LAUSANNE (Suisse), 13 déc (AFP) - A six mois très exactement -le 13 juillet à Moscou- de la désignation de la ville qui accueillera les Jeux olympiques 2008, les cinq candidates encore en lice ont engagé le sprint final, mercredi à Lausanne, avec un petit avantage pour Paris devant Pékin, les deux grands favoris.

La délégation française, conduite par Claude Bébéar, le président du comité de candidature Paris-2008, est celle qui a produit la plus grosse impression lors de la conférence de presse qui suivait l'audition de chaque ville par la commission exécutive du Comité international olympique (CIO).

Même si on peut s'interroger sur l'opportunité de faire parcourir des milliers de kilomètres à trois des cinq délégations pour un oral de dix minutes seulement, la séance de mercredi a révélé les qualités, les motivations mais les faiblesses aussi de chacune des cinq villes par ordre de passage devant le CIO: Osaka (Japon), Paris, Toronto (Canada), Pékin (Chine) et Istanbul (Turquie).

En force

Dans cet exercice, il semble que Paris aborde la dernière ligne droite avec un léger avantage devant Pékin. Toronto, qui a insisté sur sa diversité (169 nationalités différentes) et son dynamisme (60.000 volontaires sont prêts), est toutefois à créditer d'une belle prestation, alors qu'Osaka et Istanbul (3e tentative) ont déçu.

Paris était venu en force, avec pas moins de huit personnes autour de Claude Bébéar: Noël de Saint-Pulgent, directeur général, Henri Sérandour, membre du CIO et président du comité national olympique et sportif français (CNOSF), Guy Drut, Colette Besson, Maurice Herzog, Alain Danet, Jean-François Lamour (représentant l'Elysée) et Hervé Madoré (Matignon).

Après avoir tracé les grandes lignes du dossier à l'aide notamment d'un petit film de deux minutes et demi devant la Commission, M. Bébéar a expliqué les avantages de la candidature française: "des Jeux compacts, dans la ville, pour les athlètes, l'engagement financier des pouvoirs publics à tous les niveaux, l'adhésion des Franciliens au projet (plus de 80%), l'expérience française en matière d'organisation et la position centrale de Paris". Le ton, la justesse de propos et la rigueur de l'ancien président du groupe d'assurances AXA ont séduit.

Pas de cadeaux

Quant aux responsables chinois, eux aussi très collectifs, ils ont impressionné en alignant des chiffres ahurissants au niveau de la croissance de Pékin. Mais ils ont surtout tenu à rassurer et ils y sont parvenus en grande partie.

"Pour le peuple chinois, cette candidature est une longue marche des temps modernes", a déclaré le secrétaire général du comité d'organisation, Wang Wei. "Ces Jeux seront une réussite et apporteront un gain inestimable à la Chine et à Pékin en particulier aux niveaux social, culturel et économique".

La présence du beach-volley sur la place Tiananmen, symbole en Occident des droits de l'homme bafoués, n'a même pas fait tressaillir les responsables pékinois. "C'est un des endroits les plus populaires de la ville où les gens aiment se retrouver", a froidement répondu le maire de la ville, Liu Qi.

En conclusion de cette journée, Juan Antonio Samaranch, le président du CIO, a indiqué que les cinq villes avaient présenté un "excellent dossier", en précisant qu'il leur avait simplement rappelé la nouvelle règle depuis le scandale de corruption qui a ébranlé l'Institution au sujet des Jeux d'hiver 2002 de Salt Lake City: "pas de visites de membres du CIO, pas de cadeaux".

Les cinq villes ont désormais jusqu'au 17 janvier pour déposer leur dossier. Ensuite, la commission d'évaluation du CIO, présidée par le Néerlandais Hein Verbruggen, président de l'Union cycliste internationale (UCI), effectuera une visite dans chaque ville. Avant le grand jour: le 13 juillet à Moscou.