MONTRÉAL – Ils ont enfilé leurs skis pour la première fois sur cette montagne et ont toujours un chalet dont la fenêtre de la cuisine a une vue sur la piste Alex Bilodeau. Si c’est à cet endroit que tout a commencé pour eux, Marc-Antoine et Alex-Anne Gagnon partageront « leur » montagne, la station de ski Val Saint-Côme, avec le monde entier samedi, puisque le circuit de la Coupe du monde de ski acrobatique y fera un arrêt pour une épreuve de bosses.

« C’est là que j’ai appris à skier, à l’âge de deux ans, et que j’ai commencé à faire de la compétition. C’est toujours spécial lorsque le circuit de la Coupe du monde s’arrête à l’endroit où tout a débuté pour moi », raconte Marc-Antoine, huitième à l’étape de 2015 et septième en 2014.
Ils seront une cinquantaine du clan Gagnon à venir encourager leurs bosseurs préférés samedi. « Toute notre famille et des amis viendront. Il y a toujours plein de monde! » se réjouit Alex-Anne qui a suivi les traces de son grand frère en ski acrobatique et a fait son entrée officielle en Coupe du monde cette saison.

La plus jeune de la famille Gagnon a bien hâte de prendre part à la deuxième Coupe du monde de la saison. Cinquième en duels à Ruka, en Finlande, au mois de décembre, l’athlète de 20 ans se sent en confiance. « Je me sens vraiment bien que la glace soit brisée. Je voulais bien commencer l’année alors je m’étais mis beaucoup de pression. En théorie, c’est moi la nouvelle sur le circuit et je voulais prouver que j’y avais ma place. »

Par son inclinaison et sa longueur, la Alex Bilodeau est tout un défi pour les skieurs. « C’est l’une des plus difficiles du circuit », affirme celle qui a atteint la première finale en Coupe du monde de sa carrière sur cette piste l’année dernière. Alex-Anne Gagnon y compte également trois podiums en Coupe Nor-Am.

Les membres de l’équipe canadienne maîtrisent bien la piste, eux, depuis la mise en place d’un centre d’excellence acrobatique à Val Saint-Côme, en faisant leur lieu principal d’entraînement.

« Je la connais bien et comme je l’ai descendue plusieurs fois, c’est rendu naturel pour moi. Je sais ce que j’ai à faire. Je dois simplement reproduire ce que fais à l’entraînement. »

En raison du froid des derniers jours et du peu de précipitation de neige, la piste sera assez dure samedi selon Alex-Anne Gagnon. « Ce sont surtout les conditions qui rendent la piste difficile. C’est plus facile d’avoir peur sur la piste, car il n’y aura jamais de neige folle. C’est souvent glacé. »

Marc-Antoine est aussi d’accord pour dire que c’est l’une des pistes les plus difficiles en Coupe du monde. « Même si ce n’est pas une grosse montagne, tout ce que ça prend, c’est une piste de 250 mètres avec une inclinaison de 28-30 degrés », rappelle-t-il.

L’athlète de Terrebonne sait cependant déjà qu’il ne sera pas au sommet de sa forme, samedi. Ayant subi une dislocation de l’épaule gauche l’automne dernier, Marc-Antoine Gagnon doit skier avec une orthèse qui tient son épaule en place.

Bien qu’elle ne soit pas encore planifiée, une intervention chirurgicale sera programmée au cours des prochains mois. « La convalescence sera de cinq à six mois, alors l’objectif est de me faire opérer pas trop tard pour avoir le temps de m’entraîner beaucoup cet été. Il faut que je fasse ce compromis pour arriver le plus prêt possible en janvier 2017 pour le début du processus de sélection olympique », explique le bosseur de 24 ans.

« Ce n’est pas la situation idéale, mais au moins c’est une année un peu moins importante, puisqu’il n’y a pas de Championnats du monde et que la sélection olympique n’est pas commencée. Ça me permet de travailler sur d’autres aspects de mon ski que je ne travaillais pas avant, mais qui sont importants. Donc il n’y a pas juste du négatif, il y a aussi un petit côté positif. »

Une relation scellée sur les pentes

Blessé ou non, Marc-Antoine a toute l’admiration de sa sœur. « C’est mon modèle. Je le regarde skier et je suis impressionnée. Je me trouve chanceuse de pouvoir m’entraîner partout dans le monde avec lui. Il est très inspirant », explique celle qui a notamment pu profiter du soutien de son grand frère lors de la Coupe du monde de Ruka.

Avant la compétition, la jeune skieuse éprouvait quelques difficultés sur la piste. « Il est monté avec moi dans le télésiège et il m’a parlé un peu. Il a le don de dire juste quelques trucs et ça m’aide », raconte-t-elle.

« Il m’avait donné des conseils pour le premier saut et il s’est placé juste à côté du saut. Je ne pouvais pas le rater mon saut. Il était là, juste à côté, et il me regardait! J’ai suivi son conseil. »

Marc-Antoine Gagnon apprécie son rôle de grand frère sur les pentes. « À Ruka, je ne pouvais pas sauter tous les jours alors je pouvais la regarder et lui donner des conseils. Je sais que de temps en temps c’est le fun d’avoir quelqu’un d’autre que tes entraîneurs qui peut t’aider. Si mon expérience peut l’aider un peu, tant mieux! »

Il ne s’inquiète cependant pas trop pour sa sœur. « Ses résultats viennent entièrement d’elle. Elle s’entraîne fort et a beaucoup de talent. Je suis super content qu’elle soit parvenue à se qualifier au sein de l’équipe nationale et j’espère que nous serons tous les deux aux Jeux olympiques en 2018. »

En attendant, ils seront tous deux à Val Saint-Côme, samedi. Et si le plus vieux des deux doit lever un peu le pied pour l’instant, la plus jeune sait qu’un podium pourrait arriver plus rapidement qu’elle l’avait envisagé.

« Je suis plus proche que je pensais. Je sais que je tourne autour, et je sais qu’il ne faut pas que je lâche. Je continue à faire ce que je fais et ça paye. Ça va finir par arriver. »

Un podium devant les siens, sur « sa » montagne? « Je n’aurais aucun mot pour décrire ce sentiment. Ce serait exceptionnel. »