LENZERHEIDE, Suisse (AP) - Des médailles d'or aux Jeux de Turin, des apparitions à la télé, de lucratifs contrats et un nouveau meuble pour mettre en évidence son globe de cristal: tout le monde a des projets pour le nouveau champion du classement général de la Coupe du monde, Bode Miller.

Sauf Miller lui-même.

L'Américain à l'attitude rebelle et truculente a menacé de ne pas prendre part aux Jeux olympiques de Turin, de mettre sur pied sa propre équipe ou même son propre circuit, ou même pire: de quitter le cirque blanc, tout simplement.

"Je pense que ça va dépendre beaucoup de ce printemps et de l'été, tout dépendant de la formation d'un circuit différent ou d'une équipe différente. Plusieurs scénarios sont possibles, a déclaré le skieur de 27 ans. Pour moi, personnellement, je ne sais pas si ça va devenir un gros tremplin. Je ne sais pas où je vais plonger d'ici, je sais juste que je veux me retrouver ailleurs."

Avant même de devenir le premier Américain à remporter le titre général depuis Phil Mahre et Tamara McKinney en 1983, Miller s'est retrouvé au sein d'une lutte entre les commanditaires, l'équipe américaine de ski et la Fédération internationale de ski, qui désiraient tous profiter de son talent et de sa popularité.

"Il y a des entraîneurs, des partisans, beaucoup de gens qui veulent que je fasse différentes choses, qui essaient de s'associer à mes succès, a dit Miller. Ca crée des conflits émotifs parce que c'est facile d'écouter ta propre voix quand tu es la seule personne à parler. Mais s'il y a des millions de personnes qui parlent, tu ne peux faire autrement que de retourner à la voix qui parle le plus fort dans ta tête."

Contrarié par plusieurs aspects du cirque blanc - les entrevues accaparantes avec les médias, le lourd calendrier de la Coupe du monde, des règles qu'on ne cesse de modifier, de maigres bourses remises aux concurrents et des conditions de travail injustes pour les jeunes skieurs - Miller envisage la création d'un autre circuit de ski alpin.

"La FIS profite de sa situation de plusieurs manières et un skieur de classe mondiale n'a pas le choix d'aller ailleurs, a dit Miller. Si n'importe laquelle des choses auxquelles je pense commencent à se concrétiser, alors c'est sûr que je tiendrai moins à revenir l'an prochain.

"Je pense qu'il faut la bonne personne et que le temps soit propice pour que ça puisse arriver. C'est probablement moi et maintenant."

Miller n'a pas de projets concrets pour l'instant, mais il dit avoir déjà discuté avec plusieurs autres skieurs et s'attendre à tenir plusieurs réunions ce printemps.

La FIS n'accorde pas tellement d'importance aux idées de Miller.

"La Coupe du monde est en constante évolution, a déclaré la secrétaire générale de la FIS Sarah Lewis. Il y a un dialogue constant.

"Bode n'est pas le premier athlète à laisser entendre qu'il veut créer son propre circuit et il ne sera pas le dernier. Mais vous savez, il n'est pas obligé de prendre part à chaque course. Ce n'est pas obligatoire. Personne ne doit absolument prendre le départ à chaque épreuve."