Montréal 1976: un héritage mitigé
Jeux olympiques dimanche, 16 juil. 2006. 13:43 jeudi, 12 déc. 2024. 06:46
MONTREAL (PC) - Au 30e anniversaire des Jeux olympiques de Montréal, force est de constater que l'héritage de ces Jeux est plutôt mitigé.
Le Stade olympique, symbole le plus évident de l'événement, complété plusieurs années après la tenue des Jeux, n'est pratiquement plus utilisé pour le sport, exception faite de la piscine, et son entretien soulève autant sinon plus de préoccupations que son utilisation.
Le vélodrome, au grand déplaisir de son concepteur, Roger Taillibert, a été transformé en Biodôme, ou en "cage à pingouins", comme l'a déjà désigné avec mépris l'architecte français. Celui-ci souhaitait que toutes les installations, après les Jeux, soient consacrées à promouvoir la pratique du sport par les jeunes. Le mât du stade, par exemple, qui n'a jamais servi, devait accueillir des gymnases et autres équipements sportifs.
Francis Millien, qui était à l'époque et est toujours agent technique en sport à la Ville de Montréal, estime qu'il était illusoire de croire à la pérennité du caractère sportif de certaines installations, notamment le vélodrome: "C'est vrai que c'était bien dommage pour tous les adeptes du cyclisme mais est-ce qu'il y avait régulièrement suffisamment de gens qui faisaient du cyclisme de piste pour justifier que cette installation-là reste un vélodrome plutôt que de servir à autre chose?"
Il fait valoir, cependant, que d'autres installations ont rempli leur mission au-delà de tout espoir: "Celles qui ont vraiment été construites dans ce but et qui pouvaient continuer à recevoir des activités populaires et pour le public en général ont quand même continué. Je pense que le Centre Claude-Robillard, notamment, est probablement l'installation la plus utilisée depuis les olympiques."
Pour sa part, le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, croit que la vision de Roger Taillibert ne reposait pas sur la réalité: "Il est clair que Montréal n'avait pas construit toutes ses installations dans un but d'héritage à long terme." Il note d'ailleurs que le gigantisme qui a marqué les Jeux de Montréal - et ses conséquences financières - ont grandement contribué à l'élaboration d'un nouveau modèle. Aujourd'hui, le CIO finance lui-même la moitié du budget opérationnel des Jeux, trouve les commanditaires internationaux et négocie les droits de télévision. Il dispose également d'une politique d'héritage urbain afin, justement, d'éviter l'érection d'installations grandioses qui, après avoir été remplies aux Jeux, se transformeront en éléphants blancs: "Il est difficile de juger Montréal aujourd'hui à l'aune des Jeux modernes parce que ce n'est pas très exact. Les Jeux de Montréal ont été très bien organisés mais pas dans une perspective à long terme."
Francis Millien fait valoir, par ailleurs, que l'héritage sportif des jeux est incalculable: "En 1975, le sport pour beaucoup de Québécois ne représentait pas grand-chose: c'était le baseball l'été, le hockey l'hiver et, soudainement, à cause des Jeux olympiques, ils ont eu l'équivalent d'une claque dans le visage! Je me souviens fort bien qu'en '75, les gens téléphonaient chez nous à la Ville de Montréal pour inscrire leurs enfants aux olympiques." Le fait, dit-il, que le Canada ait été le premier pays-hôte à ne remporter aucune médaille d'or démontre jusqu'à quel point le pays partait de loin en termes d'éducation, de culture et de racines sportives.
Or, il rappelle que, par la suite, des athlètes comme Nadia Comaneci ont permis à des sports comme la gymnastique de connaître un développement phénoménal et que cet essor engendré par les Jeux perdure encore aujourd'hui. Aussi, dans les années subséquentes, il souligne que les municipalités ont commencé à construire des installations sportives plus spécialisées et que les inscriptions à de nouvelles activités se sont multipliées, ce qui a mené à la création de nombreux clubs sportifs.
Jacques Rogge, qui a également participé aux Jeux de Montréal dans la compétition des régates, garde aussi un excellent souvenir de l'organisation et de l'ambiance des Jeux mais pas de sa performance, lui qui avait fini "quelque part vers le 20e rang" dit-il, avec une pointe d'amertume dans la voix.
Le Stade olympique, symbole le plus évident de l'événement, complété plusieurs années après la tenue des Jeux, n'est pratiquement plus utilisé pour le sport, exception faite de la piscine, et son entretien soulève autant sinon plus de préoccupations que son utilisation.
Le vélodrome, au grand déplaisir de son concepteur, Roger Taillibert, a été transformé en Biodôme, ou en "cage à pingouins", comme l'a déjà désigné avec mépris l'architecte français. Celui-ci souhaitait que toutes les installations, après les Jeux, soient consacrées à promouvoir la pratique du sport par les jeunes. Le mât du stade, par exemple, qui n'a jamais servi, devait accueillir des gymnases et autres équipements sportifs.
Francis Millien, qui était à l'époque et est toujours agent technique en sport à la Ville de Montréal, estime qu'il était illusoire de croire à la pérennité du caractère sportif de certaines installations, notamment le vélodrome: "C'est vrai que c'était bien dommage pour tous les adeptes du cyclisme mais est-ce qu'il y avait régulièrement suffisamment de gens qui faisaient du cyclisme de piste pour justifier que cette installation-là reste un vélodrome plutôt que de servir à autre chose?"
Il fait valoir, cependant, que d'autres installations ont rempli leur mission au-delà de tout espoir: "Celles qui ont vraiment été construites dans ce but et qui pouvaient continuer à recevoir des activités populaires et pour le public en général ont quand même continué. Je pense que le Centre Claude-Robillard, notamment, est probablement l'installation la plus utilisée depuis les olympiques."
Pour sa part, le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, croit que la vision de Roger Taillibert ne reposait pas sur la réalité: "Il est clair que Montréal n'avait pas construit toutes ses installations dans un but d'héritage à long terme." Il note d'ailleurs que le gigantisme qui a marqué les Jeux de Montréal - et ses conséquences financières - ont grandement contribué à l'élaboration d'un nouveau modèle. Aujourd'hui, le CIO finance lui-même la moitié du budget opérationnel des Jeux, trouve les commanditaires internationaux et négocie les droits de télévision. Il dispose également d'une politique d'héritage urbain afin, justement, d'éviter l'érection d'installations grandioses qui, après avoir été remplies aux Jeux, se transformeront en éléphants blancs: "Il est difficile de juger Montréal aujourd'hui à l'aune des Jeux modernes parce que ce n'est pas très exact. Les Jeux de Montréal ont été très bien organisés mais pas dans une perspective à long terme."
Francis Millien fait valoir, par ailleurs, que l'héritage sportif des jeux est incalculable: "En 1975, le sport pour beaucoup de Québécois ne représentait pas grand-chose: c'était le baseball l'été, le hockey l'hiver et, soudainement, à cause des Jeux olympiques, ils ont eu l'équivalent d'une claque dans le visage! Je me souviens fort bien qu'en '75, les gens téléphonaient chez nous à la Ville de Montréal pour inscrire leurs enfants aux olympiques." Le fait, dit-il, que le Canada ait été le premier pays-hôte à ne remporter aucune médaille d'or démontre jusqu'à quel point le pays partait de loin en termes d'éducation, de culture et de racines sportives.
Or, il rappelle que, par la suite, des athlètes comme Nadia Comaneci ont permis à des sports comme la gymnastique de connaître un développement phénoménal et que cet essor engendré par les Jeux perdure encore aujourd'hui. Aussi, dans les années subséquentes, il souligne que les municipalités ont commencé à construire des installations sportives plus spécialisées et que les inscriptions à de nouvelles activités se sont multipliées, ce qui a mené à la création de nombreux clubs sportifs.
Jacques Rogge, qui a également participé aux Jeux de Montréal dans la compétition des régates, garde aussi un excellent souvenir de l'organisation et de l'ambiance des Jeux mais pas de sa performance, lui qui avait fini "quelque part vers le 20e rang" dit-il, avec une pointe d'amertume dans la voix.