Montréal, (SportCom) - « Je n'en reviens tout simplement pas ! » Bien plus secouée par l'absence du Canada aux Olympiques en biathlon que par sa contre-performance en Coupe du monde, la biathlonienne Martine Albert ne mâchait pas ses mots.

« Comment voulez-vous que nous nous motivions pour le reste de la saison, quand nous savons que nous (les Canadiens) n'iront pas aux Jeux contrairement aux Argentines ou aux Chiliennes, par exemple, qui réussissent beaucoup moins bien que nous en Coupe du monde. C'est bien simple, seulement d'en parler me met tout à l'envers. »

Martine Albert et les autres biathloniens canadiens en ont contre les critères de l'Association olympique canadienne, jugés trop sévères à leur endroit. L'AOC demande aux biathloniens canadiens de réaliser, à deux reprises en Coupe du monde, des temps qui ne dépassent pas de plus de 6% celui des meilleurs, chez les femmes, et de 5%, chez les hommes. La Fédération internationale de biathlon, quant à elle, est beaucoup plus permissive dans ses « critères olympiques » demandant aux athlètes des temps qui ne dépassent pas de 20% celui des meilleurs en piste. C'est ce qui explique la participation aux Olympiques de certains pays qui ne sont pourtant pas reconnus pour leur tradition dans les sports d'hiver.

« Les critères canadiens n'ont aucun sens, a renchéri Albert. Ce sont à peu près les mêmes que ceux de l'Allemagne, l'une des puissances en biathlon. La grande différence, c'est qu'on leur demande d'excellents résultats, tout en leur fournissant le support nécessaire pour les atteindre, tandis qu'ici... Je ne veux pas seulement parler pour le biathlon, il y a plein d'autres sports dans la même situation. Ce n'est pas normal, que le Canada ait un seul représentant en ski de fond chez les hommes. Nous sommes encore dans un pays nordique, non ? »

Selon la Rimouskoise de 28 ans, le biathlon canadien aurait besoin d'une sérieuse remise en question. « Nous (les athlètes) nous devons nous remettre en question parce que le système n'a pas suivi. Dans mon cas, une chance que je suis dans la réserve de l'armée canadienne, car l'armée est mon meilleur support financier. Par contre, je connais de jeunes biathloniens canadiens qui songent à déménager dans d'autres pays pour profiter d'un meilleur entraînement et d'autres qui, comme ma coéquipière Marÿke (Ciaramidaro), auraient pu, grâce à une double citoyenneté, courir pour un autre pays. Voyez-vous, dans le cas de Marÿke, elle a choisi de représenter le Canada plutôt que l'Italie et ça lui a sûrement coûté une participation aux Jeux olympiques. »

« Le problème ne se situe pas seulement au niveau du support financier aux athlètes, il y a plein d'autres aspects du développement et de l'entraînement qui sont à revoir. L'an dernier, j'ai commencé les démarches pour obtenir mes grades d'entraîneur et je me suis rendu compte qu'une foule de choses dans les manuels remis aux futurs entraîneurs canadiens étaient soit erronés ou dataient des années 50 », a-t-elle conclu sur ce sujet.

Pour ce qui est de la course de mercredi, la Québécoise a terminé au 61e rang du 15 km individuel à Antholz (Italie), sixième étape de la Coupe du monde. Elle a raté six des ses 20 cibles pour terminer à 10:09,9 minutes de la gagnante, la Norvégienne Liv Grete Poiree.