BUENOS AIRES - Le nouveau sélectionneur des Pumas, Daniel Hourcade, est précédé d'une flatteuse réputation d'apôtre du beau jeu. Mais elle ne lui servira à rien s'il n'inverse pas au plus vite le cycle de défaites dans lequel l'Argentine est engluée.

Hourcade, surnommé « El Huevo » (l'oeuf), savait que la tâche serait ardue lorsqu'il a succédé à Santiago Phelan, démissionnaire, à quelques jours de la tournée d'automne.

De fait, il a entamé sa mission par une défaite logique, samedi, à Twickenham (31-12).

Mais ce sera tout pour les certitudes.

Car s'il a reçu l'assurance de continuer jusqu'au Mondial-2015, ce ne sera pas forcément comme numéro 1. La Fédération argentine ne cache pas qu'elle cherche un coach étranger de gros calibre.

« Pour Hourcade, tout dépendra de la tournée. Si l'Argentine fait une bonne tournée, la recherche d'un entraîneur étranger va se dissiper », estime Andrès Courrèges, un ancien talonneur des Pumas dans les années 1980, selon lequel Fabien Galthié, entraîneur de Montpellier (France), a décliné une offre argentine.

Les résultats, donc, passeront avant le spectacle.

Or, après la 3e défaite de la saison contre l'Angleterre - ennemie jurée des Argentins depuis la guerre des Malouines - le programme est compliqué.

La connaissance des joueurs

Les Gallois, vainqueurs du dernier Tournoi des six nations, se dresseront dès samedi sur la route des Pumas, qui viennent d'encaisser six défaites en six rencontres dans le Four Nations face aux géants de l'hémisphère sud (Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Australie).

Un défi majeur pour Hourcase, Argentin d'origine française, ancien demi de mêlée, qui a fait ses armes dans les sélections de jeunes, au Portugal et en Afrique du Sud, après un passage en France à Rouen et à la tête du club universitaire de Tucuman.

Sa première décision aura été de désigner son numéro 8 Juan Manuel Leguizamon comme capitaine. Objectif : réunifier des Pumas divisés en clans et accablés par les défaites.

Il dispose au moins d'un atout de premier plan : tous ses joueurs ou presque sont passés entre ses mains dans les équipes de rugby à 7 et de jeunes à XV de la Fédération argentine (UAR), et en Afrique du sud.

Le reste, c'est une réputation.

Comme celle qu'il s'est bâtie à Rouen pendant la saison 2008/2009. « Pendant les entraînements, il n'avait qu'un mot à la bouche : 'la velocidad' (la vitesse, ndlr) », se souvient l'ancien pilier Grégoric Bouly.

Hourcade n'a pas oublié. « C'était un rugby de contact, la philosophie était de détruire l'adversaire. Moi j'aime construire des actions, envoyer du jeu. »

D'abord consolider la défense

Mais ce n'est pas la philosophie du jeu qui l'a hissé au sommet. A 55 ans, il présentait d'abord l'avantage d'être sous contrat avec l'UAR et d'être immédiatement disponible, alors que le départ de Phelan laissait une sélection à l'abandon au pire moment.

Jorge Busico, expert du rugby argentin, le voit davantage en cadre technique qu'en patron. Il loue sa volonté de produire du jeu. « Mais d'abord, insiste-t-il, il faut consolider la défense, qu'elle redevienne la force de l'équipe, et ensuite penser à attaquer. »

Peut-être faut-il chercher du côté du pedigree. « Je suis d'origine basque, mon grand-père était de Pau », dit Hourcade avec un grand sourire, en s'excusant de ne pas maîtriser le français et sans savoir qu'il confond - faux pas majeur - Basques et Béarnais.

De quoi, en tout cas, le remettre naturellement sur le droit chemin du combat.

Souriant, réputé pour sa ténacité et sa fermeté, il doit convaincre au plus vite. Et cela ne passera que par des victoires. En 2013, les Pumas n'en ont enregistré qu'une, sur un total de dix rencontres, contre la très modeste Géorgie.