AUCKLAND - Les « petites » nations dont certaines ont été les héroïnes de la première phase de la Coupe du monde de rugby ont quitté la Nouvelle-Zélande partagées entre le sentiment d'avoir progressé et le regret d'avoir dû affronter un calendrier déséquilibré qui les a pénalisées.

Depuis le début du Mondial, le calendrier des matchs est un sujet d'interrogation pour beaucoup. Et plus particulièrement pour les « petites » équipes. Elle se sont toutes plaintes de la différence avec les « grandes » équipes concernant le temps de récupération entre deux matchs.

La controverse a été lancée par le centre samoan Eliota Sapolu Fuimaono. « Tout ce que nous demandons c'est l'équité. Si on donne une semaine (de repos), donnez-nous une semaine aussi », a écrit Fuimaono sur son compte Twitter après la défaite le 18 septembre face au pays de Galles (17-10).

Les Gallois avaient eu six jours pleins de repos et les Samoans seulement trois jours avant de s'affronter.

« Plus vous disputez de matchs rapprochés qui sont durs physiquement et mentalement, plus il y a de fatigue et de risque de blessures », a fait remarquer l'entraîneur des États-Unis Eddie O'Sullivan.

Le Japon en a fait la cruelle expérience. Il a disputé trois matchs en 11 jours (France, Nouvelle-Zélande et Tonga) et, dans le même temps, a perdu cinq joueurs sur blessure.

« C'est difficile de jouer l'Afrique du Sud le jeudi puis le pays de Galles le lundi. Le temps de repos n'est pas suffisant », a résumé l'entraîneur de la Namibie Johan Diergaardt.

De réels progrès

Ce calendrier a également inquiété le corps médical. « Je ne suis pas un organisateur, je suis un docteur et je veux juste ajouter ma voix à celle d'autres personnes et dire qu'en ce moment, notre façon de faire n'est pas la bonne », a affirmé le médecin d'une nation majeure, l'Écosse, James Robson, pour qui l'idéal est de respecter un intervalle de six à huit jours entre deux matchs.

« Quatre jours, c'est généralement trop court pour récupérer, une semaine, ce serait mieux », confirme de son côté le médecin de la Géorgie, Peter Grime, dont l'équipe a joué contre l'Écosse et l'Angleterre respectivement les 14 et 18 septembre.

Les responsables du Mondial ont expliqué que le calendrier avait été établi pour maximiser les revenus venant de la télévision et permettre aux meilleures équipes de jouer le week-end, soulignant que des millions de dollars sont ainsi générés et... reversés aux petites nations pour leur développement.

Certes, mais les quarts de finale opposeront exclusivement des équipes majeures des hémisphères nord et sud faisant presque oublier les progrès, en dépit du calendrier, affichés par les « petites » nations.

La preuve. Les Tonga ont infligé une humiliante défaite à la France (19-14) samedi, les Samoa se sont inclinées seulement (13-5) face à l'Afrique du Sud, championne du monde en titre, la Géorgie, le Canada voire la Russie ont pratiqué un rugby de qualité, compte tenu de leurs moyens, et offert une belle résistance à leurs adversaires. Et peut-être même auraient-elles pu en offrir une meilleure si elle avait eu le même temps de repos...