MONTREAL - Dix mois après avoir été couronné champion du monde des bosses, le vétéran skieur acrobatique Alexandre Rousseau savoure encore pleinement son retour parmi l'élite de son sport après une longue traversée du désert.

À 27 ans et à sa 11e saison au sein de l'équipe canadienne, l'athlète de Drummondville estime que ce succès n'a rien d'un feu de paille, encore moins d'un coup de chance. Et il en a fait la démonstration en entreprenant l'actuelle saison de la Coupe du monde avec une victoire à Tignes à la mi-décembre, ce qui lui confère actuellement le maillot de leader.

"J'ai vécu le jour le plus extraordinaire de ma vie à Madonna di Campiglio", a rappelé Rousseau, lundi matin, lors d'une rencontre avec quelques journalistes avant son départ pour Lake Placid où la saison de la Coupe du monde se poursuit à compter de vendredi.

"Depuis que j'ai 12 ans que je rêvais de remporter le championnat du monde. La route pour y parvenir a été parsemée d'embûches et ça rend ce titre encore plus satisfaisant."

La carrière de Rousseau a failli basculer en janvier 2002 quand, un mois avant les Jeux olympiques de Salt Lake City, il a effectué une mauvaise chute à l'entraînement et s'est fracturé des vertèbres du cou. Plusieurs mois de réadaptation et une chirurgie cervicale ont été nécessaires pour le remettre sur pied.

Quatre ans plus tard, c'est un manque de performances qui l'a privé d'une participation aux Jeux de Turin, une autre grosse déception pour lui. Certains ont cru qu'il était fini. Mais jamais il ne s'est avoué vaincu.

"Il y a eu plusieurs moments dans ma carrière où j'aurais pu tout abandonner, a-t-il dit. Dans les pires moments, je me suis demandé pourquoi je tenais tant à être numéro 1 au monde. Et j'ai compris que le sport était pour moi un apprentissage à la vie, une façon de devenir une meilleure personne. Cela m'a permis de surmonter mes échecs."

Nouvelle posture

Son retour au sommet, Rousseau l'attribue également à une nouvelle posture en ski qu'il a adoptée l'an dernier.

"Le ski de bosses est un sport de détails. On tente toujours de trouver ce qui peut faire la différence. En octobre 2006 lors d'un camp d'entraînement en Europe, je me suis mis à analyser sur vidéo les descentes de plusieurs skieurs. J'en ai conservées deux et, après examen séquence par séquence, j'ai compris un détail important. C'est physique."

Aussitôt trouvé, il a voulu expérimenter sa théorie sur les pistes et les résultats ont été immédiatement concluants. Bien entendu, Rousseau ne veut pas trop en dire sur le sujet, question de garder cet avantage pour lui.

"A chaque jour, je suis de plus en plus à l'aise avec cette nouvelle posture. Ca me permet d'avoir l'esprit plus libre et de me concentrer sur des petits détails. Vous savez, la différence entre une 20e et une 2e place est souvent infime."

Rousseau espère faire belle figure, vendredi, dans l'épreuve des bosses en simple à Lake Placid, ce qui lui permettrait de se présenter au Mont Gabriel la semaine prochaine comme leader de la Coupe du monde. Et peut-être d'y obtenir une victoire comme il l'avait fait à Tremblant en 2003.

Mais bien entendu, la ligne d'arrivée demeure pour lui les Jeux olympiques de Vancouver en 2010.