BIRMINGHAM, Angleterre - Au lendemain du coup d'éclat gallois à Twickenham qui a bouleversé la « poule de la mort », l'Australie n'a fait qu'une bouchée de l'Uruguay (65-3) dimanche à Birmingham, et monte en régime à six jours de retrouver l'Angleterre.

Bonus offensif dans la poche après 30 minutes... Passer l'écueil uruguayen a constitué comme prévu une simple formalité pour les Wallabies.

Nouveaux leaders de la poule A (9 points) à égalité avec le pays de Galles, ils ont passé un bel après-midi, inscrivant onze essais. Surtout, contrairement aux Anglais, blessés à l'âme, et aux héros de Cardiff, aux lignes arrières fragilisées, ils ne déplorent qu'un seul blessé, le 2e ligne Will Skelton touché à un bras, avant les rendez-vous cruciaux contre les XV de la Rose et du Poireau.

« Nous, ça va, on est tranquille, a déclaré l'entraîneur Michael Cheika. Les Anglais, c'est chez eux, c'est clair qu'ils sont favoris et c'est clair que tout le monde va être contre nous. On est au milieu de leur truc mais nous on commence à aimer ça. »

D'autant que Cheika avait laissé la plupart de ses cadres au repos après la victoire face aux Fidji (28-13) mercredi.

« Tout le monde a joué et maintenant on a la possibilité de choisir notre équipe qui peut continuer le tournoi, à commencer par le rendez-vous face aux Anglais », s'est-il félicité.

Est-ce de bon augure, l'avenir le dira mais le dernier vainqueur du Four Nations, même fortement remanié, semble en progression par rapport à sa sortie initiale contre les Fidjiens où les Wallabies avaient oublié un bonus offensif en route.

Les Anglais (6 pts), mis plus bas que terre par leur presse dimanche matin, sont prévenus : une victoire australienne samedi prochain à Twickenham serait synonyme d'élimination dès la phase de poules pour eux - si le pays de Galles domine les Fidji jeudi - et un véritable coup de tonnerre sur la planète rugby.

La dernière opposition entre les Wallabies et les Dragons le 10 octobre, toujours à Londres, ne servirait alors qu'à attribuer les première et deuxième places; un comble dans cette poule qui aura alors vraiment mérité son appellation de mortelle.

McMahon en pointe

Les Australiens n'en sont pas encore là, surtout les quatorze « réservistes » alignés dimanche qui, au-delà d'obtenir du temps de jeu, ont tenté de troubler la hiérarchie interne.

Certains d'entre eux, comme Sean McMahon, auteur d'un doublé (7, 69), ont peut-être marqué des points mais la concurrence est telle en 3e ligne avec Michael Hooper et David Pocock, laissés au repos, que cela ne présage rien pour samedi prochain.

L'ancien entraîneur du Stade Français peut aussi se féliciter de sa défense. Certes, ce n'était que l'Uruguay en face, 19e nation mondiale, mais elle a tenu sur les pilonnages imposés par les Sud-Américains.

Offensivement, Quade Cooper, en faillite dans les tirs au but, et les siens se sont montrés sérieux, s'évertuant à combiner. Avec du déchet au début mais pas mal de réalisme par la suite.

Au rayon des finisseurs du jour, citons les ailiers Joseph Tomane (9) et Drew Mitchell (47, 52), mais aussi le centre Henry Speicht (30) qui mérite d'être revu face à une opposition plus consistante, ou son compère Matt Toomua (71).

Devant, la puissance de Will Skelton a fait des dégâts dans les mauls, mais ce sont le capitaine du jour Dean Mumm (26) et Ben McCalman (35, 61) qui ont su apporter leur écho en essais.

« L'important, c'est que l'on ne soit pas encore arrivé encore à notre niveau, précise Cheika. L'important, c'est de l'être le jour où on joue l'Angleterre chez elle, pour gagner. »

Et les Teros dans tout ça? Ils poursuivent leur chemin de croix avec fierté et courage, soutenus par le public pour leur bravoure. Pour ce groupe composé de 27 amateurs, plus que deux étapes contre les Fidji et l'Angleterre avant de retourner en héros de la nation dans la vie active.