MONTRÉAL - Sébastien Toutant et Maxence Parrot ont apprécié au plus haut point la première expérience olympique de leur carrière, en février dernier. Ils espèrent toutefois que le chemin pour se rendre jusqu'aux JO de Pyeongchang, en 2018, sera moins sinueux que celui qui les a menés à Sotchi.

Car les deux habitués des X-Games et du circuit professionnel du TTR World Snowboard Tour ont dû faire maintes entorses à leur horaire habituel, dans les 18 derniers mois, afin de se qualifier pour les derniers Jeux. Ils ont d participer à des épreuves de la Fédération internationale de ski (FIS), sur le circuit de la Coupe du monde de surf des neiges, afin d'obtenir le droit de participer à la toute première épreuve de slopestyle de l'histoire des Jeux olympiques.

Ce qui est loin d'être idéal, estiment-ils.

« J'avais un horaire qui débordait, je n'avais plus de temps du tout pour m'entraîner », a déploré Parrot lors d'un entretien avec La Presse Canadienne en compagnie de Toutant, mercredi, alors que les deux jeunes planchistes québécois s'apprêtent à prendre part au Ride Shakedown à Saint-Sauveur, ce week-end.

« Il y aurait des petites choses à ajuster, a ajouté Parrot. La qualification aux Jeux se fait par la FIS. La FIS offre des compétitions qui sont importantes dans le contexte du ski mais en snowboard, les manches de la FIS sont des compétitions d'amateurs, où on retrouve les 'riders' qui ne sont pas capables d'obtenir une invitation aux grands événements (du circuit professionnel). »

« Aucun 'rider' n'a intérêt à y participer parce que ce ne sont pas les compétitions les plus relevées, a renchéri Toutant, qui n'a d'ailleurs participé à aucune étape de la Coupe du monde, cet hiver, étant donné qu'il a gagné sa place avec l'équipe canadienne dès la saison 2012-2013 en vue des JO de 2014. Pourquoi ajouter des événements et d'essayer d'y attirer les meilleurs quand, aux événements qui sont déjà là (sur le circuit pro), les meilleurs y sont?

« Et pour nous, ça ne fait aucun sens que nos événements soient contrôlés par des gens spécialisés en ski », a ajouté Toutant.

« Alors on aimerait avoir des qualifications qui passent par le TTR World Snowboard Tour, notre circuit à nous, l'année avant les prochains Jeux, pour qu'on n'ait pas besoin de changer tout notre horaire pour les Jeux olympiques », a par ailleurs affirmé Parrot.

Ce dernier et Toutant sont toutefois d'accord pour dire que les JO ont un rôle très important à jouer dans le développement de leur sport. Les Jeux de Sotchi ont d'ailleurs eu un impact immédiat sur le rayonnement et la crédibilité des adeptes du slopestyle, disent-ils.

« Tout le monde est sorti gagnant des Jeux olympiques. Même celui qui a terminé dernier, a souligné Parrot, qui a fini cinquième à Sotchi, deux semaines après avoir remporté deux titres aux X-Games. Le monde entier a regardé, ç'a davantage fait parler de nous. Le nombre d'abonnés sur nos comptes de réseaux sociaux a augmenté. »

C'est ainsi que Parrot s'est retrouvé avec 13 000 abonnés sur Twitter, alors qu'il en avait 600 avant les Jeux. Sur Instagram, il est passé de 4000 à 10 000 après ses victoires aux X-Games, puis à 22 000 après les JO.

« Les gens qui pensaient qu'on était des 'bums' ont réalisé à quel point on est des athlètes de niveau professionnel, a noté Toutant. Ils ont vu (aux JO) que ce qu'on fait, c'est risqué et calculé, c'est beaucoup d'heures d'entraînement au fil des ans. Ç'a prouvé qu'on a non seulement notre place aux Jeux olympiques, mais en plus on donne un bon spectacle. »

Foi de Parrot et Toutant, il y aura aussi un bon spectacle au Ride Shakedown, qui en sera ce week-end à sa 13e présentation. Les deux planchistes québécois feront partie d'un contingent d'une quarantaine d'athlètes professionnels de calibre international qui prendront part à la compétition de samedi. Vendredi, des amateurs seront invités à montrer leur savoir-faire et à tenter de se qualifier pour l'épreuve du lendemain.

C'est d'ailleurs de cette manière que s'est révélé Toutant, il y a huit ans, quand il n'avait que 13 ans. Il avait remporté l'épreuve principale après être passé par la ronde amateur.

« C'est là que tout a commencé pour moi, que j'ai commencé à voyager un peu partout dans le monde, a-t-il déclaré. C'est tellement plaisant d'y revenir à chaque année, il n'y a aucun stress pour les 'riders'. C'est un format 'jam', la foule est exceptionnelle et à chaque année, il y a une rampe différente.

« Je me rappelle qu'en 2011, à l'atterrissage après une descente, j'avais quasiment senti le sol bouger tellement il y avait de bonnes vibrations dans la place, a dit Parrot. Le public a tellement d'occasions d'interagir avec les 'riders' que tout le monde a le sourire toute la journée. »