PARIS (AP) - Le Quinze de France ne gagnera vraisemblablement pas le Tournoi des Six Nations, mais pour le moins veut-il réussir sa sortie samedi à Rome face à l'Italie, lanterne rouge du classement et menacée de la cuillère de bois.

"L'équipe doit gagner ce dernier match, ce qui nous ferait un bon bilan mais aussi y mettre le contenu en confirmant ses progrès", résume l'entraîneur tricolore Bernard Laporte.

Troisième du tournoi à égalité de points avec l'Irlande (2e) et à deux longueurs du leader gallois, la France doit au moins battre l'Italie pour espérer garder son titre européen.

Le reste appartient au Pays de Galles et à l'Irlande qui commenceront à en découdre à Cardiff pratiquement à l'heure où les Bleus espèrent lever les bras en signe de succès sur le coquet stade de Flaminio.

Avec quatre victoires au compteur, les Gallois sont les seuls à encore pouvoir faire le Grand Chelem. Avec une différence de points bien supérieure (+62) à celles de l'Irlande (+37) et de la France (+9), ils ont aussi une autre chance de finir en tête, même si l'Irlande réalise l'exploit de l'emporter.

"On va en Italie pour gagner et si possible s'imposer largement pour terminer sur une note positive", rappelle Jo Maso, manager de l'équipe de France. "Mais le Pays de Galles a fait ce qu'il fallait pour réaliser le Grand Chelem et s'il perd, ce ne sera pas de cinquante points".

Si la motivation venait à manquer aux Français, les Transalpins se chargeront de leur rappeler que pour eux il s'agit d'un "gros match". Fort d'un calendrier offrant trois matches à domicile à son équipe, John Kirwan, l'entraîneur de l'Italie, ambitionne une performance inédite de deux succès dans le Tournoi. Samedi, les Italiens seront au pied du mur pour sauver la face et peut-être la place de leur technicien.

La déconcentration serait le pire ennemi des Tricolores sous le printanier soleil romain. Pour l'éviter, ces derniers agitent l'épouvantail de la dernière défaite française contre l'Italie en mars 1997 à Grenoble (40-32).

"On sortait du Grand Chelem et on s'était fait piéger par des Italiens qui en voulaient vraiment", se souvient l'ouvreur Yann Delaigue, l'un des trois rescapés tricolores de cette partie avec Serge Betsen et le capitaine Fabien Pelous.

Admis dans le concert des Six Nations depuis 2000, l'Italie a progressé. "Ce sera pas la dolce vita", pronostique le deuxième ligne Jérôme Thion. "On peut s'attendre à un gros combat devant, car ils ont un pack assez conquérant".

Les Transalpins, qui se sont facilement exportés, ont appris. "Il y a beaucoup de joueurs italiens dans les grands clubs français et ils ne font pas banquette, ce qui prouve leur niveau", renchérit Laporte.

Reste qu'il est peu probable que le XV tricolore qui a maté l'Angleterre à Twickenham et fait déjouer l'Irlande à Lansdowne Road ne parvienne pas à juguler la formation italienne pour s'ouvrir la voie vers un gros score qui entretiendrait le suspens.

Bernard Laporte, qui souhaitait reconduire en intégralité la formation victorieuse en Irlande (26-19), a été stoppé dans son élan par la suspension de quatre semaines infligée au centre Benoît Baby.

L'entraîneur français a toutefois continué de miser sur l'apport de sang frais en remplaçant Baby (21 ans) par un autre jeune, David Marty (22 ans). Il sera le cinquième joueur à débuter en bleu durant ce tournoi.

"On a eu plus de nouveaux joueurs que prévu par la force des choses", admet Laporte. "Mais ces jeunes, c'est pétillant, c'est insouciant. Par moments, on a l'impression d'être en colonie de vacances!".

Le match phare du week-end se jouera au Millenium de Cardiff. En pleine confiance après leur parcours sans faute ponctué d'une indiscutable efficacité (119 points marqués), les Diables Rouges sont favoris pour réaliser leur premier Grand Chelem depuis 1978.

Pour autant, l'Irlande avait fait presque meilleure impression avant d'être arrêtée par la France sur la route du Grand Chelem. En quête d'une victoire finale dans le tournoi depuis vingt ans, elle atteindrait son objectif en battant les Gallois par un écart d'au moins 13 points.

Dans la dernière rencontre ayant pour enjeu la quatrième place, l'Angleterre sera favorite face à l'Ecosse qu'elle reçoit à Twickenham.