PARIS - Pour la deuxième fois de la quinzaine, Roger Federer a refusé de mourir sur la terre battue parisienne. L'abnégation de l'ancien numéro un mondial lui a offert une occasion en or de triompher, dimanche, à Roland-Garros, pour la première fois de sa carrière et d'égaler le record de 14 victoires en Grand Chelem détenu par Pete Sampras.

Federer, qui pourra briguer en cas de succès le titre officieux de meilleur joueur de tous les temps, rencontrera la surprise du tournoi Robin Soderling, 23e tête de série et tombeur du quadruple tenant du titre Rafael Nadal en huitièmes de finale, face auquel il n'a jamais perdu en neuf confrontations.

Le numéro 2 mondial suisse a dû livrer son deuxième match en cinq sets du tournoi pour atteindre une quatrième finale consécutive à Roland-Garros aux dépens de l'Argentin Juan Martin del Potro (5), qui s'est incliné 3-6, 7-6 (2), 2-6, 6-1, 6-4 après un combat acharné de trois heures et 29 minutes.

Federer, battu par sa bête noire Nadal lors des trois finales précédentes, est resté une minute de plus sur le court que Soderling, qui a lui aussi dû se bagarrer pour écarter le Chilien Fernando Gonzalez (12) 6-3, 7-5, 5-7, 4-6, 6-4 dans l'autre demi-finale.

"Si je gagne la finale en plus de ça, ce sera très fort, a réagi Federer à sa sortie du court. Il me reste encore un pas (à faire). Je suis tellement satisfait d'être encore revenu. Pendant un moment, il a très bien joué, j'ai peut-être été un peu chanceux mais je me suis battu."

Federer, qui a gagné tous les titres du Grand Chelem sauf Roland-Garros, avait déjà dû batailler cinq manches en huitièmes de finale avant d'éliminer l'Allemand Tommy Haas après avoir remonté un handicap de deux manches.

En se qualifiant pour une 19e finale dans un tournoi majeur, le Suisse a égalé le record détenu jusqu'à présent par Ivan Lendl.

Face à Federer, le géant Del Potro (1,98 mètre) a très bien débuté, mettant le Suisse en difficulté grâce à ses premières balles régulièrement servies à plus de 200 km-h. Il a réussi le match parfait jusqu'au bris d'égalité de la deuxième manche dans lequel il a commis cinq fautes directes qui lui ont été fatales.

Multipliant les coups d'attaque gagnants, Del Potro a de nouveau bousculé le favori du public dans la troisième manche avant d'abandonner pour la première fois son service dans le 4e set après 2h30 de match pour se retrouver mené 3-1. Del Potro, âgé de 20 ans seulement, a perdu ses deux jeux de service suivants, permettant à Federer d'empocher sept jeux d'affilée et de se détacher 2-0 dans la manche finale.

Le Suisse a tremblé une dernière fois quand del Potro est revenu à 3-3 en réussissant deux revers consécutifs pleine ligne mais les espoirs de victoire de l'Argentin se sont envolés dans le jeu suivant quand il a abandonné sa mise en jeu sur une double faute.

Federer a conclu le match à sa deuxième balle de match, après deux attaques de coup droit magistrales.

"Il est jeune et triste, c'est dur, a déclaré Federer à propos de Del Potro, après l'avoir chaleureusement félicité au filet.

"C'est très difficile pour moi d'analyser le match, parce que je suis très triste, a commenté l'Argentin en conférence de presse, visiblement très ému. C'était un long match, très serré. J'ai eu mes occasions."

Del Potro n'avait jamais pris de set à Federer lors de leurs cinq matches précédents.

Federer mène 9-0 dans ses face-à-face avec Soderling, qui jouera dimanche la première finale d'un tournoi sur terre battue de sa vie.

"J'ai des statistiques impressionnantes contre lui mais il a fait un match exceptionnel contre Gonzalez, il a été impressionnant, a dit Federer a propos de son futur adversaire suédois. Il le mérite aussi, car c'est lui qui a battu Rafa, qui était l'homme à battre."

Soderling a su garder la tête froide pour résister au retour de Gonzalez.

"J'ai une chance, a estimé Soderling à propos de sa finale contre Federer. J'ai souvent perdu contre lui mais les scores étaient très serrés. Il va être favori, mais Nadal était aussi le favori contre moi."

Soderling n'avait jamais dépassé le troisième tour lors de ses 21 précédents tournois du Grand Chelem avant son parcours de rêve à Paris. Face à lui, le gros frappeur Gonzalez a touché du doigt la deuxième finale d'un tournoi du Grand Chelem de sa carrière en ne se décourageant pas malgré l'avalanche de coups gagnants qui lui est tombée dessus pendant plus de deux manches.

Il a su saisir sa chance dès que Soderling, en pleine réussite en début de rencontre, a baissé d'un ton et a ensuite donné l'impression de gagner la bataille psychologique quand Soderling s'est mis à arroser le court en multipliant les fautes directes. Mais l'élève de Magnus Norman, dernier finaliste suédois à Paris avant lui en 2000, a trouvé un second souffle après avoir été mené 4-1 dans le cinquième set pour finalement se qualifier.

"J'ai fait du bon boulot en revenant, a déclaré Gonzalez. Mais Soderling joue à un très haut niveau. Il est sur toutes les balles. Je ne pouvais pas le prendre de vitesse."

Le Suédois s'est qualifié pour la finale sous les yeux de son compatriote Bjorn Borg, sextuple vainqueur du tournoi.

"Il pourrait me donner quelques conseils sur la façon dont je peux gagner ici", a plaisanté Soderling.