qu'il est plus difficile pour une fille de se faire reconnaître à sa juste valeur. Un gars, je ne sais pas pourquoi vraiment, ça passe mieux. C'est pas du sexisme (en fait c'est en plein ça), mais c'est une réalité qu'il faut vivre avec. Que la même fille qui a attaqué une lutteuse de renommée mondiale comme Cheerleader Melissa sonne la cloche dans une autre promotion, c'est un non sens. Que ces filles là soient présentes dans les vestiaires, pas de problèmes. Que ces filles là annoncent le gala, comme Mary Lee Rose l'a déjà fait, pas de problèmes, car tu joues ton rôle en même temps. Que ces filles là soient dans la foule, je n'ai pas de problèmes. Parce qu'à ce moment là, ce n'est plus Mary Lee Rose, Angie Sky et Kalamity, ce sont Cynthia Cournoyer, Myriam Desgagné et Maggy Goyette qui s'y retrouvent. Mais à partir du moment que tu es « dans le show », tu deviens ton personnage. Et lorsque Kalamity éclate de rire à la table des annonceurs, lorsqu'elle a l'air sociable et le fun, son personnage d'une fille tough, « dark », méchante et « bitch » en prend un coup.
Vous n'êtes pas encore convaincus? Avez-vous déjà vu LuFisto sonner la cloche dans une promotion? Non. Avez-vous déjà vu Gen Goulet dans une foule? Oui. Avez-vous déjà vu Gen Goulet avec un « headset » sur la tête en train d'être au Gorilla position? Oui. Je ne veux pas que personne devienne une 2e LuFisto, mais en même temps, il faut s'en inspirer, et ce, pas juste avec ce qu'elle fait dans un ring. Pensez-y.
Lutte Québécoise vs MMA Québécois
On dit souvent que la MMA est la nouvelle lutte, que les fans de lutte des années 80 et 90 sont maintenant des amateurs de ce sport qu'est le MMA. Mais si le UFC et la WWE peuvent être comparés par le fait qu'ils sont tous les deux les leaders dans leur domaine et ce, sur une échelle planétaire, qu'en est-il de la comparaison entre la lutte québécoise et le MMA québécois? Y a-t-il des comparaisons à faire? Est-ce que la vague de popularité qu'obtient le UFC à Montréal vient donner un appui important au MMA du Québec?
La fin de semaine dernière, j'ai assisté au premier gala au Centre Bell de la promotion Ringside MMA, qui pour son 10e gala, a décidé de délaisser les plus petites salles comme le Centre Pierre-Charbonneau et de faire du Centre Bell l'hôte de son événement. Même si j'ai aussi assisté à un gala de lutte québécoise le lendemain, mon but n'est pas de comparer Ringside MMA avec une promotion de lutte en particulier, mais bien de comparer les deux produits offerts de façon générale.
Je comparerai les deux produits sur 5 niveaux : les promotions, les foules, les galas, les combattants et la visibilité, tout ceci au moment où l'on se parle. Je ne veux pas comparer les deux produits à leur « peak », je désires les comparer maintenant, circa 2011.
Les promotions
Si on reproche à la lutte professionnelle au Québec d'avoir trop de promotions, ce n'est vraiment pas le problème du MMA. Un bref historique du MMA au Québec nous ramène en 2000 avec la promotion qui a connu le plus de succès au Québec et celle qui a sortie le MMA des réserves amérindiennes, TKO et son grand manitou Stéphane Patry. TKO, UCC comme elle était appelé jusqu'en septembre 2003, est la promotion où les Georges St-Pierre, Patrick Côté, David Loiseau, Jonathan Goulet, Steve Claveau, Stéphane Dubé et combien d'autres ont commencé, ou à tout le moins, se sont faits connaître. De plus, TKO a amené des combattants de l'extérieur tel que Mark Hominick (qui va se battre dans un match de championnat au UFC présenté à Toronto), Rich Franklin (qui fut champion Middleweight du UFC), Chris Horodecki et Sam Stout, qui se sont tous battus pour UFC ou des promotions affiliées à celle-ci. TKO fut aussi la première promotion à présenter des shows au Centre Bell. Lorsque la promotion a fermé ses portes, certaines autres ont pris le relais, alors que XMMA a été un genre de spin-off de TKO et Ringside MMA(qui était à la base un magazine, le premier au Québec portant entre autres sur le MMA), fut en quelque sorte elle aussi un spin-off de tout ça. Par spin-off, je veux dire que plusieurs combattants ont suivi, de même que certains commanditaires. Ce qui fait qu'aujourd'hui, Ringside MMA est la principale promotion de MMA au Québec, suivi de Warrior-1 qui fait surtout des shows à Gatineau et de la UGC de Ali Nestor, qui combine MMA et boxe.
La lutte professionnelle au Québec, qui a une très riche histoire remontant à cent ans en arrière, couvre plus de terrain. De Baie St-Paul à Hull-Ottawa, de Jonquière à Sherbrooke, on retrouve environ une vingtaine de promotions de lutte. La NCW est la chef de file dans les promotions régulières, ToW et les Spectacles Familiaux Jacques Rougeau sont dans une ligue à part en matière de promotions non régulières. La NCW Femmes Fatales est la seule à présenter un produit aussi unique. La NSPW domine l'est du Québec et il y a les autres promotions, qui produisent des galas aux mois, aux deux semaines ou à chaque semaine, qui finissent par toutes se ressembler quelque peu.
Les foules
Ringside MMA au Centre Pierre-Charbonneau attirait entre 1000 et 2000 personnes, tout dépendamment des galas. Leur show au Centre Bell a attiré une foule estimée à 4000 personnes. Mis à part Jacques Rougeau, personne au Québec n'arrive proche de ce chiffre. Au contraire, on voit des shows avec non seulement 10 fois moins de monde, mais 100 fois moins de monde. Ali Nestor et attirent moins, alors que le plancher de l'un est le plafond de l'autre. Mais on peut dire qu'avec Ringside MMA, qui a quand même présenté 7 galas au cours de la dernière année, la moyenne des galas de MMA au Québec doit tourner autours des 1500 personnes.
Je serais curieux de connaître exactement la moyenne d'assistance pour la lutte au Québec, mais c'est un exercice beaucoup trop fastidieux à faire. La CRW attire certaines semaines 40 personnes, la NCW attire une moyenne de 150-175 personnes peut-être, NCW Femmes Fatales obtiennent plus de succès avec 250 personnes, mais seulement 3 fois par année, même chose avec la ToW et Jacques Rougeau qui attirent au-dessus de 1000 personnes, mais étant donné le faible nombre de galas qu'ils produisent, cela ne devient plus représentatif à la fin du compte. Si on exclut les shows non réguliers, comme ToW, NCW Femmes Fatales, Jacques Rougeau et les différents spots shows (qui sont de moins en moins nombreux), j'estime une moyenne de 120 personnes par gala. En ajoutant les shows non réguliers un calcule rapide me donne une moyenne vacillant entre 200 et 250 personnes.
Les galas
La grande différence est l'endroit où ces galas ont lieu. Le MMA a droit aux arénas, aux gros complexes sportifs et même au Centre Bell. La lutte elle a de la difficulté à arriver lors qu'elle en produit de façon régulière dans un centre comme Pierre-Charbonneau. L'audio, la production, les décors, tout ces aspects ont un look professionnel quand tu vas voir un show comme Ringside. Les moyens sont au rendez-vous. La lutte de son côté a des moyens beaucoup plus restreints et doit donc sacrifier plus souvent qu'autrement un meilleur décor, une meilleur production pas nécessairement pour investir dans les lutteurs, mais plutôt pour ne pas arriver dans le rouge à la fin. Ringside a prit un risque en présentent un gala au Centre Bell, mais elle a parié sur le fait qu'un événement au Centre Bell en devient un d'importance. L'équation a toujours été la suivante. Si tu attires 2000 personnes au Centre Pierre-Charbonneau, tu vas attirer près du double au Centre Bell. Soudainement dans la tête des gens, ça devient un gala à ne pas manquer. La plus belle preuve? Je n'avais jamais assisté à un de leurs shows avant celui-ci. Et ils ont attiré 4000 personnes alors c'est une réalité. Est-ce qu'ils rentrent dans leurs frais, ça je ne le sais pas par contre, tout dépend de l'arrangement avec le Centre Bell. Le prix des billets est également différent alors que les billets les moins chers se vendaient 37,50$ pour Ringside MMA. Au Québec, même si c'est moins pire que par les années passées, un show à 20$ ou à 30$ est un maximum. On retrouve plusieurs promotions qui chargent 8 ou 10$ à l'entrée. Encore là, Jacques et la ToW font exception à la règle. Finalement, une promotion comme Ringside MMA utilise des caméras professionnelles tandis que la lutte québécoise, quand les shows sont filmés, ce sont des petites caméras HD qui ne donnent pas du tout le même look.
Les combattants
Il y a trois façons d'évaluer les combattants. La notoriété des combattants locaux, la venue de combattants étranger et la qualité de tous les combattants. Qui sont les trois combattants locaux les plus connus en MMA? Patrick Côté, David Loiseau (qui ne s'est jamais battu pour Ringside, mais pour XMMA), Alex Garcia/Steve Bossé. (Samuel Guillet et Martin Désilets non loin derrière) Du côté de la lutte? Jacques Rougeau, Sylvain Grenier, Kevin Steen/El Generico. (PCO est présentement retiré).
Jacques Rougeau est probablement le plus connu de tous. Côté arrive 2e, Loiseau et Grenier sont près l'un de l'autre, je donnerais un avantage à Grenier à cause de RDS, mais Garcia et Bossé sont beaucoup plus connus localement que Steen et Generico. Un fait cocasse est que Steen et Generico sont peut-être mieux connu dans d'autres pays qu'ici au Canada.
Les combattants étrangers maintenant. Les seuls combattants étrangers ayant une certaine réputation que Ringside MMA a amené dans la dernière année sont Kalib Starnes et Seth Baczynski, deux anciens du UFC. Du côté de la lutte, il est fréquent de voir des anciens de la WWE ou de la TNA. Les Shelton Benjamin, Shane Helms, Demolition, Jim Duggan, Beer Money Inc, Paul London, Awesome Kong, sont tous venus dans les derniers 12 mois. Les plus connus de ceux-là sont les anciennes vedettes comme Duggan. Monsieur madame tout le monde ne connaît pas plus Benjamin que Starnes.
La qualité de tous les combattants maintenant. Ce que je trouve triste, c'est que le lutteur québécois le plus connu et le lutteur étranger le plus connu sont deux gars qui ont commencé leur carrière dans les années 70 et qui sont tous les deux près d'une retraite, ne performant plus au même niveau que jadis. Côté et Loiseau ont tous les deux fait des finales de UFC, Côté à deux reprises même. Grenier n'a jamais eu le même traitement malgré son statut de champion en équipe. Un gars comme Garcia est vu comme le prochain GSP, mais a quand même perdu son combat samedi dernier, dans un sport où les victoires/défaites sont très importantes. Je pense que Generico et Steen font partie de l'élite mondiale tandis que Garcia et Bossé ne sont pas encore rendus là. Par contre, fait cocasse, j'ai vu autant de combattants de MMA se promener dans la foule que de lutteurs québécois lors d'un show de lutte! Comme quoi rien n'est parfait et pas toujours professionnel.
La visibilité
Le MMA au Québec a la couverture que la lutte jouissait dans les années 80. On en parle dans les journaux, on en parle à la télé, à la radio, on présente des galas à la télé, le show de samedi était diffusé à la télé à la carte, sur l'Internet également. Pour sa part, si ce n'était pas des forums de discussions, des sites Internet des promotions et des lutteurs et de Facebook, on n'entendrait pas parler de lutte québécoise. J'oubliais RDS avec TNA Impact, qui reste la plus grosse visibilité mais qui demeure très minime, une minute par semaine. De tous les comparatifs que j'ai pu faire, la visibilité est le critère où il y a le plus d'écart entre les deux.
En résumé
Si on regarde ce survol, voici ce qu'on peut en tirer.
Promotions : Avantage MMA. On l'a toujours dit, il y a trop de promotions de lutte au Québec. Le MMA, pour l'instant, a compris.
Foules : Avantage MMA. Si Jacques, la ToW et certains spots shows peuvent compétitionner avec le MMA, leur nombre de galas est trop minime pour faire une différence dans la moyenne globale.
Galas : Avantage MMA. Les seules fois que la ToW a eu une production semblable, elle utilisait justement l'équipement de Ringside MMA. Même avec W-1 et UGC, les chances de voir un show de lutte avec une production déficiente sont beaucoup plus élevées.
Combattants : Avantage Lutte. La lutte a le plus gros nom avec Jacques Rougeau et a le plus de profondeur surtout en considérant les combattants étrangers.
Visibilité : Avantage MMA et de loin. Pas besoin d'expliquer davantage.
Le MMA québécois jouit présentement de l'éclosion de ce sport. Le Canada est le pays où le MMA et surtout le UFC sont les plus populaires. Les plus grosses foules du UFC ont eu lieu à Montréal (3 galas) et cette marque se fera battre le 30 avril prochain alors que plus de 50 000 personnes verront GSP face à Jake Shields au Rogers Center de Toronto. La dernière fois qu'une promotion québécoise de lutte a mis plus de 10 000 personnes au Centre Bell (ou Molson) c'est Jacques Rougeau. (12 000 fans exactement) Personne n'a approché ce chiffre depuis et le 30 décembre prochain marquera le 10e anniversaire de ce gala. Est-ce que Ringside MMA est près de réaliser le même exploit? Il sera surprenant, car personne encore ne jouit de la réputation d'un Jacques Rougeau et Patrick Côté, leur vedette, devrait retourner avec Zuffa éventuellement.
Par contre, l'avantage du MMA sur la lutte présentement est qu'ils ont tous les outils nécessaires pour créer des vedettes. La télévision, le Centre Bell, les journaux, la visibilité, la publicité, des foules de plusieurs milliers de personnes, les commanditaires, en fait, tout ce que la lutte recherche depuis plusieurs années. Le fait d'avoir au UFC celui qui est considéré comme le meilleur combattant livre pour livre, Georges St-Pierre, a aidé à la popularité du MMA. On y retrouve aussi des Québécois d'adoption comme Ivan Menjivar et Yves Jabouin. Maryse Ouellet est la seule Québécoise (hommes inclus) à faire partie de l'univers de la WWE présentement et est loin d'avoir le même statut que les 3 autres. L'envers de la médaille pour le MMA, est que l'argent est avec UFC. Contrairement à Lutte Internationale (jusqu'en 1985) ou les As de la Lutte, lorsque les combattants québécois seront rendus assez bons et auront un statut de vedettes, Zuffa (UFC & Strikeforce) va venir les chercher et le tout sera à recommencer.
Le produit du MMA est plus professionnel que la lutte, ils ont tous les atouts que la lutte n'a pas, mais en bout de ligne, le MMA québécois n'atteindra jamais les sommets atteints par la lutte antérieurement. Pendant ce temps, la boxe locale se sauve avec les honneurs des sports de combats grâce à ses deux vedettes, Jean Pascal et Lucian Bute, les deux seuls combattants québécois qui peuvent remplir un Centre Bell ou un Colisée de Québec.
C'est finiiiiii
Voilà, c'est déjà tout pour cette semaine. J'espère que vous avez apprécié. Je vous reviendrai donc la semaine prochaine pour un autre Pat Laprade Live et d'ici là, n'oubliez pas qu'écouter une heure de lutte par jour, éloigne le médecin pour toujours!
Si vous avez des questions ou commentaires, n'hésitez pas à communiquer avec moi au patric_laprade@videotron.ca ou bien vous pouvez visiter mon site Internet au www.quebeclutte.com