ST ANTON (Autriche) (AFP) - L'Autrichien Hermann Maier, qui domine le ski alpin depuis quatre saisons, a gardé jusqu'au bout son sourire, comme pour donner le change à son échec patent aux Championnats du monde, où il a dû se contenter d'une médaille d'argent, en descente, et d'une de bronze en super-G.

Pourtant, Herminator, redevenu humain, a quelques circonstances atténuantes à faire valoir. "Dans les trois courses, je n'étais pas loin de l'or". Argument reçu: à 20/100e de son compatriote Hannes Trinkl en descente, à 23/100e de l'Américain Daron Rahlves dans l'épreuve du super-G, à 39/100e en slalom géant.

"Hermann reste le meilleur skieur du monde. Depuis quatre ans, il est au sommet sur tous les fronts. C'est usant. Ici, il a surtout payé la pression inévitable", a remarqué Josef Metzger, journaliste au quotidien national Die Presse.

En outre, le Salzbourgeois a été défavorisé par l'agencement des compétitions, le profil de la piste, les conditions atmosphériques. Le report de la descente de samedi à mercredi l'a obligé à disputer le slalom géant 24 heures seulement après l'épreuve reine. Même le Suisse Michael von Gruenigen, son ennemi intime et médaille d'or du géant, a évoqué ce défi impossible.

"Maier n'a pas eu le temps de se réhabituer aux skis plus courts du géant. La dernière épreuve (Adelboden, ndlr), dans cette discipline, remontait à un mois", a insisté Flavio Roda, l'entraîneur des géantistes italiens.

"En géant, l'entraîneur autrichien, qui piquetait la première manche, n'a pu favoriser ses coureurs avec un tracé rapide qu'ils affectionnent", a souligné Kjetil Andre Aamodt, deuxième de l'épreuve après avoir fait l'impasse sur la descente.

"A peine le temps de manger"

Pour Michel Vion, directeur technique national du ski français, "il reste évidemment le meilleur. Mais, ici, sur une piste technique, il a montré aussi qu'il avait des points faibles".

Maier connaissait les risques du challenge: pression des sponsors, des médias, du public. "J'ai à peine le temps de manger", avait-il expliqué au lendemain de sa troisième place en super-G.

Thomas Puetz, responsable de la société allemande chargée de la sécurité, corrobore. "Je n'ai jamais vu autant de remue-ménage: des femmes pleurer de joie parce qu'elles avaient un autographe, une troupe d'enfants éblouis comme devant un sapin de Noël. Un statut d'idole que même Boris Becker n'a jamais eu en Allemagne".

C'est donc avec soulagement que Maier, vaincu mais nullement abattu, s'est échappé du grand cirque. Conscient qu'il n'est pas une machine, il a finalement renoncé au déplacement japonais, pour l'étape de Coupe du monde à Shigakogen, où sont prévues deux épreuves techniques.

Par contre, il se rendra à Snowbasin (Etats-Unis), fin février, sur la piste des épreuves de vitesse des JO 2002. Maier a toujours un challenge à relever.