De gros flocons de neige tombent sur Whistler depuis plusieurs heures, il est 7 heures le matin et je me dirige vers la montagne où se déroulera la dernière journée de compétitions de la Coupe du monde de ski alpin du Comité international paralympique.

Toute la semaine, ces athlètes m'ont non seulement impressionné, mais ils ont totalement changé ma perception du sport paralympique. J'avoue que je n'y connaissais pas grand-chose. Bien sûr, j'ai vu les courses de Chantal Petitclerc, j'ai souvent interviewé le pionnier André Viger, mais mon ignorance était grande dans ce domaine. Je n'avais surtout jamais vu de ski para-alpin. Comme dirait Rodger ”Quel spectacle!!!”

Que ce soit dans la catégorie déficience visuelle, debout ou assis, ces athlètes filent à plus de 100 kilomètres/heure en descente, contournent les portes en slalom et nous épatent par leur talent, leur fougue et leur habileté.

Prenez Viviane Forest, par exemple. Viviane a une déficience visuelle de classe b-2 (capacité acuité visuelle de 2/60) En gros, elle ne possède que 4% de vision. Pourtant, elle participe à la descente et file à 115 km/h. Un guide la précède et lui indique, à l'aide d'un système radio, quel chemin emprunter pour se rendre au fil d'arrivée. Même principe en slalom géant et slalom. Elle doit mémoriser le parcours et se fier entièrement aux directives du guide. Et elle rate rarement une porte! Descendriez-vous les Rocheuses en pleine nuit à toute vitesse? Moi, non merci! Et Viviane connaît une saison extraordinaire. Elle est non seulement monté cinq fois sur le podium en cinq épreuves au Championnat du monde en Corée, au début du mois, et elle a terminé sa saison en remportant quatre Globes de cristal aux finales de la Coupe du monde la semaine dernière.

Dans la catégorie debout, une autre canadienne, Lauren Woolstencroft, âgée de 26 ans, a remporté les cinq courses auxquelles elle a participée, soit la descente, le super-G, le slalom, le slalom géant et le combiné. Elle a aussi remporté le classement général de la Coupe du monde dans ces disciplines. Lauren est née sans un avant-bras gauche et sans jambes en bas du genou. Elle a commencé la compétition à l'âge de 14 ans et participé aux Jeux paralympiques de Salt Lake City en 2002 et de Turin en 2006. Ingénieure de métier, Lauren précise que les athlètes paralympiques ne sont pas différents des non paralympiques. “ Comme dans tous les sports d'élite, nous excellons dans nos disciplines et nous ne voyions pas nos handicaps comme un obstacle. Moi je suis née comme ça, alors c'est normal pour moi, je n'ai pas eu d'adaptation à faire comme d'autres ici”, précise-t-elle.

Elle aime bien la mentalité des Canadiens comparativement aux autres pays en ce qui concerne les Jeux paralympiques. “Le comité des Jeux de Vancouver fait beaucoup de publicité pour les Paralympiques. À chaque fois qu'on parle des Jeux olympiques de Vancouver, on mentionne toujours les paralympiques dans un même souffle. Aussi, d'un point de vue accessibilité, les Canadiens nous voient différemment et perçoivent notre sport différemment. En Europe par exemple, les gens ne nous aident pas à être indépendants. Ils nous transportent dans leurs bras au lieu de construire une rampe d'accès. Les Jeux de Vancouver seront très excitants pour nous et vont vraiment aider à populariser les paralympiques ” mentionne la championne.

Un autre athlète qui a retenu l'attention de tous, c'est l'Allemand Gerd Schoenfelder qu'on qualifie de légende sur les pentes. Le colosse de six pieds un pouce, faisait de la compétition de ski alpin lorsque sa carrière a été interrompue après avoir été impliqué dans un accident où on a dû lui amputer un bras. Il était âgé de 19 ans. Il croyait bien sa carrière terminée, mais peu de temps après cette épreuve, il remonte sur les pentes et s'impose devant ses adversaires et le verbe imposer n'est pas trop fort. Schoenfelder a participé à cinq Jeux paralympiques, à Albertville, Lillehammer, Nagano, Salt Lake City et Turin. Il a remporté 20 médailles dont 16 d'or, faisant de lui l'athlète le plus décoré des Jeux paralympiques d'hiver. Aux finales de la Coupe du monde la semaine dernière, Schoenfelder a remporté les épreuves de slalom géant et slalom et a remporté le Globe de cristal pour avoir terminé au premier rang du classement général de la Coupe du monde.

Ces athlètes n'aiment pas qu'on leur parle de courage lorsqu'on raconte leurs exploits. Ils sont aussi très ouverts à toutes les questions sur leur sport et sur leur “handicap” physique. Pas de tabou. Une chose est certaine, ils méritent toute la publicité possible et gagnent à être connus. Ils sont de véritables sources d'inspiration!