« Ce n'est que le début pour lui. Alex est l'un des athlètes les plus talentueux avec lesquels je me suis entraîné, mais encore plus important, il est le jeune le plus équilibré. Il a une bonne tête sur les épaules. »

Voilà ce qu'avait à dire le Britanno-Colombien George Grey, coéquipier d'Alex Harvey, avec qui il a remporté la médaille de bronze du sprint par équipe style libre de la Coupe du monde de ski de fond de Whistler, dimanche dernier. En étant le premier Québécois à monter sur un podium de Coupe du monde depuis son père Pierre, il y a plus de 20 ans, Alex Harvey mérite le titre de l'athlète Sportcom de la semaine du 19 janvier.

« Je n'avais jamais entendu parler de moi comme ça. C'est le fun et encourageant d'avoir de bons commentaires des membres de l'équipe, raconte le principal intéressé. Ça fait neuf ans que George fait partie de l'équipe nationale, alors il a côtoyé plusieurs athlètes. »

L'énergie d'une recrue, le mental d'un vétéran

Dans le sprint final qui lui a procuré sa troisième place, Alex Harvey est resté dans sa bulle, bien qu'il coursait devant une foule partisane et qu'il se battait contre des athlètes beaucoup plus expérimentés que lui. Cela ne l'a toutefois pas empêché de se sentir bien à sa place et de ne pas être intimidé.

« Je n'ai pas beaucoup d'expérience en Coupe du monde, mais j'ai fait six championnats du monde juniors (ndlr : tant en ski de fond qu'en vélo de montagne) et je savais ce que j'avais à faire, c'est-à-dire la façon dont je devais skier. Je n'ai jamais eu de problème à gérer le stress et la pression. »

Son entraîneur Louis Bouchard confirme : « Alex est l'athlète le plus intelligent que je connais. Il n'a pas de complexes et il se voit comme un être humain qui est comme les autres », soutient-il, ajoutant qu'il est aussi reconnu par ses pairs pour son bon esprit sportif.

Michel LeBlanc, qui a supervisé Harvey à des championnats du monde juniors de vélo de montagne, abonde dans le même sens. « Oui, il est physiologiquement doué, mais ça n'explique pas tout. La grande partie de sa force, c'est entre ses deux oreilles. Il est relaxe avant les courses, mais aussi, juste assez stressé. Il est capable de faire sa propre course sans tomber dans le rouge dans une épreuve où tout le monde veut gagner. »

Habituellement, cette maturité se développe vers la mi-vingtaine. Comment expliquer alors qu'Harvey démontre ces qualités à un aussi jeune âge? LeBlanc soumet une hypothèse.

« Il a baigné dans le monde du sport depuis qu'il est tout petit et ça y est peut-être pour quelque chose. Il a des références, des histoires de courses de son père et de tous les amis sportifs de la famille qu'il a côtoyés. »

Alex Harvey peut compter sur les conseils de son père Pierre, qui a connu une brillante carrière, tant en ski de fond qu'en cyclisme sur route, notamment sur sa façon d'aborder les courses.

« Il me dit de garder la tête haute et en dehors de l'eau pour rester concentré sur ce que j'aime faire. La journée où tu n'aimes plus ça, tu ne peux plus avoir de bons résultats. C'est pourquoi il faut entretenir la flamme dans ce sport où on souffre pendant les courses. Le ski de fond, c'est une passion pour moi et ça me fait vraiment tripper, que ce soit m'entraîner ou voyager pour aller faire des courses. »

Et maintenant, la suite

Le jeune athlète espère maintenant que sa performance réalisée sur le site qui accueillera les épreuves olympiques l'hiver prochain saura rayonner auprès de ses coéquipiers et du grand public.

« Nous aurions pu gagner cette médaille en Russie ou en Norvège, mais de l'avoir gagnée au Canada, c'est le fun, car les gens vont s'intéresser encore plus au ski de fond », estime-t-il.

Ses partenaires au Centre national d'entraînement Pierre-Harvey, Frédéric Touchette, Julien Nury et Charles Brassard ont tous vécu leur baptême de Coupe du monde à Whistler et le médaillé de bronze sait que sa performance pourra les inspirer.

« Ça montre qu'il n'y a rien d'impossible et que c'est à portée de main. L'été, mes coéquipiers s'entraînent de la même façon que moi et ils savent quel chemin prendre pour arriver à ce but. »

Décidément, le « Yes we can! » ne s'applique pas qu'à la politique américaine.