ATHENES (AFP) - Fermés au public, gardés par des policiers et des soldats six mois après la cérémonie de clôture, les sites des Jeux olympiques d'Athènes sont abandonnés, faute d'un plan d'utilisation commerciale post-olympique et d'une coordination entre gouvernement, autorités locales et sportives.

Après avoir dépensé plus de 9 milliards d'euros au total pour le déroulement des Jeux, considérés comme les plus coûteux de l'histoire olympique, la Grèce peine à exploiter ces sites pour amortir les sommes colossales investies, voire même à les entretenir correctement.

Le seul coût d'entretien des infrastructures sportives, pour lesquelles une somme de 1,6 milliard d'euros avait été dépensée, est estimé à 85 millions par an. Mais en raison de travaux bâclés dans l'urgence en raison des retards, certains sites souffrent déjà de dégradations et des travaux devraient être entrepris.

Rares sont les sites qui ont été réutilisés et la tenue du congrès du Parti socialiste grec, le week-end dernier, dans la salle de taekwondo, en bord de mer, fait figure d'exception.

Absence de stratégie

"Alors que le succès des Jeux a été finalement beaucoup plus important que prévu, l'absence d'un plan à long terme pour l'utilisation post-olympique des sites empêche actuellement leur exploitation", déplore Christos Hatziemmanouil, président de l'Immobilier olympique S.A., une société créée en 2002 pour gérer ces sites.

Cette société "n'a réellement commencé à fonctionner qu'en mars 2004", juste après l'élection du nouveau gouvernement de droite et cinq mois avant le déroulement des Jeux, révèle M. Hatziemmanouil.

En coordination avec le ministère de la Culture et des Sports et celui de l'Environnement, M. Hatziemmanouil doit d'abord éclaircir le statut juridique des sites afin de faciliter leur concession au secteur privé "pour une exploitation rentable".

"L'adoption le plus tôt possible d'une loi sur l'exploitation de ces sites doit ouvrir la voie pour le dépôt d'offres des investisseurs et réduire la bureaucratie, notamment les nombreuses autorisations prévues qu'il faut actuellement demander aux autorités locales", a souligné M. Hatziemmanouïl, lors d'une conférence organisée récemment par l'Université d'Athènes sur ce sujet.

L'ancien directeur de la communication du Comité d'organisation des Jeux (Athoc), Séraphim Kotrotsos, juge pourtant qu'une nouvelle loi "n'est pas indispensable" et que "l'absence de stratégie, d'un plan de coordination entre les différents organismes, est la principale raison des retards pris".

Activités culturelles

Prévue initialement pour être votée en décembre dernier, cette loi doit être déposée "prochainement", assurait à la mi-février la ministre-adjointe au ministère de la Culture et des Sports, Fanny Palli-Pétralia.

Selon ce projet, les installations sportives ne pourront être utilisées à des fins commerciales qu'à hauteur de 10%, relève la presse spécialisée.

"Nous avons longtemps étudié l'exploitation des sites. A Sydney, l'utilisation des sites avait commencé deux ans après la fin des JO-2000", soulignait Mme Palli-Pétralia.

Quant au stade olympique, le gouvernement prévoit son réaménagement pour permettre, en dehors d'activités sportives, l'organisation d'activités culturelles, en mettant notamment en valeur la promenade et les monuments construits à l'occasion des Jeux par l'architecte Santiago Calatrava.

Concernant les sites de Hellinikon (hockey, base-ball, escrime, canoë-kayak...), d'Agios Kosmas (voile) ou du Phalère (taekwondo, ancien hippodrome) dans la banlieue sud au bord de la mer, les plans gouvernementaux sont au centre d'une controverse avec les autorités locales qui exigent plus "d'espaces verts".

A ces querelles, s'ajoutent la volonté du milieu sportif grec, qui souhaite que les sites restent sous le contrôle des fédérations, ainsi que les revendications des entrepreneurs des ouvrages olympiques qui, selon le quotidien Kathimérini de dimanche, exigent de l'Etat une somme de 150 millions d'euros pour des travaux "de dernière minute".