Bertrand Charest condamné à 12 ans de prison
Ski alpin vendredi, 8 déc. 2017. 10:58 vendredi, 13 déc. 2024. 21:34SAINT-JÉRÔME, Qc - Un juge a condamné Bertrand Charest à 12 ans de prison pour avoir agressé sexuellement de jeunes skieuses qui étaient sous sa gouverne.
En énonçant la peine, vendredi matin au palais de justice de Saint-Jérôme, le juge Sylvain Lépine a qualifié les gestes reprochés à l'ex-entraîneur de ski de l'équipe nationale d'« inexcusables et de criminels ».
Le juge Lépine a mentionné que ce type de comportements est inacceptable en 2017, mais que les gestes faits par Bertrand Charest étaient tout aussi inexcusables en 1998 ou encore dans les années 1950.
Il ajouté que les jeunes victimes se trouvaient à une étape importante de leur développement lorsque les agressions sont survenues. Leur vie d'adulte a été façonnée par les crimes commis par l'accusé, a-t-il laissé tomber.
Toutes les victimes et présumées victimes, sauf une, étaient âgées de moins de 18 ans au moment des faits. La plus jeune n'avait que 12 ans.
En tenant compte du temps déjà passé en détention, Bertrand Charest devra encore demeurer sept ans et 10 mois derrière les barreaux.
L'avocat de Bertrand Charest, Antonio Cabral, a indiqué qu'il allait examiner la sentence en détail avant de décider s'il portera la décision en appel. Il a déjà fait savoir qu'il contestait le verdict de culpabilité rendu en juin.
« Je suis un peu surpris (par la durée de la sentence), a-t-il déclaré, lui qui avait plutôt réclamé une peine d'incarcération allant de quatre à six ans. Douze ans, c'est une peine qui est très importante. »
Me Cabral va de plus demander à la Cour d'appel de libérer son client en attendant un jugement sur son appel du verdict. Cette requête devrait être présentée mercredi en Cour d'appel, à Montréal.
La procureure de la Couronne, Marie-Nathalie Tremblay, s'est pour sa part montrée satisfaite, puisque la peine prononcée par le juge correspond à celle qu'elle avait requise avec sa collègue Caroline Lafleur.
« Évidemment, (les victimes) sont contentes du résultat, contentes de la sentence, contentes d'avoir été entendues et que le juge a livré le message que ça ne se tolère pas. »
Quatre des victimes se trouvaient dans la salle d'audience, vendredi matin, alors que quatre autres écoutaient le juge par le biais d'une visioconférence.
L'accusé, qui n'a pas témoigné à son procès, a été acquitté de 18 chefs d'accusation et le juge a conclu que la Cour du Québec n'avait pas juridiction pour deux autres chefs liés à des événements qui auraient eu lieu à l'étranger.
Le juge Lépine avait qualifié Bertrand Charest de "véritable prédateur" lorsqu'il l'avait reconnu coupable, en juin, de chefs d'accusation impliquant neuf des 12 plaignantes qui l'accusaient d'avoir commis des crimes il y a une vingtaine d'années.
L'homme de 52 ans était accusé de 57 chefs d'accusation, notamment agression sexuelle et exploitation sexuelle, mais aussi un chef d'agression sexuelle causant des lésions corporelles.
Plusieurs victimes de l'ex-entraîneur ont témoigné de l'impact de ses gestes, le mois dernier, l'une d'entre elles ayant déclaré à la cour que l'accusé lui avait volé son enfance et avait agi en véritable prédateur.
Une autre a versé des larmes en racontant qu'elle vivait aujourd'hui avec "un sentiment de honte, de culpabilité et de dégoût" à la suite des nombreuses agressions sexuelles subies.
Certains des crimes sont survenus à la fois avant et pendant les années où Bertrand Charest s'est occupé du développement des skieuses chez Canada Alpin, entre 1996 et 1998.
Dans un communiqué transmis après le verdict, Canada Alpin avait déclaré que le jugement rappelait que l'abus de pouvoir n'avait pas sa place dans le sport ou dans la société en général.
Le juge Lépine a toutefois fustigé l'organisation, vendredi.
Il a écrit que Canada Alpin et ses dirigeants ont échoué lamentablement dans leurs rôles de gardiens et de protecteurs de leurs jeunes athlètes.
Le juge Lépine a ajouté qu'au moment où les parents de ces jeunes filles leur faisaient confiance, ils ont choisi de fermer leurs yeux, de ne pas croire les jeunes victimes et de cacher la vérité.