À un peu moins de deux semaines du repêchage de la NBA, Nerlens Noel a toutes les raisons du monde d’encombrer quotidiennement les jours de son calendrier d’une croix au crayon-feutre. Après tout, devenir le premier choix global d’une sélection relevée n’est pas un évènement banal. Pour l’ancien centre des Wildcats de Kentucky, il s’agit d’une possibilité plus que probable, lui qui est pressenti pour être le premier à entendre son nom le 27 juin prochain.

Noel peut sentir la NBA au bout de ses doigts, malgré son genou amoché qui l’empêchera de sauter de joie le moment venu.

En effet, une vilaine déchirure ligamentaire a assombri son bref passage dans la NCAA, mais elle ne devrait vraisemblablement pas dérailler son parcours chez les pros. Du moins, jusqu’ici.

Nerlens Noel, avant même de savoir quel uniforme il revêtira l’an prochain, est déjà une vedette et reçoit l’attention médiatique en conséquence de son statut. Sa blessure, qui se rétablit très bien aux dires de son médecin, fait déjà couler plus d’encre que ses aptitudes athlétiques et ses hypothétiques performances sur le terrain. La question du jour n’est pas de savoir s’il sera bon, mais plutôt quand sera-t-il apte à être bon?

Une nuance qui a été entendue par les Cavaliers de Cleveland, détenteurs du premier choix en 2013. Les rumeurs d’une transaction sont très persistantes en provenance de Cleveland, car l’équipe aimerait bien participer aux éliminatoires dès l’an prochain. Chose qui serait drôlement complexe avec un joueur étoile sur la touche pour la grande majorité de la saison.

À quelques jours de l'amorce de son avenir, le jeune homme de 19 ans doit composer avec des attentes à la mesure de son talent, cloué au sol en attendant de prendre son envol vers la NBA. Une situation inorthodoxe pour un espoir pas comme les autres.

Nerlens NoelLe prototype d'un nouveau genre

L’énorme potentiel de Noel explique en grande partie pourquoi il sera repêché au premier rang malgré un petit échantillon de matchs dans la NCAA et une reconstruction ligamentaire au genou gauche qui aurait normalement tendance à en inquiéter plus d’un.

C’est que Nerlens possède un rare mélange d’athlétisme, de taille et d’anticipation. Trois aspects que l’on ne peut pas enseigner dans un gymnase et qui valent leur pesant d’or dans la NBA. De plus, son éthique de travail est à la limite irréprochable et il n’a jamais reculé devant les attentes et la pression. La preuve, Georgetown et Syracuse étaient très près d’obtenir ses services pour sa seule saison dans la NCAA, mais Noel s’est dirigé vers l’écurie de John Calipari, dans l’ombre d’Anthony Davis et d’un championnat national.

Selon Noel, c’était le meilleur endroit pour mettre en valeur ses talents, même avec le surplus d’attention qu’il a reçu en portant le blanc et bleu des Wildcats. Remarque qu’il n’avait pas tout à fait tort, lui qui a terrorisé la SEC avec ses prouesses défensives avant de tomber au combat lors d’un jeu de routine.

Après Anthony Davis, premier choix du repêchage de 2012, Nerlens Noel devenait le deuxième centre dominant des Wildcats à faire écarquiller des yeux avec ses habiletés défensives. Sauf que le jeu de Davis et Noel, bien qu’analogue, n’est pas en tout point similaire.

Du haut de ses 6’ 11’’, doublé d’une portée de 7’ 5’’, Nerlens Noel est une tête chercheuse sous les paniers, bloquant tout ce qui est à sa portée. À la différence de plusieurs jeunes joueurs, Noel ne récolte pas ses tirs bloqués en venant doubler un joueur adverse, il domine plutôt les situations un contre un et intercepte les tentatives à la verticale, face à son adversaire décontenancé. Cet instinct ne s’enseigne pas et Noel développe continuellement ses forces, cultivant au passage de bonnes mains pour le vol de balle ainsi qu’une vitesse étonnante en transition.

Il y a beaucoup de polissage à faire, chose normale avec un espoir de 19 ans, mais les bases sont impressionnantes et le dévouement de Noel laisse présager de belles choses.

Tout ça, c’est sans compter son apport offensif qui est plutôt embryonnaire en ce moment. Il y a quelques éclairs de génie çà et là, mais l’essentiel de sa production découle de son avantage de taille sous les paniers, ce qu’il ne possèdera plus dans la NBA.

Avec l’extinction des centres « à l’ancienne » chez les pros, Noel pourrait s’imposer avec un nouveau genre d’athlétisme sous les paniers, dérangeant les équipes adverses avec une brutalité aérienne inégalée. Des comparaisons à Tyson Chandler et Larry Sanders sont sur la table pour parler de Noel, mais la réalité se situe probablement sur un autre spectre vu les talents de Noel.

Si pour l’instant il est plutôt frêle, faisant osciller la balance à moins de 210 livres lors des tests combinés de la NBA, Nerlens Noel possède une charpente naturellement propice à l’ajout d’une masse musculaire imposante au fil des ans. Avec les bons conseils des professionnels de la santé, Noel pourrait devenir une bête sous les paniers sans soustraire sa vitesse de l’équation.

De quoi faire saliver tous les dépisteurs.

La défensive dans le sang

Plus jeune, Noel avait du vert dans les veines et suivait assidument les Celtics de Boston, célébrant le premier championnat de Kevin Garnett avec l’équipe en 2008. Au cœur de la petite communauté d’Everett, au Massachusetts, Nerlens peaufinait sa dextérité autour du panier familial aux côtés de son père, Yonel, et de ses deux frères ainés, Jim et Rodman.

L’engagement défensif de Nerlens n’est visiblement pas une irrégularité chez les Noel. Jim, l’ainé des trois frères, est maraudeur pour les Seahawks de Seattle dans la NFL. Rodman, de son côté, est secondeur pour l’Université de North Carolina State dans la NCAA. Nerlens, le cadet des trois, a vite été orienté vers le basketball en raison de sa taille plus élancée, plus naturelle pour un sport peuplé de géants. Sur le terrain familial, les deux ainés de Nerlens lui ont enseigné à la dure la résistance sous les paniers. Une touche de rudesse qu’une fratrie peut s’imposer mieux que n’importe quel entraîneur.

Aujourd’hui, c’est Nerlens qui agit à titre de bourreau en défensive, loin des jupons de sa mère et des offrandes amères de ses deux frères compétitifs.

Il n’était pas rare de voir Nerlens dominer la compétition lors de son passage au Tilton High School, un « prep school » du New Hampshire reconnu pour son programme sportif compétitif. Considéré comme le meilleur espoir de sa tranche d’âge avant de faire le saut dans la NCAA, Nerlens Noel a connu plusieurs matchs avec plus de dix tirs bloqués à son école secondaire, même certains avec une vingtaine. Les statistiques à cet âge révèlent peu de choses, sinon l’inégalité de la compétition. Sauf qu’une performance aussi dominante dans un volet défensif souligne la notion d’esprit d’équipe d’un jeune joueur qui, malgré sa dominance physique, n’impose pas sa volonté aux dépens des besoins de ses coéquipiers.

Un don de soi payant pour le prometteur centre.

Nerlens NoelUn repêchage favorable pour Noel

Nerlens Noel a fêté ses 19 ans en avril dernier, il est donc le plus jeune joueur du top-10 des évaluateurs de la cuvée 2013. Un avantage notoire auprès des dépisteurs qui analysent le potentiel plus que les acquis.

Sa blessure devient moins inquiétante lorsque combinée à son âge. Même que, selon plusieurs experts, c’est mieux de s’infliger une déchirure du genre avant d’atteindre son paroxysme physique. Ainsi, Noel pourra amorcer sa carrière avec une prudence adéquate dans le but de performer longtemps chez les pros.

D’ailleurs, Noel s’est lié d’amitié avec Rajon Rondo qui a subi la même opération que lui quelques semaines auparavant. Le joueur de pointe des Celtics, qui a lui aussi évolué à Kentucky dans la NCAA, a pavé le chemin de Noel dans sa route vers une rémission complète.

Même si les chances de voir Noel jouer à Boston avec Rondo sont presque nulles, cette amitié l’aidera à éviter quelques pièges en début de carrière et de ce fait, il inspire déjà la confiance des dirigeants qui sont au sommet du repêchage avec l’espoir réaliste de repêcher le jeune centre.

Historiquement, les joueurs de centre ont une main mise sur le premier choix global. Comme la taille ne s’enseigne pas et représente une denrée essentielle dans la NBA, les équipes vont souvent se tourner vers des projets à long terme plutôt que vers des joueurs plus établis sur les périmètres. Personne dans le top-5 de la cuvée 2013 n’égalise Noel à sa position, ce qui l’avantage fortement.

Qui plus est, les rumeurs de transactions qui émanent de Cleveland sous-entendent la sélection de Noel au premier rang. On suppose donc qu’un partenaire d’échange des Cavaliers transigerait dans l’optique de recueillir le talentueux joueur de centre. Les deux scénarios les plus probables s’articulent autour de la sélection de Noel au tout premier rang, de quoi faire sourire le jeune homme à la coiffure excentrique.

La cuvée 2014 serait moins clémente pour Noel, surtout avec la blessure qu’il soigne. Mais l’été 2013 semble lui sourire tout en lui ouvrant toutes grandes les portes de la NBA.

Ne soyez donc pas surpris de le voir lever son index en l’air sur le podium aux côtés de David Stern le 27 juin.

Numéro un!

Rien de moins pour le coloré Nerlens Noel.