LONDRES - Les champions du monde néo-Zélandais ont subi un brutal coup d'arrêt samedi à Twickenham où l'Angleterre leur a infligé leur première défaite depuis quinze mois sur un score de 38 à 21, soit la plus large victoire du XV de la Rose face aux All Blacks.

Les All Blacks n'avaient plus perdu depuis le 27 août 2011 face à l'Australie (25-20), soit une série de vingt matchs (19 victoires, 1 nul) comprenant les sept matchs de la Coupe du monde.

Il s'agit aussi du succès le plus éclatant du XV de la Rose face à la Nouvelle-Zélande, le précédent record tenant depuis... 1936 (13-0), à Twickenham déjà. Et il faut remonter à 1999 pour trouver la trace d'un échec plus lourd des All Blacks, face à l'Australie (28-7).

Rien n'annonçait pourtant une telle surprise. Les Néo-Zélandais avaient été impériaux lors de leurs trois premiers matchs face à l'Écosse (51-22), à l'Italie (42-10) et au pays de Galles (33-10), comme ils l'avaient toujours été depuis plus de dix ans en tournée dans l'hémisphère nord. Leur dernière défaite dans ses séries automnales datait de 2002, déjà contre l'Angleterre.

Les Anglais restaient au contraire sur deux défaites face à l'Australie (20-14) et à l'Afrique du Sud (16-15) et le sélectionneur Stuart Lancaster, qui n'avait jamais battu une équipe de l'hémisphère sud depuis sa nomination il y a un an, était sous le feu des critiques.

Les All Blacks ont-ils souffert des séquelles du virus gastrique qui a touché presque tout le groupe en milieu de semaine? Ont-ils été surpris par le froid mordant tombé soudainement sur la Grande-Bretagne? En tout cas, les joueurs du nouveau sélectionneur Steve Hansen, qui n'avait pas connu la défaite depuis son entrée en fonction après le Mondial, ont été méconnaissables face à un XV de la Rose bien décidé à les bousculer d'entrée.

Première anglaise en neuf ans

Dès le coup d'envoi, les avants anglais ont imposé leur supériorité physique, à l'image du troisième ligne Tom Wood, qui a fait mieux que soutenir la comparaison avec le capitaine néo-zélandais Richie McCaw, promis désormais à une année sabbatique.

Leur domination territoriale a permis à Farrell de creuser l'écart au pied : 12-0 à la pause, puis 15-0 juste après le retour des vestiaires. Le jeune ouvreur de 21 ans, impeccable, a inscrit au total 17 points, dont un drop.

Au contraire, son vis-à-vis Dan Carter, de retour de blessure, a raté deux tentatives faciles en début de match et les Néo-Zélandais n'ont pas passé la moindre pénalité pendant toute la rencontre.

Les All Blacks n'ont fait illusion que pendant un court moment, en début de seconde période, en marquant deux essais coups sur coup par l'ailier Savea (47) et le troisième ligne Read (50) pour revenir à 15-14.

Mais ce feu de paille a été immédiatement suivi d'une foudroyante réaction des Anglais, qui ont fait définitivement le trou grâce à la vivacité de leurs trois-quarts Barritt, Ashton et Tuilagi, auteurs de trois essais en huit minutes complètement folles (53, 57, 61), le dernier sur une interception.

En passant une deuxième fois la ligne en fin de match, Savea n'a pu que réduire un écart qui menaçait de prendre des proportions historiques, le XV de la Rose ayant à un moment mené 38 à 14.

L'Angleterre a probablement signé sa victoire la plus marquante depuis la finale de la Coupe du monde 2003. C'est d'ailleurs de cette année-là que datait son dernier succès sur la Nouvelle-Zélande. Celui de samedi, venu après neuf défaites de rang, gonfle le moral du XV de la Rose, à deux mois du Tournoi des six nations et à moins de trois ans de « sa » Coupe du monde.

Les Néo-Zélandais devront, eux, attendre pour rééditer l'exploit de leurs prédécesseurs de 1997, les derniers à avoir bouclé une saison sans défaite.