SAINT-ETIENNE - L'Ecosse a célébré le baptême du modeste Portugal en Coupe du monde de rugby en lui infligeant une défaite logique (56-10) ponctuée de huit essais, dimanche à Saint-Etienne, où les amateurs lusitaniens, généreux dans l'effort, se sont farouchement défendus.

Contrairement au Japon face à l'Australie samedi à Lyon (91-3), les Portugais n'ont pas craqué en fin de match, résistant jusqu'au bout, relançant les ballons, défendant comme si leur vie en dépendait avec des plaquages aux chevilles qui n'ont plus cours aujourd'hui dans le rugby moderne.

Leurs troisièmes lignes, notamment le capitaine Vasco Uva - désigné homme du match - et son cousin Joao Uva, ont été exemplaires, héroïques de courage stérile.

Mais l'histoire retiendra le nom de Pedro Carvalho comme héros national. C'est lui qui a marqué les premiers points de son pays sur la scène mondiale avec le seul essai des "Loups" (28e). A voir leur démonstration de joie après cet "exploit" - alors qu'il perdait déjà 21-0 -, on comprenait leur immense et légitime fierté. Comme leur sincère émotion au moment poignant des hymnes.

"Je crois que le monde du rugby s'attendait à une plus large défaite de notre part et ne s'attendait pas à une équipe portugaise aussi physique. Nous avons tenu tout le match", s'est félicité le sélectionneur Tomaz Morais.

"Le Portugal a joué une finale de Coupe aujourd'hui et ils ont tout fait pour nous rendre la victoire difficile, ils peuvent être fiers d'eux", a souligné son homologue écossais Frank Hadden.

Vrai match de rugby

Mais l'Ecosse était bien plus forte et David ne pouvait pas gagner contre Goliath. Dès le début, le Portugal s'est retrouvé devant une équation impossible à résoudre: comment stopper une ligne d'arrières écossais à 100 kg de moyenne quand son propre cinq de derrière affiche 85 kg de moyenne sur la balance ?

De fait, si les Portugais se sont montrés très présents défensivement dans le jeu au ras, ils ont été aux abonnés absents dans la défense au large.

Le talentueux arrière Rory Lamont en a profité pour percer deux fois la défense en quatre minutes (12e, 15e). Les Ecossais ont vite pigé la faiblesse portugaise. Puis Parks a offert un 3e essai tout cuit au talonneur Lawson, seul en bout de ligne, d'une passe au pied sur toute la largeur (24e).

Impossible pour les trois-quarts lusitaniens d'arrêter Webster "le dragster" sur le 6e essai de Southwell (59e). Pas plus que Parks, trois minutes plus tôt.

Dans tous les autres secteurs, sauf peut-être en touche, où l'Ecosse est en général brillante, les Portugais ont offert un vrai match de rugby.

Pas assez, évidemment, pour faire peur aux All Blacks, samedi à Lyon, mais largement suffisant, assurément, pour gagner le respect de la planète ovale.