BORMIO (AFP) - Bode Miller, premier Américain à se parer du titre de champion du monde de descente de ski alpin, a peut-être construit son succès de samedi en abordant quasiment debout le quatrième et dernier entraînement, la veille à Bormio.

Troisième sur la liste de départ, en vertu de son 28e temps de vendredi et de la règle d'inversion des trente meilleurs, Miller a précédé son compatriote Daron Rahlves, dossard 21, de 44/100.

L'Autrichien Michael Walchhofer, tenant du titre nanti du numéro 27, s'est consolé avec la médaille de bronze, à 87/100 du vainqueur.

Skieur d'instinct mais aussi de tête, Miller avait deviné que sur la piste usée par les passages répétés depuis une semaine, entre super-G, descente du combiné et quatre entraînements, un dossard bas pouvait se révéler déterminant.

"J'ai bien skié sur le haut et la partie intermédiaire, mais vraiment mal la section finale avec les trois courbes. J'étais épuisé", a expliqué le désormais quadruple champion du monde - dans quatre disciplines différentes!. "Sinon, j'ai essayé de tendre les lignes au maximum. Je me suis aussi appliqué sur les virages à gauche, 40 degrés à 100 km/h, ce n'est pas facile". Et, dans ce registre, les bras ouverts servant de balancier, Miller n'a pas de rivaux.

Détail

Obnubilés par leur orgueil et la course interne à la sélection, les Autrichiens avaient délaissé le stratégique détail de l'ordre de départ. Le chef d'équipe Toni Giger soulignait, à l'issue de l'épreuve, que "la piste était devenue de plus en plus lente. Dans ces conditions, les chances de nos coureurs s'amenuisaient".

Walchhofer a pourtant atténué les propos de son responsable. Il a même admis que son dossard n'aurait pas été rédhibitoire si la semelle de son ski droit n'avait glissé sur un caillou dès le premier virage. "Chaque fois que je devais tourner à gauche, j'avais des difficultés à contrôler mon ski. Il n'y avait plus rien sous la semelle au niveau des fixations. J'étais évidemment très frustré mais j'ai continué à me battre", a remarqué le skieur d'Altenmarkt.

"Il y avait une visibilité moins bonne pour les cinq premiers dossards, mais il est certain que j'ai bénéficié de la neige fraîche. Après, avantages et désavantages, c'est une question de combinaison et de chance", a relativisé Miller, déjà médaille d'or du super-G il y a une semaine.

Complicité

Miller, qui avait ouvert son palmarès dans les disciplines de vitesse à Lake Louise (Canada), fin novembre 2004, a souligné le "phénoménal" doublé de l'équipe américaine, rejoint par Rahlves.

"Bode et moi étions confiants. On s'est beaucoup entraînés ensemble cet été. On reste le plus souvent possible en contact, on partage nos impressions. On essaie aussi des choses nouvelles", a indiqué le Californien.

Le doublé sanctionne également la victoire d'un état d'esprit propre aux deux amis qui ont choisi de vivre la saison de ski alpin dans des camping-cars. Et comme l'Amérique est le centre du monde, leur prochain rendez-vous sportif aura lieu dimanche soir avec la 39e finale du Super Bowl.

La dernière défaite des Aigles autrichiens dans l'épreuve reine du ski alpin lors d'un grand événement remontait aux Jeux de Nagano, en 1998, où le Français Jean-Luc Crétier l'avait emporté. Ce jour-là, Herman Maier avait été victime d'une chute spectaculaire qui avait fait autant pour sa gloire que les deux médailles d'or conquises ensuite, en super-G et en slalom géant.

A Bormio, sur une piste pourtant amie (trois victoires en Coupe du monde), le Salzbourgeois, dossard 31, a terminé 17e, à 1 sec 73/100 de Miller. Le crépuscule du Dieu?