PEKIN (AFP) - A deux ans du coup d'envoi des Jeux olympiques de Pékin, la capitale chinoise poursuit son impressionnante métamorphose pour être dans les temps, mais doit faire face à de graves problèmes d'environnement.

Le 8 août 2008 à huit heures du soir (12H00 GMT) - le huit est le principal chiffre de chance en Chine - s'ouvriront les premières olympiades de l'Empire du Milieu.

"Les préparatifs pour les jeux se déroulent comme prévu", assure Sun Weide, un des porte-parole du Comité d'organisation des jeux de Pékin (BOCOG).

"La construction des 15 nouveaux sites a commencé et celles du village olympiques et des autres lieux avancent sans problème", ajoute Sun dans une interview à l'AFP.

La rénovation des 22 sites existant et la construction de 76 autres destinés aux entraînements sont en cours.

Le tout devrait être achevé fin 2007, de même que l'extension des réseaux routiers et du métro, ainsi que les milliers de complexes résidentiels et commerciaux actuellement en chantier.

Côté sponsors, pas de souci non plus a priori. En plus des partenaires traditionnels des jeux, le BOCOG a fait signer 11 firmes chinoises et étrangères qui, comme bien d'autres, sont conscientes de l'impact commercial que l'évènement aura auprès de plus d'un milliard de Chinois.

"Les revenus émanant des sponsors devraient dépasser les objectifs", estime Sun Weide.

Rouleau compresseur

Pour Adidas, l'un des grands partenaires officiels olympiques, l'enjeu est clair.

"Je suis absolument convaincu que les investissements que nous faisons ici en prévision des jeux de 2008 sont parfaitement justifiés", déclarait il y a quelques jours à Pékin Herbert Hainer, président de l'équipementier sportif allemand.

Basé simplement sur la taille du pays, le retour sur investissements devrait être plus important qu'à Athènes, estime M. Hainer qui a profité de son passage à Pékin pour commenter l'avancée des travaux : "Je me souviens de ce que j'avais vu deux ans avant le début des jeux d'Athènes. Et quand je vois où ils en sont ici, je peux vous dire qu'il y a une sacrée différence !".

Cette marche forcée est relayée par une propagande rouleau compresseur dont les jeunes sont les première cibles dans les écoles.

Mais il n'est pas sûr que cet outil maoïste, quarante ans après le déclenchement de la Révolution culturelle et trente ans après la mort du Grand Timonier, soit très efficace par exemple dans la bataille contre la pollution, tant la situation est critique.

Mesures draconiennes

Pékin est l'une des villes au monde où l'air est le plus irrespirable - c'est particulièrement vrai l'été - partiellement en raison de la hausse du trafic automobile. La capitale chinoise enregistre 1.000 voitures de plus chaque jour, un phénomène qui gangrène les efforts faits par les autorités pour limiter la pollution industrielle et habiller la ville de vert.

L'objectif affiché des 238 jours de ciel bleu cette année ne sera pas atteint, de l'aveu même de la presse officielle.

Dans ce contexte, il n'est pas exclu que le BOCOG prennent des mesures draconiennes, comme l'interdiction de circuler pour la plupart des voitures durant les deux semaines des jeux.

L'autre sujet sensible est la corruption, omniprésente en Chine. Le gouvernement veut éviter qu'elle ne ternisse l'image de Pékin-2008.

L'un des vice-maires de la ville, chargé de la construction et du suivi des des projets pour les jeux, a été limogé en juin. Décision justifiée ou excès de zèle ? A défaut d'éradiquer le mal, les autorités ont recours à la bonne vieille méthode des exemples pour limiter la casse.

De l'édification de la ville à l'organisation des jeux, la Chine met les bouchées doubles pour épater le monde entier. Il faudra aussi l'aide du ciel en 2008 car la météo estivale est capricieuse à Pékin : le temps est lourd et souvent pluvieux.

Mais le succès annoncé sera de toute façon insignifiant si les athlètes chinois ne sont pas à la hauteur. L'objectif à peine dissimulé de la Chine est purement et simplement de terminer en tête du tableau des médailles et de surpasser pour la première fois les Etats-Unis et la Russie.