QUÉBEC - Alex Harvey nous a habitués à de grandes performances au fil de sa fructueuse carrière. Samedi, il a profité de son avant-dernière course en carrière, devant les siens, pour s'offrir le podium qui, de son propre aveu, lui a procuré le plus d'émotions.

Après avoir franchi l'arrivée du 15 km classique en départ de groupe au 2e rang, rarement a-t-on vu le fondeur de Saint-Ferréol-les-Neiges aussi émotif dans l'aire d'arrivée. Il s'est laissé aller aux larmes comme s'il s'agissait d'une délivrance.

« Cette semaine, je me disais que si j'arrivais à faire un podium, ce serait difficile de retenir les larmes, a-t-il avoué aux journalistes avec des trémolos dans la voix.

« Un beau chant du cygne »

« Ça fait du bien parce que ç'a été une saison un peu difficile, c'est certain. Mentalement beaucoup. Donner un peu de plaisir à mes supporters, à mes farteurs, à mes entraîneurs, ça fait du bien. »

Il a beau compter sept victoires en carrière, dont une à Québec en 2017, au circuit de la Coupe du monde et avoir été sacré champion du monde du 50 km (2017), l'épreuve reine du ski de fond, ce podium gardera à jamais une place à part dans son coeur.

« L'exploit sportif est moins grand que ma victoire au 50 km, qui est l'épreuve la plus prestigieuse de mon sport. Mais en terme d'émotions, c'est plus gros parce que ç'a été difficile pour moi cette année. »

Il a également mentionné qu'il s'est présenté à Québec pour son dernier tour de piste dans un contexte bien différent qu'en 2017.

« J'étais à l'époque champion du monde et j'ai terminé troisième au cumulatif de la saison. Cette année, c'est un peu plus compliqué. Remonter sur le podium, je ne dirais pas que c'est inespéré parce que je crois toujours en mes chances.

« Mais j'ai dû faire beaucoup de travail mental dans ma chambre hier soir et jeudi avant le sprint pour chasser les mauvaises pensées et vraiment me 'focuser' sur la tâche à accomplir pour me donner les meilleures chances de jouer le podium. »

Témoignage de respect

Bien positionné parmi le groupe des meneurs pendant toute la course, Harvey a offert une spectaculaire poussée dans la dernière ligne droite, sous les acclamations d'une foule nombreuse sur les plaines d'Abraham.

Journée forte en émotions pour Alex Harvey

Il était tellement en jambes qu'il a même chauffé le réputé norvégien Johannes Hoesflot Klaebo. Harvey a terminé à huit dixièmes de celui qui est solidement en tête du classement de ce mini-tour après avoir aussi enlevé le sprint, la veille. Un autre Norvégien, Didrik Toenseth, s'est classé troisième.

On savait déjà que Harvey avait le respect de ses pairs sur le circuit de la Coupe du monde. Mais on en a eu une belle démonstration, samedi, lorsque Klaebo et Toenseth ont placé le Québécois de 30 ans au centre pour les photos officielles dans l'aire d'arrivée, comme si c'était lui le vainqueur.

« C'est un excellent compétiteur et c'est formidable de le voir sur le podium aujourd'hui », a précisé Klaebo, qui cherchera dimanche à confirmer sa deuxième conquête consécutive du globe de cristal du classement général.

Le Québécois a reconnu qu'il a été touché par cette marque d'estime.

Le grand perdant du jour est le Russe Alexander Bolshunov, qui a dû se contenter de la septième place après avoir animé la deuxième moitié de la course avant d'être victime d'un bris de son bâton dans le dernier tour. Il accuse maintenant 42 points de retard sur Klaebo au classement général.

Même s'il peut déjà dire mission accomplie, Harvey cherchera à conclure sa carrière avec une autre performance inspirée, dimanche. Il disputera alors la poursuite 15 km en style libre, l'épreuve qu'il avait ciblée pour s'offrir un podium ce week-end.

« Je veux refaire la même chose demain, a dit Harvey, qui partira troisième avec un retard de 52,8 secondes sur Klaebo. Je veux jouer le podium, c'est sûr. »

L'entraîneur de l'équipe canadienne, Louis Bouchard, s'attend lui aussi à une solide course de sa part.

« Il a fait ça toute sa carrière de performer au bon moment. Et c'est d'autant plus vrai ici à Québec. Il va en profiter encore demain avec le départ. Ce n'est pas fini. »

Une deuxième pour Nilsson

Plus tôt en journée, la Suédoise Stina Nilsson a poursuivi sa maîtrise des plaines d'Abraham.

Au lendemain de sa victoire au sprint, elle a tenu tête aux favorites norvégiennes pour s'imposer au 10 km classique en départ de groupe.

Nilsson a franchi la distance en 25 minutes 51,6 secondes, devançant au fil Therese Johaug de deux dixièmes de seconde et Ingvild Flugstad Oestberg de 1,5 seconde.

L'athlète de 25 ans a ainsi interrompu la séquence victorieuse de Johaug, elle qui visait à terminer l'hiver sans avoir connu autre chose que la victoire en distance.

« J'étais en grande forme aujourd'hui et mes skis étaient parfaits pour les conditions, a confié celle qui a signé une quatrième victoire à Québec depuis 2016. À la fin, je voulais être la plus proche possible et j'ai été capable de combler l'écart pour le sprint final. »

Avec ses deux victoires en autant de jours, Nilsson est en tête du classement de cette coupe du monde qui se dispute selon une formule de mini-tour.

« Je pense avoir fait une très bonne course aujourd'hui mais Stina était très forte à la fin, a pour sa part reconnu Johaug, déjà assurée du globe de cristal en distance. Je n'ai jamais réalisé un sprint comme ça auparavant, je suis donc satisfaite de ma fin de course.

« C'est un parcours assez facile avec de la glace sur certaines portions, c'était difficile de creuser un bon écart avec les autres. Je suis passée en tête avec deux tours pour faire le travail et je suis contente d'avoir réussi un bon sprint. »

Emily Nishikawa a été la meilleure Canadienne avec une 38e place, en 27:47,7.

Katherine Stewart-Jones, de Chelsea, s'est classée 52e en 29:18,8.

« J'ai vraiment eu un bon départ et je me sentais bien. Mais au deuxième tour, je suis tombée dans la grosse descente sur la glace, a mentionné la fondeuse de 23 ans. J'ai perdu beaucoup d'élan et ça m'a pris un peu de temps de retrouver mon rythme. »