Si la joueuse de tennis Rebecca Marino et des joueurs du Canadien ont été la cible de critiques graves via les réseaux sociaux, certains athlètes, plus en vue que d'autres, sont carrément victimes de harcèlement.

 « Il y a une de nos joueuses ici qui reçoit des textes du même gars qui est en amour. Mais ça peut être le même message 50 fois, "J'ai rêvé à toi", mais elle en rit », révèle l’entraîneur de tennis Simon Larose.

La joueuse, qui tient à conserver l'anonymat, aurait plusieurs recours pour se protéger, car ce type de harcèlement est interdit selon le Code criminel du Canada. L'association mondiale de tennis féminin, la WTA, exige aussi de ses joueuses de signaler toute forme de cyberintimidation.

 « Même que si tu ne le rapportes pas, tu peux être suspendu toi-même pour ne pas l'avoir rapporté, surtout si quelque chose pouvait t'arriver », ajoute Larose.

Heureusement, ce ne sont pas tous les athlètes qui reçoivent ce type de commentaires. Toutefois, les messages négatifs sont monnaie courante.

« Il y a des commentaires négatifs parce que parfois tu ne joues pas toujours bien, mais ce n'est pas négatif au point de bloquer une personne », note le milieu de terrain de l’Impact de Montréal Patrice Bernier.

« Tu ne peux pas être aimé de tout le monde. Il y a un con qui va sûrement dire des mauvais commentaires », renchérit le boxeur Adonis Stevenson.

« Nous avons des messages haineux, gratuits, mais ça fait partie de la jalousie. » Le flamboyant Jean Pascal ne laisse personne indifférent. Très actif sur Twitter, le boxeur concède que les commentaires négatifs peuvent parfois l'affecter.

« Après une mauvaise journée, si on lit un commentaire désobligeant, ça peut nous affecter plus que si on passe une bonne journée. Mais il faut mettre ça de côté. Ces gens-là ne m'empêchent pas de dormir la nuit, et au lieu de s'occuper de moi, ils devraient s'occuper d'eux », juge Pascal.

Ces commentaires pertinents ou gratuits peuvent cependant laisser des traces. On parle alors cyberintimidation.

« C'est important de ne pas négliger l'impact de la cyberintimidation », insiste la psychologue Marie-Anne Sergerie. Même si les athlètes se distinguent du reste de la population, ils peuvent être affectés par les attaques sur le web.

« L'intimidation pour certaines personnes peut causer des troubles d'anxiété. Ils vont être préoccupés par ce que les gens peuvent dire ou écrire », explique Mme Sergerie.

L'athlète ciblé doit garder son sang-froid, et si possible ignorer ces attaques.

« Ne pas les lire, en faire abstraction, et peut-être se recentrer sur la performance comme telle », recommande Mme Sergerie.

Cette dernière constate par ailleurs un autre phénomène : la désinhibition des communications. Et les athlètes ne sont pas que des victimes de ce phénomène. Ils peuvent parfois être à la base du problème, et plonger leur organisation dans l'embarras. Jean-Luc Legendre se penchera sur la question mercredi.

*D’après un reportage de Jean-Luc Legendre