VIENNE – La fébrilité habituelle avant l'ouverture de la saison de la Coupe du monde de ski alpin ne se limitera pas aux compétiteurs cette fin de semaine.

Les organisateurs, les commanditaires et les amateurs seront tout aussi nerveux pour la saison 2020-2021, qui se met en branle au milieu d'une augmentation des cas de coronavirus à travers l'Europe.

Même avant son coup d'envoi traditionnel à Sölden, en Autriche, samedi, la saison fait l'objet de nombreuses interrogations – et il ne s'agit pas seulement de savoir qui va gagner les courses.

Les étapes nord-américaines en novembre et décembre ont été annulées et partiellement remplacées par des épreuves en Europe, et les circuits hommes et femmes ont été séparés autant que possible.

Mais les 38 courses masculines et 34 féminines du calendrier actuel peuvent-elles se dérouler comme prévu?

Et qu'en est-il des championnats du monde du 8 au 21 février à Cortina d'Ampezzo? Ou de l'épreuve test olympique du 24 au 28 février à Yanqing, en Chine?

Il y a des points d'interrogation sur les restrictions de voyage, les tests et les performances des coureurs après leurs préparatifs hors saison, pour la plupart entravés.

Au moins, le lever de rideau à Sölden a une touche familière car le programme de compétitions de la traditionnelle épreuve inaugurale n'a pas changé, avec un slalom géant féminin samedi et une course masculine dimanche.

Au cours des saisons précédentes, environ 15 000 amateurs par course se rendaient sur le glacier de Rettenbach, mais cette fin de semaine, aucun spectateur, à l'exception de 200 invités, n'est autorisé sur la montagne lorsque Federica Brignone et Aleksander Aamodt Kilde amorcent la défense de leurs titres de la Coupe du monde.

L'événement a été devancé d'une semaine pour éviter les foules de touristes et protéger les équipes et les officiels de la Coupe du monde.

Le dépistage du virus se fera à l'arrivée à S?lden avant que les participants ne soient affectés à l'une des quatre « bulles » séparant les équipes et les officiels des travailleurs, des médias et des invités.

Un protocole similaire sera appliqué lors des prochaines courses à Lech/Zuers en Autriche les 13 et 14 novembre, et dans la station éloignée de Levi en Finlande la semaine suivante.

Après un début de saison plutôt tranquille, la Coupe du monde devrait se rendre dans des lieux très fréquentés des sports d'hiver comme Saint-Moritz en Suisse et Val d'Isère en France en décembre.

La Fédération suisse de ski a annoncé, vendredi, que les spectateurs seraient bannis de toutes ses courses pendant tout l'hiver.

Alors que la Fédération internationale de ski a établi des directives concernant la gestion des risques au virus, les organisateurs locaux ont également leurs propres règles.

Un coureur qui a été testé positif ne pourra pas participer à la course, mais il n'existe pas de règle générale, par exemple, selon laquelle après deux tests positifs, une équipe entière sera retirée d'une course.

« L'expert des tests et de l'hygiène est chargé d'examiner la situation et proposera d'autres mesures », précise l'une des directives de la FIS.

De plus, au moins sept des 10 nations classées parmi les 10 premières doivent être en mesure de se rendre sur un site, sinon aucun point de Coupe du monde ne peut être attribué à cette course.

Selon la FIS, une course ne sera toutefois pas automatiquement annulée si trop d'équipes ne peuvent pas atteindre un site, et la FIS, en coopération avec les organisateurs locaux et les autorités sanitaires, « sera en contact étroit et surveillera l'évolution de la situation ».

L'organisation des courses est cruciale pour la Coupe du monde et ses participants d'un point de vue compétitif, car des épreuves de qualification sont nécessaires pour l'événement phare de la saison – les Championnats du monde en Italie.

C'est également important d'un point de vue financier. La perte de revenus de billets signifie une plus grande dépendance aux revenus provenant des droits de diffusion télévisée et des commandites pour aider le sport à survivre à un hiver inhabituel.

Le retour de Shiffrin

La saison de la Coupe du monde féminine commence, samedi, en l'absence de plusieurs noms connus, notamment Mikaela Shiffrin, Viktoria Rebensburg, Tina Weirather et Anna Veith.

Mais alors que les trois dernières ont toutes pris leur retraite, Shiffrin est blessée au dos. La triple championne du classement général est demeurée à Sölden pour s'entraîner plus tôt cette semaine.

« Mes objectifs restent les mêmes, je ne sais pas quoi d'autre je pourrais viser, a mentionné Shiffrin à propos de sa saison. J'essaie toujours d'être aussi rapide que possible et ce n'est pas vraiment différent des autres années. Je veux gagner les courses, mais je dois me concentrer sur mon ski pour le faire. »

Federica Brignone, qui a détrôné Shiffrin la saison dernière pour devenir la première Italienne championne du classement général, s'est imposée à Sölden il y a cinq ans. Les autres favorites d'avant-course sont Petra Vlhova, Marta Bassino et la gagnante surprise de l'année dernière, la Néo-Zélandaise Alice Robinson, âgée de 18 ans.

Le défi de Kilde

Après la retraite de Marcel Hirscher, octuple champion, Aleksander Aamodt Kilde est sorti vainqueur de la Coupe du monde la saison dernière.

Le Norvégien a remporté le titre alors qu'il n'avait remporté qu'une seule course. Il devançait Alexis Pinturault de 54 points lorsque le reste de la saison a été annulée début mars.

« Essayer de gagner plus de courses, c'est le plus grand objectif de cette année, et j'espère que l'une d'entre elles sera aux Championnats du monde », a commenté Kilde.

Dimanche, Kilde devra probablement faire à nouveau face à la féroce compétition de Pinturault, qui a remporté la course inaugurale de la saison l'an dernier, et de son coéquipier norvégien, Henrik Kristoffersen.