Érik Guay aura bien d'autres chats à fouetter et de pentes à mater d'ici 2014, alors ce n'est pas tout de suite qu'il va se mettre en mode olympique. Mais il va quand même penser un peu aux prochains Jeux d'hiver, ce week-end, puisque c'est à Sotchi que se dispute présentement la Coupe du monde de ski alpin.

C'est donc une belle occasion pour tous les skieurs du grand cirque blanc de découvrir le parcours russe, qui servira de toile de fond pour les épreuves alpines des prochains JO.

Le processus d'étude et d'adaptation était bien amorcé, jeudi, puisque Guay et ses confrères de travail avaient déjà eu droit à deux descentes d'entraînement. Une autre suivra vendredi.

La descente officielle sera disputée samedi et un super-combiné aura lieu dimanche.

Jusqu'ici, Guay est de l'avis de plusieurs autres skieurs de premier plan: le parcours de descente ressemble un peu trop à un tracé de super-G. Dans la portion du haut, du moins.

"En haut c'est très technique, a indiqué Guay en conférence téléphonique, jeudi, depuis la Russie. Il y a des virages assez serrés pendant environ une minute.

"C'est dommage parce que selon moi, ce n'est pas ça une vraie descente. Ça peut se comparer un peu à Val d'Isère ou Lenzerheide, en ce sens que ce sont des parcours tellement techniques et tellement serrés que tu n'as pas la même peur que tu as normalement pendant une descente.

"Pour moi, une vraie descente, c'est quand c'est ouvert et qu'il y a des mouvements de terrain, a ajouté le skieur québécois de 30 ans. Mais ça en prend de toutes les sortes. À Chamonix, il y a quasiment trop de plat, et ici c'est le contraire. Les skieurs ne peuvent pas tous être contents. Il faut vivre avec."

Guay estime qu'il sera dans le coup samedi s'il parvient à éviter les trop grands retards dans le haut du parcours, puisque ses temps jusqu'ici rivalisent avec les meilleurs dans les autres sections.

Quant à savoir s'il pourra aspirer à une première médaille olympique en carrière en 2014 sur ce parcours... Tout dépendra de la façon dont on modifiera le tracé, par exemple, ou des conditions de neige qui prévaudront à ce moment-là.

Guay s'est dit d'avis, jeudi, que le tracé pourrait être modifié pour lui donner davantage une allure digne d'une descente.

"Les montagnes sont très belles, le parcours aussi. C'est très spécial. Les espaces sont judicieusement exploités. La piste est très bonne et je crois qu'ils auraient pu y concevoir un tracé pas mal 'cool', a indiqué le skieur de Mont-Tremblant. Ils auraient pu faire une belle descente de haut en bas, qui pourrait se comparer à n'importe quel autre endroit sur le circuit de la Coupe du monde.

"Selon ce que j'ai entendu dire, ils ont injecté beaucoup d'eau et ils n'avaient pas d'autre choix que de suivre ce tracé pour le moment. J'ai aussi entendu que les filets de protection avaient été placés de manière un peu serrée alors il a fallu, encore là, faire un tracé assez serré. Mais ce serait possible d'y faire une bonne piste de descente."

D'ici là, Guay et les autres membres de l'équipe prendront beaucoup de notes dans l'espoir que ça leur serve dans deux ans.

"Ce n'est pas primordial d'obtenir un bon résultat dès maintenant ici, a affirmé Guay. Il s'agit de recueillir le plus de renseignements possible, de regarder la vidéo et de l'analyser de manière réaliste, et d'essayer de bâtir là-dessus, peu importe le résultat. Même si tu gagnes ici, ce sera très différent la prochaine fois.

"Ce sera intéressant de voir quelles approches prendront les différents skieurs d'ici la fin du week-end, et comment ils vont s'adapter en fonction des Jeux, a-t-il par ailleurs dit. Il y a plusieurs lignes qu'on peut emprunter."

La médaille qui manque

Détenteur d'un titre de champion du monde en descente obtenu en 2011 et gagnant du Globe de cristal du super-G en 2010, Guay a fini cinquième dans les deux disciplines de vitesse aux Jeux de Vancouver, il y a deux ans. Il avait fini quatrième lors du super-G des JO de Turin. Il reconnaît qu'il aimerait bien aller chercher la seule récompense qui lui manque, soit une médaille olympique.

"Le plan, c'est de bâtir pour une avoir une bonne chance aux Jeux olympiques. C'est sûr qu'entre-temps, j'ai d'autres objectifs, mais c'est vrai que je vise vraiment les Jeux", a indiqué celui qui a 17 podiums à vie en Coupe du monde, trois de moins que le record canadien détenu par Steve Podborski.

Quant à savoir si une médaille à Sotchi s'avérerait l'apothéose et le point final à une carrière déjà marquante, le vétéran skieur et père de famille ne l'a pas encore décidé.

"J'ai une famille et un nouveau bébé qu'on attend en avril, a-t-il fait savoir. C'est dur d'être loin de la maison pendant de longues périodes. Mais je n'ai pas encore tellement pensé à la retraite."