Méconnu du public et discret sur le circuit, le Slovène Zan Kranjec, encore 2e samedi, fait pourtant partie à 28 ans des tous meilleurs géantistes du monde, qui doivent enchaîner avec une 2e course lundi à Santa Caterina di Valfurva (Italie).

Marcel Hirscher jusqu'à l'an dernier, Alexis Pinturault et Henrik Kristoffersen depuis des années, les jeunes Marco Odermatt et Lucas Braathen aujourd'hui... Le circuit de géant masculin ne manque pas de stars. Dans leur ombre, le Slovène Zan Kranjec est pourtant membre du top-5 mondial pour la troisième saison consécutive.

« Je ne sais pas si je suis sous-estimé », se demande-t-il auprès de l'AFP d'une voix grave et posée, qui tranche avec un sourire timide.

« Mes concurrents savent de quoi je suis capable. Mais c'est vrai que lorsque mes amis parient de l'argent sur les courses, ma cote est toujours très élevée bizarrement. Des gars derrière moi au classement ont des cotes moins élevées. Peut-être que je suis sous estimé, je vais essayer de changer ça en étant le meilleur possible, en gagnant le plus possible. »

Zan (« Jean » en slovène) Kranjec, à prononcer « Jeanne Kranièts » , ne manque pourtant pas de bonnes performances: depuis décembre 2017 il compte sept podiums dont deux victoires, vingt top-10 et aucune sortie de piste en vingt-quatre départs en géant de Coupe du monde.

« Kristoffersen et Pinturault ont de nombreuses années derrière eux, beaucoup de victoires, de podiums, de médailles en championnats, c'est pourquoi on parle plus d'eux. Et peut-être à cause du pays aussi. »

« Ils connaissent mon nom, pas mon visage »

Zan Kranjec est en effet originaire de Bukovica Pri Vodicah, un petit village à 10 minutes de Ljubljana où son père dirige une entreprise de construction avec dix employés, dont sa mère à la comptabilité et son frère, destiné à reprendre le flambeau.

Le petit pays d'Europe centrale compte tout de même plusieurs virtuoses du ski alpin, comme la double championne olympique Tina Maze, vainqueure du gros globe de cristal avec un record de points en 2013, ou encore la double championne du monde en titre de descente Ilka Stuhec. Avec cet héritage, Kranjec commence à se faire un nom à domicile.

« Quand je me balade en ville tout le monde ne me reconnait pas, mais ils connaissent mon nom, pas mon visage. Quand je fais de bons résultats je vois que je suis de plus en plus connu », raconte celui qui est surnommé Kranho  par son équipe, à la brésilienne, pour ses aptitudes balle au pied.

« Je ne me sens pas célèbre, tout le monde ne me demande pas des photos, je n'ai pas à me cacher, je ne suis pas Messi ou Ronaldo ou même Hirscher en Autriche. »

Il manque au palmarès du brun au visage fin une médaille internationale: 5e des Mondiaux à Are (Suède) en 2019, il a touché du doigt la médaille olympique en 2018, terminant finalement 4e derrière le "monster trio" de la discipline Marcel Hirscher, Henrik Kristoffersen et Alexis Pinturault.

« Mon but est de gagner au moins un petit globe et des médailles aux Championnats du monde et aux JO », assume Kranjec.

Des objectifs réalisables dès cet hiver aux Mondiaux de Cortina d'Ampezzo (Italie), puis aux JO de Pékin en 2022, pour se faire enfin sa place au soleil.