La skieuse de vitesse d'expérience Kelly VanderBeek, la première Canadienne à être montée sur le podium de la Coupe du monde à Lake Louise, prend sa retraite du ski de compétition après une brillante carrière de 12 ans qui l'a vue grandir de débuts modestes à une grande skieuse mondiale de descente et de super G.

L'athlète de 29 ans de Kitchener, ON, remise à présent ses skis à titre de membre féminin de l'Équipe canadienne de ski alpin qui a obtenu le plus de décorations et dernière de la génération des « Reines de la vitesse » qui ont aidé à placer de nouveau le ski de compétition canadien sur la carte à l'échelle internationale.

VanderBeek avait amorcé sa carrière de façon plutôt modeste sur la petite montagne de Chicopee située près de Kitchener, mais son éthique de travail sans reproche et sa détermination apparemment inépuisable l'ont aidé à gravir tous les échelons jusqu'au sommet, revendiquant au passage trois résultats de top trois en Coupe du monde et une quatrième position en super G lors des Jeux olympiques de 2006 où elle terminait à 0.03 seconde d'un podium. VanderBeek avait également connu une carrière junior florissante au cours de laquelle elle récoltait une troisième position en super G en 2002 et en 2003 aux Championnats du monde de ski alpin juniors FIS.

VanderBeek qui réside présentement à Canmore, AB, avec son époux David Ford, un quintuple médaillé olympique en kayak, est venue samedi à Chicopee pour annoncer sa retraite du ski de compétition.

« C'est là qu'est né le rêve olympique pour moi, il est donc logique de faire mon annonce à cet endroit, » de souligner VanderBeek qui est née à Kapuskasing, ON et qui s'était installée à Kitchener avec sa famille à l'âge de sept ans. « En tant que coureuse de ski, j'étais prête aux blessures, mais l'étendue de ma blessure au genou survenue en 2009 dépassait mes attentes. J'ai toujours cru pouvoir revenir et je suis fière d'y être parvenue.

« Malheureusement, j'ai décidé que Sotchi 2014 était une impossibilité en raison de l'état de mon genou qui n'est pas parfait. Parallèlement, je repense aux expériences que j'ai vécues au cours des trois dernières années et je ne les échangerais pour rien au monde.

« Sotchi était définitivement dans la mire et c'est ce qui m'a poussé à continuer aussi longtemps. Je visais haut et c'est un peu la façon dont je vis ma vie. Vous visez le sommet et il arrive de ne pas y parvenir, mais cela n'ôte aucune valeur aux tentatives déployées. »

VanderBeek a subi une blessure dévastatrice au genou pendant un entraînement en vue d'une épreuve de Coupe du monde à Val d'Isère, en France, en décembre 2009. Quelques mois à peine avant sa participation prévue aux Jeux olympiques tenus dans son pays à Vancouver-Whistler, CB, elle se déchirait le ligament croisé postérieur et le ligament latéral interne du genou gauche en plus de subir une fracture du plateau tibial, se faisait une luxation de la bandelette ilio-tibiale avec usure considérable de l'or et du cartilage sous sa rotule. VanderBeek qui a excellé dans son nouveau rôle de commentatrice pendant la durée des Jeux olympiques d'hiver de 2010, a passé les trois années suivantes à travailler en vue d'un retour. Elle prenait part à quatre Coupes du monde en janvier et février 2012 et passait l'été à travailler sans relâche sur et hors des pistes pour s'offrir la meilleure des chances d'un retour non seulement à la compétition, mais à sa meilleure forme physique.

« Je suis arrivée au point où ma jambe se porte bien et je suis extrêmement reconnaissante pour cela, » de dire VanderBeek. «Mais je ne cherche pas seulement un genou qui me permettra de déferler une montagne, j'ai aussi besoin d'un genou qui peut me faire descendre aussi vite que les meilleures au monde.

« Le temps n'est simplement plus de mon côté. Pour moi, avoir la chance de me retrouver à Sotchi simplement pour y participer n'est pas suffisant. Je veux viser le sommet. Je désire gagner.”

La montée au sommet de VanderBeek a débuté lorsque l'entraîneur de ski suisse Peter Bassin a approché sa mère alors qu'elle skiait avec ses deux filles à Chicopee et il lui a suggéré de les inscrire dans le programme de ski de compétition.

« J'adore me retrouver en montagne et le plus important pour moi était de tenter de maintenir le rythme avec ma sœur qui avait un an et demi de plus que moi, » de dire VanderBeek. « J'ai travaillé d'arrache-pied pour pouvoir garder le rythme. C'est là que tout a commencé.

« Chicopee offre un climat familial. C'est la petite graine qui a fait germer le rêve dans mon cas. Il y avait 200 enfants au club et j'attendais 15 minutes en ligne pour une descente de 10 secondes pour ensuite refaire la même chose. Si ça n'avait pas été de ce petit club… »

VanderBeek se souvient d'avoir vu la Canadienne Kerrin Lee-Gartner remporter la médaille d'or olympique en descente lors des Jeux olympiques d'hiver d'Albertville, en France, en 1992.

« Quand j'étais âgée de neuf ans, j'ai vu Kerrin Lee-Gartner gagner la médaille d'or et j'ai alors dit à mes parents que c'est ce que je ferai un jour. Ils m'ont répondu « Dans quel sport? Et je leur ai dit, « le ski », » de souligner VanderBeek. « Heureusement, mes parents ont bien ri, mais ils ne m'ont jamais dit que je n'y arriverai pas. En fait, ils ont tout fait pour que je puisse courser et partir à la conquête de mes rêves.

« Je coursais avec Chicopee jusqu'à mon entrée à l'équipe nationale de développement à l'âge de 17 ans. J'ai fait l'équipe provinciale, mais j'ai décidé de demeurer aux côtés de Peter Bassin. Il m'a appris le dur labeur et m'a dit que si je voulais jouer dans la cour des grands, il fallait que je sois une dure. Sa famille est comme une seconde famille pour moi. Pendant des années, Peter et moi-même avons pris d'assaut ma camionnette familiale pour aller de course en course. J'ai vraiment trimé dur. »

VanderBeek a goûté jeune à la réussite, remportant des médailles de bronze surprises aux championnats juniors mondiaux de 2002 et 2003. Mais il a fallu attendre plus longtemps pour qu'elle fasse sa marque sur le circuit de la Coupe du monde après ses débuts à Lake Louise en 2001. Elle inscrivait son premier top 10 à St-Moritz, en Suisse, en 2004 avant de passer à l'histoire en obtenant son premier podium en carrière en super G à Lake Louise en 2006. VanderBeek récoltait deux autres podiums, une deuxième place à St-Anton, en Autriche, en 2007 puis une autre à Sestriere, Italie, en 2008. Elle quitte la scène avec un palmarès de 20 positions de top 10 après 113 départs en Coupe du monde et une participation à quatre Championnats du monde de ski FIS.

« Les Juniors mondiaux, alors que je devenais une surprise sur le podium à 18 ans, ont été un fait saillant dans ma carrière. Puis c'était au tour de mes premiers Championnats du monde à St-Moritz. Cet endroit m'est cher parce que Peter vient de là-bas, » de dire VanderBeek. « Aux Jeux de Turin, je me suis classée quatrième et me tenir dans le cercle des gagnantes pendant plus de 30 minutes a été un moment précieux. J'aurais souhaité y demeurer, mais indépendamment de cela, l'expérience a été fantastique.

« Décrocher mon premier podium de Coupe du monde à Lake Louise a été formidable. Mes parents étaient présents et quels sont les chances que vos parents soient là pour votre premier podium de Coupe du monde? Je connaissais probablement 99 pourcent des bénévoles qui se trouvaient sur cette piste. La communauté du ski est vraiment une grande famille.

« Évidemment, le plus dur a été de rater Vancouver parce que avoir travaillé si dur en préparation pour me rendre là et savoir qu'une médaille était à ma portée. J'ai travaillé pour la télé et tout s'est bien passé. On dit que lorsque se ferme une porte, une fenêtre s'ouvre… »

VanderBeek s'est forgé une carrière de présentatrice télé accomplie, après avoir travaillé comme commentatrice et journaliste pour les réseaux CTV, CBC et Sportsnet. Elle espère pourvoir poursuivre son travail dans la télédiffusion, en plus de lancer sa propre entreprise de photographie :Beginnings by Kelly.

VanderBeek a inauguré le Club de compétition Kelly VanderBeek (KVR) en 2009 qui se trouve à Chicopee afin de venir en aide aux jeunes coureurs du sud-ouest de l'Ontario. Samedi, elle skiera avec les athlètes du KVR et partagera avec eux quelques-unes de ses histoires en plus de leur prodiguer quelques sages conseils.

« Le chemin a été difficile, mais j'ai été très chanceuse d'avoir eu autant d'opportunités qui se sont présentées à moi, » de dire VanderBeek. Les leçons puisées du ski sont considérables et ont eu des répercussions sur tous les aspects de ma vie. Le ski m'a enseigné à être plus forte, plus songée, humble et même parfois arrogante. Le plus important que j'en ai toutefois soutiré demeure que notre succès n'a égal qu'à l'équipe à laquelle on appartient. Pour connaître la réussite, vous devez vous entourer d'experts et de gens bienveillants. »

À une époque où plusieurs discussions et débats se forment sur le niveau de soutien corporatif offert au Canada pour les espoirs olympiques, VanderBeek admet voir évolué sous une bonne étoile grâce à un groupe de commanditaires profondément loyaux envers elle.

« Teck a joué un rôle important au cours des cinq dernières années de ma carrière, » de préciser VanderBeek. « Ils ont signé une entente avec moi avant Vancouver et m'ont vraiment aidé à me rendre où je suis. C'est une relation que je chéris vraiment. Je suis avec Volkl (la compagnie de ski) depuis l'âge de 15 ans. Quant à Comcor Environmental qui est située à Kitchener, ils m'endossent depuis que je suis âgée de 18 ans. La plupart des athlètes qui se blesse perdent leurs partenaires corporatifs. Je n'en ai perdu aucun. Pour moi, c'est un gage de caractère et de qualité des individus avec qui j'ai travaillé. Je suis très reconnaissante à tant de niveaux. »

VanderBeek conserve de précieux souvenirs de son apprentissage auprès des vétérans Mélanie Turgeon et Alison Forsyth qui étaient les Canadiennes au sommet des palmarès à l'époque où VanderBeek tentait de se faire un nom sur le circuit de la Coupe du monde. Sa transition de jeune recrue à concurrente sérieuse a conduit VanderBeek vers cette nouvelle génération de coureuses canadiennes connues sous le nom « Reines de la vitesse ».

« Emily (Brydon), Britt (Janyk) et moi-même sommes toujours de bonnes amies, » de dire VanderBeek. « Le sport est très générationnel et vous avez besoin de gens pour maintenir l'héritage vivant. Il est important de savoir que pendant votre ascension, le podium est à votre portée et que vous êtes en mesure d'affronter les meilleures au monde. »

VanderBeek a déjà passé le flambeau à une nouvelle génération après avoir passé trois années en entraînement aux côtés d'un groupe de jeunes skieuses qu'elle a vues se développer dont Erin Mielzynski, la première Canadienne à remporter un slalom de Coupe du monde depuis 1971 et Marie-Michèle Gagnon, une skieuse polyvalente riche en talent qui a revendiqué son premier podium de Coupe du monde la saison dernière.

« J'ai travaillé avec elles et je les ai vues grandir. C'est d'ailleurs l'une des choses qui m'a motivée à continuer aussi longtemps. Je voulais m'entraîner à leurs côtés et les voir exceller, » de confier VanderBeek. « Je ne quitte pas avec le chapeau d'être la seule athlète à obtenir des podiums. Ces filles sont jeunes et possèdent un brillant avenir. »

À l'âge de 24 ans, Larisa Yurkiw, d'Owen Sound, ON, est un morceau important de la prochaine génération de skieuses canadiennes de vitesse. Elle s'est aussi blessée gravement en 2009 et se trouvait aux premières loges de la bataille de VanderBeek pour revenir à la compétition après sa blessure.

« Kelly a traversé trois années très éprouvantes et je ne peux qu'imaginer ce qu'a dû endurer son cœur, » de dire Yurkiw. « Je sais toutefois une chose : que son grand cœur est au centre de sa réussite en Coupe du monde. Trois podiums et 20 positions de top 10 sans oublier le cran qu'il faut pour s'entraîner encore plus fort après avoir raté un podium olympique par trois centièmes de seconde.

« Le cœur de Kelly a été taillé en pierre précieuse et elle continuera de briller et d'avoir une influence positive peu importe l'avenue qu'elle choisira. Je lui souhaite et lui présente ma plus sincère reconnaissance pour avoir enseigner à ses coéquipières à persévérer avec assurance. »