Dans son deuxième reportage sur le dopage sportif, notre collègue Sébastien Boucher s'est intéressé à l'attitude de l'amateur de sport vis-à-vis le dopage.

L'amateur veut-il vraiment savoir si son idole est dopé? Est-il sincère lorsqu'il se dit outré par le scandale de dopage mis au jour? Prend-il en considération l'intégrité et la santé de l'athlète lorsqu'il consomme son divertissement sportif?

L'amateur de sport ne se gêne pas pour crucifier l'athlète fautif et souvent il accuse les fédérations, les ligues et même les médias de complicité dans le dopage sportif.

Mais qu'en est-il de son attitude à lui, l'amateur, face à cette problématique.

«D’après moi, les spectateurs s’en foutent un peu», a jugé Bruny Surin.

«La plupart des amateurs se doutent de ce qui se passe, mais ils ne veulent pas le voir pour éviter que son spectacle soit gâché», a indiqué l’analyste d’athlétisme Jean-Paul Baert.

«L’histoire le démontre, le baseball est plus populaire que jamais et on continue de suivre le Tour de France comme jamais. L’athlétisme, et surtout le 100 mètres, demeure l’épreuve reine», a observé l’expert en marketing sportif, Jean Gosselin.

«Maintenant, les amateurs veulent voir Usain Bolt courir en 9,4 secondes ou même en 9,3 secondes. Si Bolt doit prendre de la drogue pour courir en 9,2 secondes, les amateurs vont lui dire d’en prendre parce qu’ils veulent voir cela. C’est rendu à ce point!», a noté Surin. Des partisans du baseball critiquent Barry Bonds«Malheureusement, les considérations éthiques n’entrent pas en ligne de compte dans la décision des partisans de consommer son divertissement sportif ou non», a fait remarquer Gosselin.

«Je vais vous donner une image qui peut paraître horrible. Si on organise un combat avec 12 participants au Stade olympique et qui doit en rester un seul à la fin et que les combattants ont le droit de se tuer, de s’égorger, de s’étrangler avec des couteaux, on remplirait le stade », a déploré la Dr. Christiane Ayotte de l’Agence mondiale antidopage.

Comment expliquer qu'au moment où le scandale éclate, l'amateur ne perd pas une seconde pour exprimer son indignation...

«C’est de bon ton de se dire contre le dopage, mais je ne crois pas que l’amateur est si outré que cela par cette réalité», a indiqué Gosselin.

«Quand Ben (Johnson) s’est fait prendre pour dopage, tous les amateurs le réclamaient à son retour au pays. Quand il a repris la compétition, il obtenait tout l’argent et l’attention des médias ainsi que des spectateurs», a rappelé Surin.

Cette attitude des amateurs pourrait expliquer la réticence des dirigeants à s'attaquer réellement au dopage.

«C’est un bon vieux principe de marketing, le client a toujours raison. Tant et aussi longtemps que les gens vont acheter des sports dopés, pourquoi on s’en priverait et surtout des revenus reliés à cela», a conclu Gosselin à propos des dirigeants.

Des partisans critiquent Barry Bonds