AUCKLAND, Nouvelle-Zélande - La France s'est faufilée de justesse jusqu'à la finale de la Coupe du monde de rugby, samedi, l'emportant 9-8 face aux Gallois. Ces derniers, bien qu'ayant évolué à 14 durant une heure, après l'expulsion du capitaine Sam Warburton, ont cru au miracle jusqu'au bout.

Warburton a été trouvé coupable d'un plaquage cathédrale sur Vincent Clerc (18e). Le pays de Galles menait alors 3-0 et, après un très bon début de match, paraissait en mesure de battre un XV de France tétanisé par l'enjeu et à mille lieues de sa performance face à l'Angleterre en quart de finale, la semaine dernière.

« Il convient d'avoir le triomphe modeste, mais les mecs se sont battus jusqu'au bout, a confié le sélectionneur tricolore Marc Lièvremont. Il faut aussi rendre hommage aux Gallois qui ont été extraordinaires de courage. On a beaucoup tremblé. Je me suis beaucoup agacé, énervé, mais on est quand même en finale. »

Les Gallois, qui disputaient leur première demi-finale depuis 1987, ont inscrit l'unique essai de la rencontre par le demi de mêlée Mike Phillips. Mais ils ont manqué deux occasions de remporter la partie quand Stephen Jones, leur ouvreur remplaçant, a expédié la tentative de transformation sur le montant gauche des poteaux français, puis quand la pénalité depuis le milieu du terrain de leur arrière Leigh Halfpenny, à cinq minutes de la fin, est passée sous la transversale.

« C'est devenu difficile après l'expulsion, mais on a tout donné jusqu'au bout », s'est félicité le capitaine gallois remplaçant, Gethin Jenkins.

La France, dont tous les points ont été marqués sur pénalité par son ouvreur Morgan Parra, disputera le dimanche 23 octobre sa troisième finale mondiale après celles perdues en 1987 et 1999, respectivement face à la Nouvelle-Zélande et l'Australie. Son adversaire sera une de ces deux nations car elles seront les acteurs de l'autre demi-finale, dimanche soir à Auckland.

« On a rendu trop de ballons. Malgré tout, on s'est accrochés, on a été exemplaires en défense. On a joué un match pour aller chercher une finale de Coupe du monde, peu importe le reste. C'est une belle satisfaction », a souligné l'ailier français Clerc.

La pluie s'était invitée avant le coup d'envoi, ramenant à la surface le mauvais souvenir de la demi-finale de 2003 où le jeu tricolore, si brillant en amont du tournoi, s'était dissous sous les gouttes ce qui avait offert une victoire facile aux Anglais (24-7).

Les Tricolores paraissaient, d'ailleurs, très tendus en début de match, au contraire des jeunes Gallois qui mettaient la main sur le ballon et avançaient tranquillement leurs pions sans prendre des risques démesurés avec la balle glissante. Thierry Dusautoir, hors-jeu, a offert à James Hook l'occasion d'ouvrir le score sur pénalité (0-3, 7e).

Devant l'incapacité des Français à inverser la pression, les Diables rouges se sont maintenus dans le camp adverse. Hook a tenté une nouvelle pénalité, mais son pied d'appui a glissé et il a manqué le cadre (11e).

Le troisième ligne Warburton, plus jeune capitaine de l'histoire de la Coupe du monde à 23 ans, a payé pour son impétuosité et son inexpérience. Coupable d'un plaquage cathédrale, il a été expulsé par l'arbitre irlandais Alain Rolland (18e).

Sur la pénalité qui a suivi, Parra a ramené l'égalité (3-3, 21e). Hook a manqué une pénalité (29e) et un drop (40e), puis une pénalité de Parra a propulsé les Bleus en tête pour la première fois de la partie (6-3, 33e).

Les Tricolores ont voulu profiter de leur avantage numérique pour enfoncer le clou en début de seconde mi-temps. Mais la défense galloise, la meilleure des quatre équipes du carré final avec 44 points encaissés lors des cinq premiers matches, a tenu le coup et a récupéré des ballons sur les fautes de main des Français. Parra a su rajouter trois points de pénalité dans le dernier temps fort de son équipe (9-3, 49e).

Les Français se sont ensuite crispés, facilitant le regain gallois. Phillips, déjà auteur d'un essai décisif en quart de finale contre l'Irlande (22-10), s'est fait la belle entre deux défenseurs pour l'unique essai de la partie (57e).

Stephen Jones, entré à la place de Hook à l'ouverture, a manqué la transformation et n'a pas cadré un drop (61e). Les Français ont concédé une nouvelle pénalité aux 50 mètres, mais l'arrière Halpenny a eu le coup de pied trop court (75e). Les Français au supplice ont finalement dû se défendre jusqu'à deux minutes au-delà du temps prévu.