ROUBAIX - Le Suisse Fabian Cancellara, favori de Paris-Roubaix, a payé son isolement, dimanche, dans la 112e édition gagnée par le Néerlandais Niki Terpstra pour le compte de l'équipe Omega Pharma.

La « reine des classiques » cyclistes n'a choisi son élu que dans les dix dernières minutes d'une course très longtemps indécise. Terpstra s'est dégagé à 6 kilomètres de l'arrivée d'un groupe fort encore de 11 coureurs pour s'imposer en solitaire après 257 kilomètres.

Le Néerlandais (29 ans), qui s'était classé troisième l'an passé, a signé la plus grande victoire de sa carrière, la sixième d'un coureur des Pays-Bas depuis la création de la course en 1896.

Les Québécois Hugo Houle (AG2R) et Antoine Duchesne (Europcar) ont eu moins de chance.

Paris-Roubaix : Victoire de Terpstra

Duchesne a dans un premier temps abandonné après avoir été touché au genou lors d'une chute impliquant plusieurs coureurs.

« Ma première présence à cette course ne s’est pas déroulée comme je le souhaitais. Après le secteur pavé numéro 20, j’ai foncé dans un poteau sur le bord de la route. Ç’a cogné fort sur une jambe et je devrai être au repos pour quelques jours », a résumé Duchesne sur les réseaux sociaux.

Houle a quant à lui terminé au 142e rang de l'épreuve.

« Content d'avoir terminé mon premier Paris-Roubaix ! Ce ne fut pas facile avec mes deux crevaisons à des moments importants. Je tenais à finir cette course, car c'était la seule classique flandrienne que je n'avais pas terminée. J'ai fini au courage et j'ai mangé du sable », a commenté le cycliste de 23 ans de Sainte-Perpétue sur son compte Facebook.

Vingt secondes après l'arrivée du vainqueur, l'Allemand John Degenkolb s'est adjugé au sprint la deuxième place. Cancellara s'est classé troisième devant le Belge Sep Vanmarcke, le Tchèque Zdenek Stybar et le Slovaque Peter Sagan.

Le Belge Tom Boonen, qui pouvait devenir en cas de succès le seul détenteur du record des victoires, a animé cette édition dans les deux dernières heures. Il a tenté de durcir l'allure puis a attaqué sur les pavés de Beuvry-la-Forêt, à plus de 60 kilomètres de l'arrivée, pour rejoindre l'avant de la course.

L'Anversois s'est démené, souvent en vain, pour inciter ses compagnons à creuser l'écart sur le peloton de Cancellara, qui n'a jamais été pointé à plus de 50 secondes. Le regroupement a fini par s'opérer à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée, avant le dernier secteur pavé difficile (l'Arbre).

Wiggins présent en bonne place

Sagan, parti en avant-garde, a vu alors revenir un quatuor (Vanmarcke, Cancellara, Degenkolb, Stybar). Sur les pavés de l'Arbre, Cancellara et Vanmarcke, les deux premiers de l'édition précédente, n'ont pu se départager. Quelques instants plus tard, un groupe de poursuite a fait la jonction. Avec notamment le vainqueur du Tour de France 2012, le Britannique Bradley Wiggins, présent en bonne place (9e à l'arrivée).

Présents en force à l'avant de la course (Boonen, Terpstra, Stybar), les coureurs de l'équipe Omega Pharma, défaits et parfois moqués pour leur tactique sept jours plus tôt au Tour des Flandres, ont manoeuvré comme à la parade. Terpstra a démarré du côté de Hem sans susciter une autre réaction qu'une brève tentative de Thomas.

"Nous étions trois capables de gagner dans l'équipe. J'ai attaqué et cela a marché. Mais je ne savais pas quelle était mon avance, même en entrant dans le vélodrome", a déclaré ensuite le Néerlandais, tout sourire. "C'est le plus beau jour de ma carrière".

Degenkolb satisfait

Degenkolb, qui a levé les bras en franchissant la ligne, a accédé pour la première fois au podium de Paris-Roubaix. « Je ne pouvais pas espérer mieux aujourd'hui », a-t-il estimé.

Pour Cancellara, en revanche, la troisième place a un autre goût même si le Bernois a préféré souligner qu'il montait pour la... 12e fois sur le podium d'un « monument » (grande classique) du cyclisme.

« C'était vraiment difficile. A cause du vent, d'un changement de vélo qui m'a coûté de l'énergie. Les adversaires étaient forts aussi, comme je l'avais dit », a estimé « Spartacus ».

« J'ai pensé sortir dans le final mais c'était contre le vent et je savais être surveillé de près. J'ai préféré me réserver pour le sprint », a ajouté le Suisse qui a conclu: « Je peux être fier, j'ai fait le maximum. »

Tout comme l'espoir français Arnaud Démare (12e), accablé par les crevaisons et une chute, qui a sprinté pour une 12e place très encourageante sur le vélodrome.