LONDRES (AFP) - Le XV d'Angleterre doit livrer samedi contre les Springboks sud-africains son dernier test-match de l'année, une année très réussie sur le plan sportif, car le professionnalisme a commencé à porter ses fruits, même s'il a aussi provoqué certaines frictions dans les coulisses.

Victorieux du premier Tournoi des Six Nations de l'histoire, vainqueur de l'Afrique du Sud (27-22) fin juin à Blomfoentein, lors d'une tournée estivale très encourageante, et de l'Australie (22-19) il y a une dizaine de jours à Twickenham, le XV à la Rose a beaucoup progressé pour s'installer dans le peloton de tête du rugby mondial.

Pour cela, des moyens conséquents ont été investis par la Fédération anglaise de rugby (RFU), qui a créé un poste de manager pour Clive Woodward, lui a adjoint Andy Robinson comme entraîneur. La RFU a aussi fait preuve de professionnalisme dans la gestion de ses comptes et annoncé un profit sans précédent de 14,5 millions de livres pour le dernier exercice.

Comme les profits, les résultats sont à la hausse, sept victoires dans les neuf derniers matches, dont trois d'affilée contre les Springboks, les Wallabies, et les Pumas samedi dernier (19-0). Tout devrait donc baigner dans l'huile, s'il n'y avait pas eu quelques sinistres grincements ces derniers jours: la grève des joueurs, puis l'affaire des billets.

Francis Baron, le directeur exécutif de la RFU, s'était fait remarquer à la tête de WHSmith, la grande chaîne britannique de papeterie et de presse. Il est tout sauf un amateur et ses négociations avec des joueurs souhaitant toucher, eux aussi, de plus gros bénéfices de leurs propres efforts sur le terrain, ont été serrées, jusqu'à la grève.

Règlement de comptes ?

Woodward a d'ailleurs perdu son calme, allant jusqu'à téléphoner à des joueurs, notamment les plus jeunes, pour leur rappeler qu'ils couraient le risque de ne plus être sélectionnés pendant un moment s'ils boycottaient le match contre l'Argentine. Cela a été diversement interprété et amplifié par la presse, et Woodward a été contraint de s'expliquer avec ses joueurs.

Le conflit a été résolu, mais trois jours plus tard, au lendemain de la victoire sur l'Argentine (19-0), une nouvelle affaire faisait son apparition. Selon le Sunday Telegraph, les joueurs anglais auraient revendu leurs billets gratuits pour ce match - trois par personne, soit un paquet de 66 billets - dans des conditions sur lesquelles la RFU a décidé d'enquêter.

Au delà de la question des billets, une soixantaine de sièges dans un stade de 70.000 places, de la valeur de revente ou l'identité des acheteurs, ou de savoir si c'est une pratique courante ou non dans le rugby international, c'est un nouvel accroc dans les relations entre RFU et joueurs. Et cela ressemble plus à un règlement de comptes entre petits amateurs qu'à un dialogue suivi entre grands pros.

Est-ce qu'il y aura des conséquences sur le moral de l'équipe ? "C'est reparti", a dit Woodward mardi, en annonçant l'équipe de départ contre les Springboks. "Tout le monde reparle de rugby, on plaisante, chacun a assumé ce qu'il avait décidé de faire, on a repris le travail comme si de rien n'était". Affaire à suivre, samedi à Twickenham.