PARIS - Les nouvelles règles qui seront étudiées jeudi et vendredi à Londres par les représentants des six nations, n'ont pas révolutionné le jeu mais apporté quelques changements stratégiques dans le Super 14, le Championnat des provinces de l'hémisphère Sud, où elles sont à l'essai depuis six journées.

Quelles que soient les conclusions de la réunion, ces règles n'entreront pas en vigueur dans l'hémisphère nord avant le début de la saison 2008/2009.

Quels sont les changements?

Ces règles, dites de "Stellenbosch" du nom de l'université sud-africaine où elles ont été expérimentées, prévoient de faire reculer les défenses de cinq mètres derrière les mêlées fermées et d'encourager les remises en jeu rapides en touche, avec la possibilité de faire des passes vers l'arrière.
Toute faute, à l'exception des hors-jeu ou des actes d'antijeu, est sanctionnée par un coup-franc et non plus une pénalité.

Enfin, si un joueur revient ou fait une passe de l'extérieur vers l'intérieur de ses 22 mètres et que lui ou un équipier dégage en touche, la remise en jeu a lieu à l'endroit où le coup de pied a été tapé.

Quelles sont les conséquences sur le jeu?

La Fédération australienne (ARU) a réalisé une première étude dans laquelle elle relève une légère augmentation du nombre de mêlées fermées et surtout une hausse du nombre d'essais inscrits à la suite des mêlées (25% des essais marqués contre 19% en 2007).

Inversement, la réduction du nombre de pénalités, au profit de coups-francs qui ne permettent pas de récupérer le lancer en touche, a provoqué une baisse du nombre d'essais inscrits à la suite des touches (20% des essais marqués contre 29% en 2007).

"Avec les cinq mètres supplémentaires, la mêlée est une excellente plate-forme offensive, estime Pat Howard, directeur de l'élite au sein de l'ARU. La touche est un peu moins importante (...), mais les fondamentaux sont toujours cruciaux."

"Le ballon est en jeu un peu plus longtemps", estime Robbie Deans, l'entraîneur des Canterbury Crusaders qui occupent la tête du Super 14.

Qu'en pensent les joueurs et entraîneurs?

Les avis sont partagés. Le demi de mêlée des Crusaders, Andrew Ellis, "se régale". Son capitaine chez les Crusaders et les All Blacks, Richie McCaw, estime que ces règles favorisent une libération plus rapide du ballon dans les mêlées ouvertes. "Si des joueurs s'écroulent sur le ballon, les arbitres vous accordent un bras cassé (coup franc) et vous pouvez jouer ou repartir sur une phase statique."

L'ancien 3e ligne des All Blacks Josh Kronfeld, qui entraîne en club à Dunedin (Nouvelle-Zélande), juge au contraire que "la situation dans les mêlées ouvertes est devenue ridicule". "Le plus gros problème est que maintenant on voit des mains se poser sur le ballon de manière anarchique", regrette-t-il.

Le jeu au sol ne gagnerait donc pas la clarté recherchée. Certains observateurs pensent aussi que le fait de sanctionner moins de fautes par des pénalités encourage les équipes à faire preuve d'indiscipline.

"Si vous concédez coup franc sur coup franc, cela devient sacrément difficile de défendre," rétorque Richie McCaw.
L'entraîneur des Waikato Chiefs, Ian Foster, lui, constate "une homogénéisation du jeu pratiqué par les équipes."