ANTERSELVA, Italie – Enfin! Longtemps frustré en relais, Martin Fourcade a réussi à briser la malédiction en décrochant pour la première fois un grand titre avec le collectif français, le seul qui manquait à son immense palmarès, mettant fin à une disette de 19 ans des Bleus, samedi aux Mondiaux de biathlon à Anterselva.

À la tête d'une véritable équipe de rêve, le quintuple champion olympique (31 ans) ne pouvait pas rater une telle occasion. Alors que ces Championnats du monde pourraient être les derniers de sa prodigieuse carrière, il s'agissait sans doute de son ultime chance de briller avec ses camarades et de monter sur la plus haute marche du podium. La mission a été parfaitement remplie.

Jamais les Bleus n'avaient réuni autant de talents au sein d'une même équipe. Avec quatre biathlètes dans le top-10 de la Coupe du monde (Fourcade 1er, Quentin Fillon-Maillet 2e, Simon Desthieux 6e, Émilien Jacquelin 7e), il aurait été fâcheux de passer une nouvelle fois à côté d'un sacre et de frustrer encore Fourcade.

Mais le quatuor français a été impeccable de justesse sur les skis et derrière la carabine pour enlever une médaille d'or mondiale en relais qui échappait aux Tricolores depuis 2001, la 3e de la compétition après les victoires de Jacquelin (poursuite) et de Fourcade (Individuel).

Fourcade attendait tellement ce moment avec ses potes qu'il n'a pu s'empêcher d'éclater en pleurs après l'arrivée de Fillon-Maillet, qui a scellé le succès des Bleus. Le Catalan, d'habitude si maître de ses émotions, a fini par craquer, preuve du caractère singulier de cette victoire tant espérée.

« Je me suis revu il y a 19 ans sur mon canapé à la maison avec mes parents (...) à apprendre la victoire des Français à Pokljuka, a expliqué l'homme aux 82 succès sur le circuit. À l'époque, on n'entendait pas souvent parler de biathlon à la TV. Ça signifie beaucoup. On a souvent parlé du dernier titre qui me manquait mais, aujourd'hui, ce n'était pas à propos de ça. Ce n'était pas le seul titre qui me manquait mais le titre qu'on attendait ensemble. Ce n'est pas quelque chose d'individuel, c'est un voyage et une aventure collective. »

« Notre locomotive »

Les Bleus ont été aux avant-postes tout au long de la course et ont été longtemps à la lutte avec l'Allemagne. Mais Benedikt Doll, le dernier relayeur germanique, a brutalement craqué sur le pas de tir pour laisser Fillon-Maillet s'envoler seul vers la victoire. Au final, les Allemands (Erik Lesser, Philipp Horn, Arnd Peiffer, Benedikt Doll) ont dû se contenter de la 3e place derrière la Norvège (Vetle Christiansen, Johannes Dale, Tarjei Boe, Johannes Boe), tenante du titre.

« Je savais qu'on était à la bagarre pour l'or avec Doll, a raconté Fillon-Maillet. Il y avait du stress sur le dernier tir car tout se jouait là-dessus. J'avais les jambes qui tremblent. Il fallait se battre pour stabiliser un minimum et mettre cette dernière balle. Une fois que je suis parti, je savais qu'il y avait 30 secondes d'avance et que c'était gagné. J'ai eu le temps de profiter et voir les coaches qui sautaient partout, leurs sourires. C'était beaucoup de plaisir. Depuis le début de saison, on écrit un peu plus l'histoire du biathlon et nos résultats sont exceptionnels. »

Simon Desthieux a lui eu logiquement une pensée pour Fourcade, cette « locomotive » du biathlon français qui a tiré toute une génération vers le haut.

« C'est grâce à lui si on en est là aujourd'hui, a-t-il affirmé. Il nous a fait rêver plus jeunes quand on regardait la télé et il nous a amenés au plus haut niveau. »

Avec deux titres dans les bagages, Fourcade peut désormais quitter l'Italie et ces Mondiaux la tête haute. Quel que soit le résultat de la mass start dimanche, il aura démontré une force de caractère incroyable en revenant au sommet après une saison cauchemardesque. Mais avant de décider de la suite de sa carrière, il compte bien aller chercher un 8e gros globe de cristal. Pour marquer encore un peu plus l'histoire de son sport.

Burnotte et le relais canadien 14es

À sa dernière course des Championnats du monde, Jules Burnotte a aidé le Canada à prendre la 14e place du relais.

L’athlète de 23 ans était le premier relayeur de son équipe et, après quelques chutes de ses adversaires, il s’est positionné à l’avant du peloton. « J’ai suivi un rythme trop rapide pour bien tirer, a expliqué le Sherbrookois. Je me suis accroché dans ma carabine, j’ai échappé un chargeur et j’ai manqué des cibles. »

Burnotte a eu besoin de deux balles supplémentaires pour abattre ses cinq cibles. À la sortie du champ de tir, il avait 27 secondes de retard sur le premier temps. Il s’est toutefois ressaisi au tir debout, abattant ses cibles en un temps de 19 secondes, le plus rapide de la journée, un sans-faute, pour ensuite passer le relais à Scott Gow en 12e place.

« Ça n'a pas suffi pour reprendre ce que j'avais perdu au tir couché. La forme en ski ça allait, mais ce n’était pas top. Malgré tout, c’est une performance tout à fait acceptable je crois. (Les mondiaux), c'était encore une belle expérience. J'étais en meilleure forme que l'an passé et cette fois-ci, je savais plus à quoi m'en tenir. Je suis content d'avoir acquis cette expérience et j'ai déjà hâte aux prochains ! »

Adam Runnalls et Christian Gow étaient les autres relayeurs du Canada.

Rappelons que Burnotte avait obtenu le meilleur résultat individuel de sa carrière à l’épreuve du 20 kilomètres où il avait pris le 28e rang mercredi dernier.