BEAVER CREEK, Colo. - Réglons une chose tout de suite : oui, le skieur jamaïcain Michael Williams vu le film Les apprentis champions, sur ses compatriotes qui font du bobsleigh.

Et oui, on lui en parle sans arrêt, mais c'est correct. L'histoire de ceux-ci aux Jeux de Calgary en 1988, qui a inspiré le film, a même été l'une des sources de motivation de Williams dans sa quête pour devenir un skieur de compétition.

Cela a pris du temps, c'est tout. Le Canadien de 45 ans qui habite en Allemagne et qui a des racines jamaïcaines, du côté de sa mère, n'a pas fréquenté les pistes avant il y a deux ans et demi. Le voilà maintenant à ses deuxièmes Mondiaux de ski alpin, à tenter de se qualifier à Vail pour le week-end à Beaver Creek, en slalom et en slalom géant.

« Usain Bolt est peut-être l'homme le plus rapide sur terre, mais moi je suis le Jamaïcain le plus rapide sur neige », a dit Williams en riant, quand on lui a demandé s'il est aussi populaire que le recordman du 100 et du 200 m.

Son but n'est pas tant de rivaliser avec Marcel Hirscher ou Ted Ligety, mais plutôt de faire mieux que la dernière place. Il est aussi en compétition avec le skieur haïtien Jean-Pierre Roy - quiconque des deux a le pire chrono doit faire un don à la fondation de l'autre. Williams a eu le dessus lors des Mondiaux en Autriche, il y a deux ans.

Williams a eu la piqûre en 1988, en regardant non seulement les Jamaïcains au bobsleigh, mais aussi Alberto Tomba et Pirmin Zurbriggen en ski alpin. Il était conquis.

Il a aussi été tenté par le football américain. Après avoir fréquenté l'Université Western Ontario, il a joué professionnellement en Europe, comme quart et ailier espacé.

À 43 ans, quand la plupart des skieurs sont à la retraite depuis longtemps, Williams a décidé qu'il voulait se lancer en ski, mais pas juste pour le plaisir : pour représenter la Jamaïque.

Williams n'a pas eu trop de temps pour se préparer pour les Mondiaux. Il est vendeur itinérant pour une compagnie de montres suisses et il a un fils de 16 ans, ce qui lui prend beaucoup de ses heures. Les fins de semaine, il se rend en Autriche pour essayer de s'entraîner un peu.

Williams n'a jamais participé à une Coupe du monde ou fini dans le top-10 d'une compétition, mais on le remarque quand même.

« La première réaction quand je dis aux gens que je suis un skieur de la Jamaïque, c'est toujours de me parler des Apprentis champions, a dit Williams, qui a gardé contact avec l'un des bobbeurs jamaïcains, Devon Harris. Et ensuite ils me disent "t'es sérieux?'", et quand je dis oui, ils me disent toujours que c'est super et ils me souhaitent bonne chance. »