Montréal - Pendant que les spécialistes de la descente et du super-G ouvriront leur saison en Coupe du monde ce week-end, à Lake Louise, l'équipe technique canadienne ne sera pas en reste.

Rassemblée à Aspen, au Colorado, elle sautera enfin à pieds joints dans cette nouvelle saison de slalom, slalom géant et combiné.

Certains skieurs de l'équipe nationale en ont eu un avant-goût avec la Coupe du monde de Sölden, tenue en octobre, en Autriche. L'annulation des épreuves de Levi, prévues au début novembre en Finlande, a prolongé l'attente des autres.

« J'étais à Sölden, mais, pour moi, le vrai début de saison sera à Aspen, a déclaré Marie-Pier Préfontaine, de Saint-Sauveur, quelques jours avant sa participation à la Coupe du monde.

Il faut dire que les choses n'ont pas été comme elle le voulait en Autriche. Une sortie de piste en première manche du slalom géant, son épreuve de prédilection, a rapidement mis fin à ses aspirations.

Car après avoir percé le top-30 la saison dernière, la skieuse de 23 ans veut maintenant élever la barre.

« Je sais que je peux m'approcher du top-15 si je suis plus régulière en Coupe du monde. Pour y arriver, c'est l'aspect psychologique que je dois travailler. Je fais très bien à l'entraînement, mais j'ai du mal à reproduire ces performances en Coupe du monde, a admis Préfontaine. Je dois apprendre à mieux composer avec le stress des courses, à être capable de me relâcher comme je le fais à l'entraînement. Comme c'est une année sans Mondiaux ni Jeux olympiques, il y aura un peu moins de pression, alors j'y arriverai peut-être plus facilement. »

L'ascension de Marie-Michèle Gagnon

Une autre jeune très prometteuse envers qui les attentes sont élevées, c'est Marie-Michèle Gagnon. La skieuse de 22 ans de Lac-Etchemin participera à quelques super-G cette saison, mais se concentrera davantage sur le slalom, le slalom géant et le super combiné.

« J'adore la vitesse et j'aimerais devenir une skieuse complète, qui performe bien dans plusieurs disciplines », a dit Gagnon, qui a notamment pour modèles des filles comme Lindsay Vonn ou Julia Mancuso.

Une fracture ouverte à la jambe gauche a toutefois freiné son développement dans les épreuves de vitesse il y a quatre ans. « J'ai skié avec une barre de métal dans la jambe jusqu'à l'année dernière. On a jugé qu'il était moins risqué de me diriger vers les épreuves techniques pour un moment. »

Bien qu'elle ait renoué avec la vitesse la saison dernière, Gagnon a surtout réussi une percée dans les épreuves techniques. En plus de réaliser son premier top-5 en Coupe du monde à Saint-Moritz, elle a terminé parmi les 25 meilleures du circuit. Des résultats plus qu'encourageants et qui tombent à point pour l'équipe canadienne.

« L'équipe féminine est jeune et très unie. Mais avec les blessures et départs à la retraite de skieuses d'expérience, elle a besoin de nouveaux leaders », a expliqué Robert Rousselle, directeur des affaires sportives à Ski alpin Canada.

« Marie-Michèle est un leader naturel. Avec les résultats qu'elle connaît, elle a un rôle important à jouer pour tirer le reste de l'équipe. C'est une fille talentueuse, polyvalente, très sérieuse dans sa préparation. Nous pensons qu'elle poursuivra son ascension cette année et qu'elle pourrait atteindre le top-10 », a poursuivi Rousselle.

Mais Gagnon n'a pas besoin de se faire montrer la voie. Elle sait très bien où elle s'en va. « Mon objectif est de faire mon premier podium en Coupe du monde. Nous avons eu un super camp d'entraînement cet été, je me sens plus forte physiquement et mentalement. Les autres filles le sont aussi d'ailleurs. On pourrait causer de belles surprises cette année sur le circuit. »

Anna Goodman, 25 ans, de Pointe-Claire, et Ève Routhier, 23 ans, de Sherbrooke, seront aussi à surveiller cette saison dans les épreuves techniques.

Des attentes du côté des hommes

Comme la Coupe du monde d'Aspen est exclusivement féminine, les skieurs de l'équipe canadienne se feront les dents sur le circuit Nor-Am dans les prochains jours, au Colorado. Leur prochaine Coupe du monde aura lieu à Beever Creek, la semaine prochaine.

De ce groupe de skieurs expérimentés et talentueux, on attend rien de moins qu'un podium en slalom, le premier de l'histoire canadienne. Une tâche toute désignée pour Julien Cousineau, de Lachute. Spécialiste du slalom, le skieur de 30 ans a terminé cinquième aux derniers Championnats du monde.

« C'est un athlète de grand talent qui est dans le coup à toutes les courses. Nous croyons qu'il peut aller chercher ce podium », a indiqué Robert Rousselle.

Au slalom géant, l'équipe canadienne pourra compter sur Jean-Philippe Roy, de Sainte-Flavie, de retour en piste cette saison. Enfin rétabli d'une blessure au genou subie en 2009, il a effectué un retour à la compétition convaincant à Sölden. Trentième après la première manche, il a réalisé le deuxième meilleur temps à la manche suivante pour finir 22e.

« Il a fait un travail fantastique en Autriche. Et les conditions étaient loin d'être faciles puisqu'une cinquantaine de skieurs ont pris le départ avant lui. Il a montré qu'il avait faim pour cette saison », a ajouté Rousselle.

Roy est quant à lui très heureux de se retrouver enfin sur la neige. « Cet été je n'étais pas sûr de pouvoir revenir à cause de mon genou, mais aussi parce que je ne savais pas si l'équipe me reprendrait. Alors cette saison, je vais prendre ça une course à la fois. »

S'il préfère penser à court terme, l'athlète de 33 ans est au moins certain d'une chose. « J'ai encore le ski en moi et je ne vais pas lâcher. Tant que je pourrai continuer, je le ferai. »