CARDIFF - Sébastien Loeb (Citroën C4) a creusé l'écart en tête du rallye de Grande-Bretagne, faisant passer de cinq à 30 secondes, en six épreuves spéciales et 140 km chronométrés, son avance sur Mikko Hirvonen (Ford Focus), l'autre candidat au titre mondial.

Le quintuple champion du monde a assommé la course, et surtout son adversaire, en moins d'une heure : 10 puis 12 secondes de déficit dans les deux spéciales les plus courtes de la matinée, l'ES8 (Crychan 1, 15 km) et l'ES9 (Halfway 1, 18 km).

"Il avait bien plu mais on commençait à avoir une bonne visibilité", a raconté Loeb. "Je suis parti bien énervé dans l'ES8 après ce qu'il m'avait mis dans l'ES7. Vu que ça marchait, je me suis dit : on continue!"

Tout avait effectivement bien commencé pour Hirvonen, parti à l'aube dans une Focus sur laquelle la transmission avait été changée, et auteur du premier temps scratch du jour, dans l'ES7 (Rhondda 1, 35 km). De quoi revenir à trois secondes d'un Loeb perturbé par une branche accrochée à son essuie-glace, "ce qui gênait un peu la visibilité".

"À force de revenir seconde par seconde, il allait être devant. Ça a volé, j'étais en confiance totale. Je suis allé chercher les freinages très tard. La prise de risque est là quand on aborde une épingle à 180 km/h s'il y a un fossé en face. Et quand on freine au mètre près, il ne faut pas être surpris par une plaque de boue".

"Ce qui est sûr, c'est qu'on a dégoupillé", a confié Daniel Elena, "le courageux à côté de Loeb", selon la formule trouvée par le speaker du rallye. Une analyse confirmée par le beau-père de Loeb, spectateur attentif le matin d'un gendre qu'il n'avait jamais vu passer aussi vite dans des spéciales.

Titre en vue?

Médusé, Hirvonen a d'abord cherché une explication rationnelle à ses déboires du matin : "Quelque chose ne fonctionne pas normalement. On n'a pas la puissance habituelle quand on sort d'un virage ou dans une grande ligne droite", a lâché le Finlandais avant de rentrer sa Focus sous la bâche Ford, pour 30 minutes d'assistance.

"Ce n'est pas un pilote qui se plaint souvent, donc on avait tendance à le croire", a dit Christian Loriaux, le directeur technique. "Comme il avait eu des problèmes d'arbre de roue vendredi soir sur la liaison routière, il a pensé que ça se reproduisait. Alors on a tout démonté... et on n'a rien trouvé".

"Déçu, Mikko est reparti les bras baissés. C'est la première fois qu'on le voyait aussi démotivé", a confié Loriaux. "J'aurais vraiment préféré qu'on trouve quelque chose !", a ajouté Malcolm Wilson, le grand patron.

Hirvonen est reparti pour un tour... et pour un résultat identique : un temps scratch pour lui (ES10), deux pour Loeb (ES11, ES12), dans les mêmes spéciales. Avec une grosse différence : cinq secondes de perdues, au lieu de 25 dans la matinée. Une réaction de champion.

Trente secondes, Hirvonen aura bien du mal à les rattraper dimanche matin, en quatre spéciales et 80 km. Le 6e titre mondial de Loeb est en vue, même si "tout peut toujours arriver, car c'est du rallye. Ce sera long, il y aura de la boue, un problème mécanique est toujours possible", a rappelé Elena samedi soir.