Les séries éliminatoires s'annoncent difficiles pour les Sénateurs. L'absence de Daniel Alfredsson fait très mal. On a vu vendredi contre Boston qu'il manquait beaucoup à ses compagnons de trio Jason Spezza et Dany Heatley.

Alfredsson est un joueur qui aime transporter la rondelle et ça aide Spezza, particulièrement en zone neutre. Sans être plus facile pour l'équipe adverse, ce sera plus simple d'opposer un trio défensif à Spezza et Heatley. Si on arrive à freiner leur trio, ce sera difficile pour Ottawa de marquer des buts.

À mes yeux, Alfredsson est le coeur de cette équipe. C'est lui qui pouvait changer le tempo d'un match quand ça ne fonctionnait pas avec notamment des mises en échec, en plus d'être très efficace sur les unités spéciales. On le sentait toujours impliqué.

Alfredsson a été victime d'une mise en échec légale de Mark Bell selon moi, comme celle de Chris Neil sur Chris Drury l'an dernier. Le capitaine des Sénateurs a même avoué vendredi que c'était de sa faute et qu'il aurait dû être conscient de ce qui se passait autour de lui.

Il n'y évidemment personne pour le remplacer, lui qui jouait parfois jusqu'à 25 minutes par rencontre. Nick Foligno, Cody Bass ou Jesse Winchester ne sont pas en mesure de combler totalement sa perte. D'ailleurs, il n'y a personne dans l'organisation qui peut jouer le style d'Alfredsson. Antoine Vermette, à qui on a donné plus de responsabilités, a très bien joué dernièrement. Il a bien fait mais ça va prendre plus que lui pour remplacer Alfredsson.

On parle beaucoup de la perte d'Alfredsson mais il ne faut pas minimiser la perte de Mike Fisher, qui prive l'équipe d'un joueur taillé pour les séries. Fisher joue dans les deux sens de la patinoire, il est agressif et il se présente tous les matchs. C'est vrai qu'il n'a pas connu une bonne deuxième moitié mais dans son rôle, il est un joueur important.


Quel est l'état d'esprit des Sénateurs?

Je n'ai aucune idée comment les Sénateurs vont se présenter en séries. C'est le plus gros point d'interrogation que j'ai vu chez cette équipe depuis que je connais les Sénateurs.

Les Sénateurs, décimés par les blessures, n'ont pas beaucoup de confiance. Faut dire que leurs gardiens ne font rien pour les rassurer. On sent qu'il y a de la grogne à l'intérieur du vestiaire et que cette équipe n'est pas unie. Ce n'est jamais souhaitable d'amorcer les séries sans que les problèmes internes soient réglés.

Le dossier du gardien Ray Emery a été la plus grande source de distraction cette saison. On a parlé de Wade Redden qui avait profité de sa clause de non-échange pour rester avec l'équipe mais j'ai du mal à concevoir que ce soit cet épisode qui a fait chavirer le navire.

L'équipe aurait dû trouver une façon de solutionner le dossier Emery. Comme joueur, je peux vous dire que tu deviens tanné de répondre aux questions au sujet de ton coéquipier. Chaque fois qu'Emery avait un écart de conduite, c'était aux vétérans à répondre aux journalistes. Puis quand il revenait devant son filet sans être puni par l'équipe, les autres joueurs avaient l'impression qu'il avait eu un passe-droit de son entraîneur.

Emery aurait dû avoir déjà quitté l'équipe. Ça m'étonne qu'il soit encore là. Bryan Murray aurait pu le céder aux ligues mineures en espérant qu'il soit réclamé au ballottage lors de son rappel. S'il est actuellement indésirable dans l'entourage de l'équipe, on aurait dû agir plus tôt. Tant qu'à racheter son contrat cet été, aussi bien bouger avant. Il y a eu trop de passe-droit pour ce gardien et certains joueurs se sont sentis frustrés.


Le jour et la nuit avec l'an dernier

Difficile d'expliquer comment les Sénateurs, en l'espace d'une saison, soient passés de finalistes de la coupe Stanley à une équipe qui doit lutter pour une place en séries. C'est aussi la nouvelle réalité du hockey de la LNH. Il suffit de regarder le classement pour s'en convaincre avec Pittsburgh et Montréal qui trônent au sommet. Peu d'observateurs l'avaient prévu. Il y a beaucoup d'impondérables et tous les ans, chaque club doit s'améliorer.

Chez les Sénateurs, il n'y avait pas de problème en début de saison, eux qui ont commencé la campagne avec 15 victoires à leurs 17 premiers matchs. Tout s'est soudainement effondré. Ottawa aurait fait beaucoup plus peur en séries si Alfredsson et Fisher avaient été dans la formation et ce, qu'importe sa position finale au classement.


Les gardiens

Il n'y a rien de très rassurant devant le filet des Sénateurs. Martin Gerber a conservé un pourcentage d'arrêt inférieur à .900 au cours des 10 ou 15 derniers matchs et c'est encore lui l'homme de confiance de Murray. L'entraîneur se doit obligatoirement de lui donner le filet pour les deux premiers matchs en première ronde. Si l'équipe se retrouve 0-2, Murray pourrait décider, en désespoir de cause, de revenir avec Emery.

Je ne vois toutefois pas pourquoi on utiliserait Emery, qui est resté au bout du banc pendant la période de l'année où l'équipe avait absolument besoin de victoires.


*propos recueillis par Robert Latendresse