AUCKLAND - L'ouvreur des All Blacks, Dan Carter, débutera samedi le choc du Mondial face à la France en laissant de côté les bons souvenirs de son expérience à Perpignan (D1 française/Top 14) en 2009 et les mauvais de l'élimination en quart de finale de l'édition 2007.

C'est LE rendez-vous de la phase de poule attendu par la Nouvelle-Zélande et le monde du rugby. Et Carter, ménagé la semaine dernière pour des douleurs au dos, n'était pas sûr de le disputer. L'annonce de sa titularisation a rassuré tout le monde.

« Ça s'améliore de jour en jour. J'avais comme un spasme au bas du dos. Il a fallu le gérer cette semaine parce que forcer dessus aurait pu aggraver la chose. Je suis confiant, il n'y aura aucun problème au moment du match », affirme le joueur de 29 ans.

Sa dernière blessure face aux Français avait pesé lourd, le 6 octobre 2007 en quart de finale de Coupe du monde. Touché à un mollet la semaine précédant la rencontre, il n'avait pas brillé à Cardiff et avait même dû quitter ses partenaires à la 56e minute. Treize minutes plus tard, les Français avaient marqué un essai décisif que les All Blacks ne parvinrent jamais à remonter (20-18).

Toute la Nouvelle-Zélande s'était alors demandée ce qui ce serait passé si son chouchou avait été à 100% de ses moyens... « Ce n'est pas une excuse », balaye quatre ans plus tard l'entraîneur-adjoint, Steve Hansen.

Avant sa 85e sélection, Carter affirme ne pas ressasser cette défaite. « Personnellement, je n'ai pas du tout repensé à ce match, confie-t-il. Je me concentre sur le match de ce week-end et c'est un tout autre défi. J'ai joué contre les Français depuis et je n'y ai pas pensé. »

Champion de France

En novembre 2009, à Marseille (France), il avait fait étalage de son talent face à des Français impuissants (39-12) en inscrivant 14 points et en se livrant surtout à un festival de gestes techniques au pied et à la main. Car Carter n'est pas seulement un buteur redoutable - il est le meilleur marqueur de l'histoire du rugby (1238 points, presque 15 de moyenne par match) - il a aussi une vision du jeu sans pareille, servie par une précision d'exécution et un sang-froid redoutables, et est un féroce défenseur.

Pour son retour en France quelques mois après son expérience à Perpignan conclue, malgré une blessure à un tendon d'Achille, par un titre de champion de France, il ne s'était pas répandu en sentiments. Il ne le fera pas plus samedi et n'évoque ses souvenirs que sous l'angle professionnel.

« Il faut se méfier des Français, ils sont dangereux et imprévisibles et jouent avec beaucoup de passion. Ils adorent jouer contre les All Blacks, ce sera un énorme rendez-vous pour eux », prévient-il.

« Il faut que nous ayons confiance dans notre système défensif. Si ce n'est pas le cas, ils exploiteront la moindre brèche. Ils mettent aussi beaucoup de fierté dans l'engagement physique, un secteur où ils pensent qu'un match se gagne ou se perd », précise-t-il.

Jeudi, Carter a toutefois trahi un sourire quand, interrogé sur l'ambiance particulière du vestiaire à Perpignan, il a raconté : « C'est un peu une bande de fous là-bas. En France, avant le match, ils se réunissent en rond et se remontent entre eux. Je pense qu'ils le feront cette semaine dans le vestiaire. »

Dans ce match au parfum particulier, plusieurs duels sont particulièrement attendus, entre le troisième ligne et capitaine néo-zélandais Richie McCaw, premier All Blacks à atteindre les 100 sélections, et son homologue Thierry Dusautoir. Entre l'ouvreur de classe mondiale Dan Carter et le novice mais ambitieux Morgan Parra. Pour une nouvelle page d'histoire à l'Eden Park d'Auckland, où les All Blacks n'ont pas perdu depuis 1994. C'était face à la France...