Montréal - « Ici, c'est la vraie game », c'est l'expression utilisée par Alex Harvey pour résumer sa première participation à une épreuve de la Coupe du monde de ski de fond samedi, à Otepaa, en Estonie. Le fils du célèbre Pierre Harvey, plus jeune fondeur à prendre part à la course, a terminé au 46e rang du 15 km classique.

« J'étais plus nerveux qu'à l'habitude. Pendant le réchauffement, je regardais surtout les Norvégiens. Normalement, je vois ces gars-là à la télévision ! », a indiqué Harvey, qui a obtenu l'opportunité de participer à cette Coupe du monde en raison du report des Championnats du monde juniors.

« Je suis content de ma performance même si ça n'a pas été ma meilleure course. Je la qualifie de moyenne. Les conditions étaient lentes et j'ai dû raccourcir mes foulées en raison de l'accumulation d'eau sur la piste. C'est dommage puisque je suis un bon glisseur », a calmement précisé le jeune homme, quand même satisfait d'avoir réussi à tenir tête à ses compatriotes canadiens.

Harvey a réalisé un chrono de 43 minutes et 10,20 secondes. À peine 3 secondes le séparent de l'Albertain Drew Goldsack, 44e, et 1 seconde du Britanno-Colombien George Grey, 45e. L'Ontarien Devon Kershaw, meilleur Canadien sur le circuit de la Coupe du monde, a fini 33e, à 2 minutes et 49 secondes du gagnant, le Tchèque Lucas Bauer.

L'entraîneur de l'équipe canadienne, David Wood, a par ailleurs déclaré que ses fondeurs avaient connu une mauvaise journée, sauf Harvey en raison de son jeune âge.

« J'ai devancé des fondeurs qui évoluent sur le circuit B de la Coupe du monde. Je me suis rapproché à moins de 3 secondes de skieurs canadiens à qui j'avais concédé plus d'une minute récemment sur la même distance. Je suis très satisfait. D'autant plus que je sais que je suis toujours plus performant en fin de saison. Mon objectif est d'être au sommet de ma forme à la fin du mois lors des Championnat du monde juniors », précise le Québécois qui se sentait « à sa place » parmi l'élite mondiale du ski de fond.

Il faut d'ailleurs indiquer que 8 des 10 meilleurs fondeurs de l'épreuve étaient âgés de plus de 30 ans. « J'ai encore beaucoup de temps devant moi, a ajouté Harvey, qui participera au sprint dimanche. On ne sait pas ce qui peut se produire. Si je termine parmi les 30 premiers en qualifications, je passe à la phase finale et je pourrai vivre une expérience formidable en me frottant directement aux meilleurs. »

Et son père, Pierre, dans tout ça ? « Je pense qu'il trip autant que moi. Notre sport a tellement évolué, qu'entre nous deux, c'est lui qui pose le plus de questions ! Mon père est un homme humble qui ne montre pas beaucoup ses émotions. Je sais qu'il est content. »

C'est d'ailleurs l'équipe de Sportcom qui a appris la bonne nouvelle à Pierre Harvey alors qu'il se dirigeait vers Buckingham afin de participer au marathon canadien... de ski de fond !

« Quarante-sizième ! C'est super ! Je m'attendais davantage à ce qu'il se classe entre la 50e et la 60e place. C'est vraiment hot ! Il a très bien réagi sous la pression et il a chauffé les autres Canadiens », a-t-il déclaré à chaud, de toute évidence très fier de son fils.

« Alex a une bonne attitude. Il a compris tôt qu'on ne devient pas automatiquement champion même si on obtient de bons résultats très jeune » a dit la paternel, qui commençait à peine à pratiquer le ski de fond à 19 ans.

Pierre Harvey a cessé de participer à des compétitions internationales l'année où son fils Alex est né. Rappelons qu'il est devenu le premier Canadien à participer, la même année, aux Jeux olympiques d'hiver et d'été en 1984. Il a ensuite remporté des étapes de la Coupe du monde de ski de fond.