LONDRES (AFP) - Un grand vide guette le pays de Galles, menacé de finir dernier du Tournoi des six nations de rugby un an après avoir effectué le Grand Chelem, de perdre un deuxième entraîneur en à peine plus d'un mois, et embarqué dans une instabilité générale inquiétante.

L'éventualité n'est pas seulement comptable. Elle tient aux sensations laissées par chacun depuis le début de Tournoi. Rien n'interdit d'imaginer que le pays de Galles n'échappe à une dernière place qui semblait ne pouvoir échouer qu'à l'Italie.

S'ils perdent samedi face à la France et que l'Italie dispose de l'Ecosse, les Gallois seraient rejetés aux tréfonds du classement. Un mur de honte s'abattrait sur le XV du Poireau, qui s'imaginait encore en janvier lutter pour conserver son précieux trophée.

Les absences de tous ordres, blessures, suspensions, ne sont pas à négliger dans le constat d'impuissance galloise. Mais l'impéritie de dirigeants fédéraux qui ont laissé souffler un vent de panique au beau milieu du plus important rendez-vous de l'année apparaît fondamentale.

Soubresauts

Le départ de Mike Ruddock a secoué dans tous les sens le landernau gallois. L'entraîneur est parti comme il était arrivé, dans la confusion. Il n'avait pas postulé en 2004 à la succession du Néo-Zélandais Steve Hansen, après avoir été snobé en 1998.

Cette année-là, le poste lui avait été promis, mais, tombé du ciel, un autre Néo-Zélandais, Graham Henry, avait eu préséance. Echaudé, il n'avait pas souhaité renouveler l'expérience six ans plus tard. Pourtant, c'est lui que l'on avait finalement rattrapé par le col.

Mais son aura née d'un premier Grand Chelem en 27 ans n'a pas résisté aux soubresauts congénitaux du rugby gallois. Il a abandonné le 14 février, après seulement deux journées, son poste officiellement pour "raisons familiales", mais au milieu de rumeurs jamais vraiment élucidées de prise de pouvoir des joueurs.

Ceux-ci auraient poussé à l'avant-scène l'Australien Scott Johnson, adjoint de Ruddock en charge de la technique individuelle, auquel tous semblent vouer la plus profonde admiration. Cette espèce de double de l'acteur français Gérard Depardieu, détonne par son allure et son franc-parler.

Revers de fortune

Mais sans expérience d'entraîneur principal, il n'a pas épargné au XV du Poireau de nouveaux revers de fortune. Il doit surtout démontrer que sa proximité avec les joueurs -"Entraîner pour moi n'est pas différent d'être parent, dit-il. Je regarde les joueurs comme si c'était mes enfants."- est plus un atout qu'un handicap.

Sans doute avait-il rêvé de débuts plus heureux qu'une défaite en Irlande (5-31) et un nul face à l'Italie (18-18). Mais même s'il reste perçu comme la solution idoine par les joueurs et la Fédération, il n'est pas certain de rester au pays de Galles.

Sa mission prendra fin avec le Tournoi et des raisons familiales -il a perdu sa femme d'une leucémie il y a 16 ans et a une fille de 21 ans et un fils de 17 ans-, ainsi qu'un contrat d'adjoint avec l'équipe d'Australie, pourraient le convaincre de rentrer dans son pays natal.

A un an et demi de la Coupe du monde, quelques migraines sont promises aux responsables gallois. Le respecté entraîneur de Llanelli, Gareth Jenkins, ne souhaite ainsi pas travailler avec eux et les candidats légitimes ne sont pas légion. Le temps manque déjà pour recoller les morceaux brisés du beau jouet confectionné l'an passé.