SAINT-JEAN, T.-N. (PC) - Les derniers échantillons de sang provenant d'Athènes n'ont pas encore été testés mais les athlètes et les agences qui réglementent leurs activités sont à prévoir les prochains Jeux olympiques d'été, où certains spécialistes croient que les premiers athlètes génétiquement modifiés pourraient participer aux compétitions.

Alors que les autorités qui luttent contre le dopage sportif ont réalisé d'importants progrès, les avancées dans la thérapie génique pourraient bien avoir offert un nouvel arsenal aux tricheurs, affirme le docteur Colin Higgs, vice-président des services scientifiques du Conseil international pour l'éducation physique et la science du sport.

"En 2008, nous pourrions voir les premiers athlètes génétiquement dopés, a dit M. Higgs, qui est aussi le directeur de l'école des sciences de l'activité physique de l'Université Memorial de Saint-Jean, en plus d'être un des organisateurs d'un congrès sport et science pré-olympique qui a eu lieu le mois dernier en Grèce.

"Si vous disposiez d'un million de dollars vous pourriez probablement obtenir la technologie nécessaire", a-t-il dit.

Des chercheurs de l'Université de Pennsylvanie, qui ont injecté des virus chargés de gènes à des souris, ont constaté que la grosseur des muscles des rongeurs augmentait de 15 à 30 pour cent.

Après avoir été soumis à un programme d'entraînement, les souris ont réussi à faire doubler la force de leurs muscles, a rapporté le physiologiste H. Lee Sweeney, dans l'édition de juillet du Scientific American.

M. Sweeney a noté que cela "constituait un attrait évident pour les athlètes de haut niveau".

En juillet, des chercheurs de l'Université de Washington ont annoncé qu'ils avaient trouvé une façon d'administrer une thérapie génique pour annuler la dégénérescence musculaire des souris atteintes de dystrophie musculaire.

"Les résultats laissent entrevoir qu'il sera peut-être possible d'introduire un jour des gènes dans des muscles d'adultes pour d'autres fins que le traitement de la dystrophie musculaire", a déclaré l'université dans un communiqué.

Il existe aussi plusieurs projets qui visent à provoquer génétiquement l'interruption de la myostatine, la protéine qui limite la croissance des muscles.

"Si ce n'est pas déjà fait, ça ne devrait pas tarder, a dit Paul Melia, chef de la direction du Centre canadien pour l'éthique dans le sport. Malheureusement, quand les membres du secteur médical développent une thérapie légitime pour traiter une maladie, les athlètes qui veulent tricher tentent de l'exploiter."

Des rumeurs circulaient à propos d'athlètes est-allemands qui, il y a 20 ans, utilisaient des drogues pour améliorer leurs performances, a dit M. Higgs.

"On n'a de preuves que lorsque quelqu'un se fait prendre, a indiqué M. Higgs. Les enjeux sont maintenant trop élevés. La valeur accordée à un succès international est tellement importante qu'il y a de réelles pressions exercées sur les athlètes afin qu'ils tentent par tous les moyens d'atteindre le sommet."

L'Agence mondiale antidopage a mis sur pied un comité pour suivre l'évolution du dopage génétique.

"Il y a du financement pour la recherche et (le dopage génétique) a été interdit en 2003", a déclaré la porte-parole Caroline Riddle, à Montréal.

Il n'existe cependant aucun test pour détecter les athlètes dont les performances pourraient avoir été améliorées grâce à la génétique. L'urine ou le sang ne servent à rien pour prendre les athlètes modifiés génétiquement.