MONTE-CARLO (AFP) - Qui jouera la finale de Roland-Garros face à Rafael Nadal semble, à cinq semaines de l'événement, l'unique question qui subsiste, vu la nouvelle démonstration de force de l'Espagnol au tournoi de tennis de Monte-Carlo qu'il a remporté pour la deuxième fois dimanche.

Les raisons de croire à un doublé du N.2 mondial à Paris.


= Un sens inné de la terre battue

Elevé sur terre battue, le Majorquin en connaît toutes les subtilités. Même s'il est également très à l'aise sur dur, ses armes s'y expriment le mieux. Son coup droit d'abord, puissant et extrêmement lifté, qui rebondit très haut et qu'il frappe de tous les angles. Son jeu de défense ensuite, qui lui permet de rattraper des balles inimaginables. D'autant que, doté d'un coup d'oeil remarquable, il lit parfaitement les trajectoires adverses. Son revers étant également très correct, son service constitue sa seule faiblesse, mais cela n'a qu'une importance toute relative sur terre battue.


= Il est gaucher

Des 30 premiers mondiaux avant Monte-Carlo, on ne recense que deux gauchers. Le Finlandais Jarkko Nieminen et Nadal. Pour l'Espagnol, l'avantage est certain: il est habitué à rencontrer des droitiers à longueur d'année, ses adversaires, en revanche, sont déroutés dès qu'ils tombent sur lui. Federer a mis la perte du premier set dimanche sur le compte de cette particularité. D'autant qu'avec son énorme coup droit, Nadal trouve le revers de ses adversaires en diagonale, tactique dont il use et abuse, notamment face au N.1 mondial.


= Un physique indestructible

Il est increvable. Son endurance et sa force sont des ingrédients essentiels pour la mise en pratique de son jeu. C'est grâce à ses muscles qu'il peut imposer un tel lift pendant des heures. C'est également grâce à eux qu'il peut jouer la sécurité, puisqu'il sait qu'il finira l'échange plus frais. Grand (1,85 m), costaud (85 kg), mais rapide sur ses jambes, il est parfaitement armé pour son travail de démolition. "C'est une bête, soupire l'Argentin Guillermo Coria. Sur terre battue, c'est le joueur le plus éprouvant qu'on puisse rencontrer."


= Un mental en carbone

C'est simple, on ne l'a pas encore vu craquer. L'année dernière, il a remporté Roland-Garros sans ciller, alors que tout le monde l'attendait. Plus jeune vainqueur de l'histoire de la Coupe Davis, il donne l'impression d'être encore plus solide dans les grandes occasions. Il a ainsi remporté les onze dernières finales auxquelles il a participé. En pleine confiance, il n'a peur de rien. "Si je suis à 100%, je sais que j'ai de bonnes chances de gagner", a-t-il déclaré dimanche.


= Des adversaires en déroute

Hormis Federer voire l'Argentin Gaston Gaudio, personne ne semble en mesure de l'inquiéter. Et il serait étonnant que cela change en cinq semaines. Qui pourrait le battre ? Sans doute un Marat Safin des grands jours ou un Gustavo Kuerten du temps de sa splendeur. Le problème c'est que le premier est continuellement blessé et le second en préretraite. Les autres (Coria, Ferrero, Moya, ...) sont vieux ou très loin de leur forme d'antan et ont tous été brisés mentalement par Nadal. Il est probable qu'eux-mêmes n'y croient plus.


= Un ascendant sur Federer

Le Suisse assure nourrir aucun complexe mais les faits sont là: Nadal n'a plus perdu contre lui depuis plus d'un an et gagné leurs trois derniers matches. Le Majorquin a certes un énorme respect pour Federer mais, sur terre battue, c'est lui le N.1. Le Suisse sait que pour le battre à la régulière, il faudra qu'il joue à la perfection du début à la fin, ce qui, même pour lui, est un sacré pari.


= Les statistiques plaident en sa faveur

Nadal a décroché dimanche sa 42e victoire de suite sur terre battue est n'est plus qu'à quelques longueurs des records de Björn Borg (46) et Guillermo Vilas (53). S'il réédite son parcours de l'année dernière (victoires à Monte-Carlo, Barcelone, Rome, Roland-Garros), il rentrera dans l'histoire. Le Majorquin sait également que six des treize derniers vainqueurs à Monaco ont gagné dans la foulée à Paris, où les conditions de jeu sont similaires. Il a tout pour lui.