Une situation difficile
Ski alpin lundi, 29 juil. 2013. 22:37 dimanche, 15 déc. 2024. 10:32
Comme tout athlète qui se respecte, Erik Guay a difficilement accepté le diagnostic que lui a rendu son médecin la semaine dernière. Blessé au genou gauche, Guay ne pourra pas skier avant octobre et pourrait même être tenu à l’écart de la compétition encore plus longtemps dans le pire des scénarios.
À un peu plus de six mois des Jeux de Sotchi, la nouvelle ne pouvait pas survenir à bien pire moment. Une médaille olympique étant la seule distinction qui manque à son impressionnant palmarès, Guay avait tout mis en œuvre pour ne pas revivre les déceptions de Turin et Vancouver où il avait terminé quatrième et deux fois cinquième.
L’expérience et la maturité laissent cependant croire au skieur de Mont-Tremblant qu’il n’y a pour le moment aucune raison de s’inquiéter. Il a en effet déjà été touché au même genou il y a une dizaine d’années et s’estime mieux outillé pour relever le pénible défi de la rééducation.
« À l’époque, ç’avait pris au moins deux ans avant que je ne ressente plus de douleur. J’espère que ce ne sera pas le cas cette fois », a indiqué Guay au cours d’un entretien avec le RDS.ca. « C’est d’ailleurs pourquoi je vais suivre à la lettre les directives que le chirurgien m’a données. »
« Si je n’éprouve pas de douleur, je pense être capable de revenir rapidement. Le problème avec la douleur, c’est que ça devient compliqué parce que ça t’enlève complètement ta confiance. »
Malgré tout, Guay tente de demeurer positif et préfère penser au précieux temps qu’il pourra passer aux côtés de sa femme et de ses deux jeunes filles, avouant qu’il lui est de plus en plus difficile de quitter son domicile pendant de longues périodes durant la saison.
Reste que ce passionné de course automobile vit péniblement le fait d’être contraint au repos complet pendant trois semaines à la suite d’une arthroscopie subie la semaine dernière.
« Je n’ai pas le droit de me baigner, de faire du vélo ou encore une promenade », déplore Guay. « Je dois m’asseoir et ne rien faire pendant encore deux semaines. Avec la belle fin de semaine que nous venons de passer, ç’a vraiment été difficile. »
L’absence de Guay ne chamboulera pas que sa préparation en vue de la prochaine saison, mais également le quotidien de ses coéquipiers de l’équipe canadienne de ski alpin. Plus jeune, il se souvient avoir parfois souffert de l’absence de certains vétérans sur le circuit de la Coupe du monde.
« Ce n’est pas une situation facile, parce que tout monde veut être entouré de bons athlètes pour se comparer », explique le Québécois. « Manuel Osborne-Paradis et Jan Hudec sont mes mesures étalons pendant les compétitions. »
Une conciliation impossible
Conscient que sa carrière d’athlète tire à sa fin, Guay pense tranquillement à la suite des choses. Âgé de 31 ans, il espère vivre un dernier cycle olympique avant de se retirer après les Jeux de 2018.
Mais advenant que l’heure de la retraite sonne beaucoup plus tôt que prévu, il aimerait bien retourner sur les bancs d’école, lui qui a dû mettre ses études en veilleuse après le secondaire, une situation inévitable à ses yeux.
« Avec le ski, il faut voyager beaucoup, que ce soit en Europe ou encore en Amérique du Sud », précise Guay. « Ce n’est vraiment pas évident de compétitionner à un haut niveau et étudier. »
« En Europe, il y a de très bons programmes de sport-étude, étant donné la proximité des glaciers. Au Québec, nous n’avons évidemment pas accès à ce type d’installations. »
Avec le recul, Guay ne croit pas qu’il serait devenu champion du monde de descente ou qu’il aurait totalisé 19 podiums en Coupe du monde s’il avait continué des études en parallèle.
« Aux États-Unis, il y a quelques skieurs qui le font, mais ils ne gagnent jamais et peinent à terminer parmi les 30 meilleurs », révèle Guay. « Le ski n’est pas encore rendu là. Tu dois t’y consacrer à 100 pour cent pour gagner. »
Déjà considéré comme l’un des plus grands skieurs canadiens de tous les temps, Guay espère simplement que la chance sera de son côté après tous les sacrifices qu’il a faits.
