VIENNE - La ville autrichienne de Salzbourg, qui accueille du 14 au 17 mars la commission d'évaluation du Comité international olympique (CIO) pour l'organisation des Jeux olympiques d'hiver 2014, oppose la solidité technique de sa candidature au poids géopolitique de ses concurrentes.

Dotée d'une longue tradition de sports d'hivers, cette ville proche de la frontière allemande dispose d'ores et déjà de la quasi-totalité des infrastructures requises pour la compétition, à l'exception de trois patinoires et des villages olympiques.

Compacte --les épreuves sont concentrées sur les sites de Salzbourg-ville pour la glace et de Pongau, à 55 minutes de là, pour la neige--, la candidature fait également valoir des conditions "optimales" de sécurité.

Ces atouts, qui valent à Salzbourg de caracoler en tête de l'index GamesBids évaluant la qualité des candidatures, risquent cependant d'être éclipsés par les puissants appuis politiques et financiers de ses concurrentes Pyeongchang (Corée du Sud) et Sotchi (Russie), de l'avis même des organisateurs.

"Nain parmi les géants"

"Salzbourg est un nain parmi les géants. Une victoire de ce nain relèverait presque du conte de fées", estimait récemment le quotidien Kurier.

Personnellement impliqué dans la candidature de Sotchi, le président russe Vladimir Poutine a débloqué 12 milliards de dollars (9,28 milliards d'euros) pour faire de cette station balnéaire de la mer Noire une véritable ville olympique d'hiver, une initiative jugée "originale" par le président de la commission d'évaluation Chiharu Igaya le 23 février.

Pyeongchang, qui dispose pour sa part de l'appui financier du géant de l'électronique Samsung et de l'engagement du gouvernement sud-coréen, souligné par M. Igaya le 17 février, jouit en outre d'un statut de symbole potentiel de paix dans une péninsule divisée.

Pyeongchang avait d'ailleurs supplanté Salzbourg pour l'organisation des JO-2010, finalement attribués à Vancouver (Canada).

La ville autrichienne estime toutefois avoir substantiellement amélioré sa candidature, dotée d'un budget de 920 millions d'euros, en la rendant notamment plus compacte.

Soutien limitée de la population locale

Mais Salzbourg doit aussi lutter contre ses propres démons, à commencer par une adhésion limitée de la population à sa candidature.

Selon les sondages, la tenue des JO n'est souhaitée que par une courte majorité de la population de la ville natale de Mozart, qui s'apprête déjà à accueillir des épreuves de l'Euro-2008 de football.

Et en dépit de l'engagement du chancelier Alfred Gusenbauer à intervenir devant les membres de la commission d'évaluation le 16 mars, la candidature salzbourgeoise est loin d'avoir le caractère d'une priorité nationale.

Elle a en outre été fragilisée par la démission surprise en janvier de son porte-drapeau Fedor Radmann, un Allemand crédité de nombreux appuis au CIO.

Resté vacant durant plus de six semaines, son poste a finalement été attribué à un membre du comité de candidature, Rudolf Höller, après avoir été décliné par le champion olympique autrichien de ski alpin Franz Klammer, nommé au poste honorifique de "président international".

Enfin, Salzbourg risque de ressentir les suites du scandale du dopage autour de l'équipe autrichienne de fond aux JO de Turin: une plainte en diffamation de l'ex-entraîneur autrichien Walter Mayer contre le président du CIO Jacques Rogge n'a été retirée que le 8 février dernier.

La décision sur le choix de la ville hôte des JO d'hiver 2014 sera prise le 4 juillet à Guatemala-City.