La majorité des athlètes qui ont repris l’entraînement ce mois-ci attendaient ce moment avec impatience. Pas Audrey McManiman, qui était plutôt craintive à l’idée de retourner sur sa planche après avoir subi une sévère commotion cérébrale en mars dernier.

« À ma grande surprise, j’ai eu beaucoup de plaisir sur la neige », lance la spécialiste du snowboard cross, en entrevue avec Sportcom. Elle a terminé sa quarantaine il y a un peu plus d'une semaine au Québec après un séjour de trois semaines à Saas Fe, en Suisse, pour s’entraîner. « Je me demandais comment ça allait aller. Ç’a été très progressif avec beaucoup d’exercices à l’extérieur du parcours. On est allé une étape à la fois et on a eu de très belles conditions. Ç’a valu la peine ! »

Selon l’athlète de 25 ans, le parcours de Saas Fe est davantage de calibre Nor-Am. Cet aspect a facilité son retour, mais difficile de savoir si elle est au sommet de sa forme sans avoir été en mesure de tester ses capacités à des vitesses et dans des sauts dignes des Coupes du monde.
« C’était parfait pour nous réintroduire et je prévois atteindre mes objectifs au cours des prochains mois », précise-t-elle.

Les conséquences d’une chute

C’était le 7 mars dernier. Moins d’une semaine avant que l’Organisation mondiale de la santé déclare officiellement la pandémie. Audrey McManiman prenait part à la Coupe du monde de Sierra Nevada, en Espagne. Après une première journée de qualifications, la Québécoise affichait le septième meilleur résultat et ses temps à l’entraînement lui permettaient de croire à une première participation à la ronde des finales d'une Coupe du monde de snowboard cross.
C’est à ce moment qu’elle a subi une des pires chutes de sa carrière. Un saut attendait les coureuses à la fin d’un virage et McManiman est tombée vers l’arrière. Sa tête a lourdement heurté le sol, au point de fendre son casque. « J’étais juste un peu en angle et je me suis étendue de tout mon long. C’est la pire façon de tomber », raconte-t-elle.

Celle qui est originaire de Québec compte plusieurs commotions cérébrales à son actif, mais n’aime pas revenir sur cette statistique.
La planchiste a mis du temps avant de pouvoir recréer la scène dans sa mémoire. Elle ne se souvenait pas de sa culbute ni de l’endroit où ça s’était passé pendant la course. « Mon entraîneur m’a dit qu’il a été le premier à venir me voir quand je suis tombée et je ne m’en souviens pas. L’heure qui a suivi est floue aussi. »

« Ç’a vraiment fessé. J’en ai fait plusieurs des chutes, mais celle-là, j’ai vraiment été knockout. » - Audrey McManiman
À son retour au pays, Audrey McManiman a vu ses rendez-vous être annulés en raison de la COVID-19 et n’a pu consulter de thérapeutes en personne avant le mois de juin. Elle a ressenti des symptômes pendant trois mois.

En plus de mettre fin à sa saison 2019-20, cette vilaine chute a aussi privé la Québécoise de son brevet de Sports Canada et de sa place au sein de l’équipe nationale. Des coups difficiles à encaisser en pleine pandémie.

« Ç’a été crève-cœur et ce qui a suivi, ç’a été vraiment dur. J’ai su par la suite que peu importe le résultat que je faisais en Espagne, ça me prenait juste un départ de plus pour assurer ma place avec l’équipe cette année. »
« Beaucoup de scénarios »

Audrey McManiman s’est ainsi questionnée tout l’été à savoir si elle mettait fin à sa jeune carrière. Elle a finalement décidé de se rendre en Europe avant de trancher.

« J’ai répondu à une partie de la question. J’ai vu en Suisse que je n’avais pas pris de retard, alors pourquoi pas ? Ma commotion cérébrale et le confinement n’étaient pas un bon mélange pour prendre la meilleure décision. C’est une année préolympique, j’ai envie de la faire et je sais que ça vaut la peine. »
Deux Coupes du monde sont toujours à l’horaire en décembre, soit celle de Montafon en Autriche, puis celle de Cervinia, en Italie. « Il y a beaucoup d’incertitude concernant ce qui s’en vient. On a appris que la Coupe du monde en Italie pourrait être annulée et on ne sait pas combien de temps on va rester en Europe. On va peut-être devoir y rester pour Noël, ou bien fêter en quarantaine. Il existe beaucoup de scénarios, alors on prend une chose à la fois », conclut-elle.