HAFJELL (AFP) - Les fabricants de ski profitent des finales de la Coupe du monde de ski alpin pour intensifier leurs tests en vue de répondre aux nouvelles obligations techniques de la saison 2003-2004, consistant essentiellement à rallonger les skis pour préserver la santé des athlètes.

La modification la plus radicale concerne les skis de slalom, dont la longueur passe de 150 à 155 centimètres pour les dames et de 155 à 165 cm pour les messieurs.

"Il y a une dizaine d'années, on avait des skis de slalom de près de 2 mètres parce qu'on n'avait pas les matériaux et les assemblages pour fabriquer un ski beaucoup plus court, beaucoup plus réactif mais également stable", explique François Sedan, directeur compétition chez Rossignol, la marque de l'Américain Bode Miller.

"Petit à petit, on a trouvé des palliatifs dans les matériaux, dans l'assemblage, dans la pureté des lignes de cotes de manière à faire un ski non seulement très performant dans la courbe, mais qui reste stable malgré sa petite taille", ajoute-t-il.

Mais on est arrivé à des extrêmes qui portaient préjudice à la santé et la sécurité des skieurs. "Avec un ski très court, on a très souvent des skieurs d'une taille importante obligés d'avoir davantage de flexion, souligne François Sedan. On a des traumatismes au niveau des chevilles, des genoux et de la hanche plus importants qu'avant".

La longue liste, notamment chez les dames, de skieuses opérées ou sur le point de l'être (Sonja Nef, Caroline Lalive, Hilde Gerg, Renate Goetschl, Janica Kostelic) semble prouver le bien-fondé des nouvelles obligations.

D'autre part, la qualité des skis courts et taillés à l'extrême jouait à plein uniquement sur les tracés parfaits. "Avec l'inversion des 30 dans la deuxième manche, les tracés s'abîment et les deuxièmes manches sont très creusées", remarque le responsable du fabricant français.

La paire

"On était tombé dans des skis très extrêmes qu'on ne vendra jamais dans le commerce, explique encore le directeur de Rossignol. En allongeant, on reste beaucoup plus proche du produit commercial".

En descente, les nouvelles normes risquent d'obliger les skieurs à se séparer de leurs paires préférées. François Sedan n'hésite pas de prendre l'exemple de l'Autrichien Stephan Eberharter, qui a conservé sur Atomic le globe de cristal de la Coupe du monde générale ainsi que les trophées en descente et super-G.

"Eberharter a fait toute la saison avec sa paire de skis de descente qui va très vite. Ca fait partie d'un parc qu'il connaît. Maintenant qu'on passe à un ski plus long, on est obligé de mettre les skis à la casse. C'est un énorme préjudice pour les marques".

Alors, "on essaie de trouver des trucs pour pouvoir garder les mêmes lignes de cotes ou adapter les lignes de cotes actuelles à une longueur plus grande", indique M. Sedan. "On peut rallonger les spatules, les parties qui ne touchent pas la neige pour essayer de gratter quelques centimètres, de manière à ne pas complètement dénaturer des skis qui fonctionnent actuellement".

Rossignol essayera alors "de tout faire" pour conserver la paire des ski du Suisse Bruno Kernen, avec laquelle il avait remporté la seconde descente de Wengen puis gagné la médaille de bronze aux Championnats du monde.